Une grande fresque qui réécrit l’histoire

Par Martine Laval

Hochelaga. Terre des âmes

En ce 375e anniversaire de Montréal et les 150 ans du Canada, l’occasion était belle de remettre l’histoire à l’endroit. Dans une production de Roger Frappier s’élevant à plus de 16 M$, l’histoire que raconte le scénariste et réalisateur du film François Girard donne une autre perspective sur l’histoire de notre pays.

Fresque historique sur 750 ans, le film joue entre présent et passé, alors que sur ce lopin de terre, nommé Hochelaga et appartenant aux Amérindiens, se jouaient des scènes qui allaient marquer l’histoire entre Anglais, Premières Nations, patriotes et coureurs des bois, jusqu’à l’arrivée de Jacques Cartier qui, au nom du roi de France, s’approprie et nomme ce lieu de découverte extraordinaire Mont- Royal… Montréal.
« François Girard a écrit un très beau poème, et en tant que grand mélomane, il a su jumeler musique et images, a déclaré en entrevue Samian, algonquin de souche. Nous sommes les racines de l’Amérique! J’espère que ce film servira d’outil pédagogique pour enseigner dans les écoles la vraie histoire de cette terre sur laquelle nous marchons, mais qui appartenait aux peuples des Premières Nations. »
« Même si la devise du Québec est Je me souviens, François Girard l’a très bien dit : ‘‘Il y a une amnésie du passé’’, et il a voulu plonger pour retracer toute l’histoire avant nous, relate le producteur Roger Frappier. On y sent la richesse du propos et la volonté de laisser à nos enfants et petits-enfants l’image que sur cette terre que nous marchons, avant que Jacques Cartier y débarque il y a 375 ans, des gens qui avaient leurs langues, leur culture, leurs coutumes et leurs façons de vivre vivaient ici et qu’on les a dépossédés. Ceci a été occulté pendant des siècles et, aujourd’hui, dans un mouvement de réconciliation, on veut pouvoir remettre l’histoire à l’endroit et l’intégrer à notre vie. »
« C’est délicat d’aborder un tel sujet au Québec, confie avec émotion Samian, et François Girard l’a fait avec respect et je souhaite qu’il y ait une partie éducative à ce film, car on ne peut pas parler de réconciliation dans un pays comme le nôtre où le régime d’apartheid et la loi sur les Indiens sont toujours actifs. Le Canada existe depuis 150 ans et la loi sur les Indiens depuis 142 ans! Le génocide culturel est toujours présent aujourd’hui! Il est important d’enseigner ça sur la place publique!
J’espère qu’un tel film aura une portée au-delà du domaine artistique, poursuit Samian avec ferveur, afin qu’une réelle discussion, une prise de conscience et une reconnaissance envers les Premiers Peuples puissent exister. Le premier ministre nous a promis un dialogue de nation à nation, et c’est seulement à ce moment qu’une réelle réconciliation sera envisageable. Mais tant que la loi sur les Indiens existera, je doute que ce soit possible. Au-delà de ça, il y a tout un pan de l’histoire qu’il est tout de même important d’enseigner dans les écoles. »
À l’affiche au Cinéma Pine à Sainte-Adèle

1 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés