Pierre Raymond, avant-gardiste et ancré dans les Laurentides
Par francoiseleguen
Françoise Le Guen
Hybride à Piedmont
Initiateur et cofondateur d’Hybride, Pierre Raymond est président et directeur des opérations. La société fondée il y a 30 ans est l’une des quatre plus anciennes sociétés d’effets visuels en Amérique du Nord.
Située à Piedmont et à Montréal, Hybride, maintenant une division de Ubisoft, est une société québécoise reconnue pour sa production d’effets visuels numériques de haut niveau.
Comment est né Hybride ?
J’ai été directeur technique durant une dizaine d’années pour le studio d’enregistrement André Perry, à Morin-Heights. C’est à la suite de cette aventure qu’on a fondé notre propre boîte à Piedmont. Pendant les cinq premières années, on a travaillé pour la télé. À l’époque, il n’y avait pas de capacité technique pour le cinéma. Quand les outils ont commencé à apparaître, on a été très avant-gardiste et on s’est équipé de stations d’ordinateurs pour le numérique. Dans les premières années, on faisait surtout des documents corporatifs. Et comme on avait la première boîte de montage numérique au Québec, on s’est mis à faire beaucoup publicités.
Quel a été le grand tournant ?
Quand on a réalisé que la capacité des boîtes de publicité de proposer des commerciaux à un public cible francophone était en train de diminuer. Il y avait de plus en plus de commerciaux traduits en français pour le marché québécois. Ça nous a envoyé un signal fort qu’on ne pouvait pas s’appuyer à long terme sur ce marché. On a donc glissé vers le cinéma vers 2005 et on a abandonné graduellement la publicité. Ça a été un tournant important dans l’histoire de la société.
Quels sont les avantages d’être à Piedmont ?
On a une division à Montréal, mais le siège social et la plus grosse partie de la compagnie demeurent à Piedmont. L’avantage, c’est la qualité de vie. Nous avons des gens qui travaillent pour nous depuis 27 ans. C’est probablement une des raisons pour lesquelles ils se sont ancrés et ont fait leur vie ici. C’est une équipe très fidèle.
Parlez-nous des effets visuels…
C’est en effervescence. On parle des effets visuels avec un facteur wow un peu tape-à-l’œil, qu’on voit beaucoup, mais il y a aussi tous les effets visuels imperceptibles qu’on ne reconnaît pas dans un film. Par contre, il y a un côté un peu pervers, car les effets visuels ne sont pas faits pour compenser la qualité du scénario. Ils sont souvent utilisés dans un contexte de films divertissants. Heureusement, il existe des films comme « Arrival » où on a la rencontre des deux. Un excellent scénario qui raconte une magnifique histoire dans laquelle les effets sont disponibles pour amplifier le film et non en remplacement de quelques déficiences. Les boîtes d’effets spéciaux sont des amplificateurs de la qualité du film.
… Et de leur évolution
Quand on a commencé à faire des effets visuels, on insérait quelques objets virtuels sur une prise globale. Il y avait ce qui était entièrement tourné dans un décor réel et on intégrait des éléments virtuels. Aujourd’hui, on fait l’inverse. On fait tout l’environnement en image de synthèse et les acteurs sont les derniers à être intégrés sur un environnement complètement virtuel. C’est une évolution fulgurante sur une période de 15 ans. Il ne manque plus que la venue de l’acteur virtuel, ce qui va fatalement se produire un jour!
Coups de cœur
On aime beaucoup Saint-Sauveur, c’est un village qui offre une grande qualité de services. Toute l’équipe est membre des pentes de ski. À midi, les gens vont faire de la planche. On utilise aussi les saunas à proximité comme le Polar Bear. On essaye d’être un levier et d’amener les gens qui nous visitent dans les hôtels de la région. On fait tout ce qu’on peut pour appuyer le côté local qu’on apprécie beaucoup.