Une imposante exposition revisite

Par nathalie-deraspe

Un parcours singulier dans l’art moderne québécois

Le Centre d’exposition de Val-David accueillera sous peu quatre décennies d’œuvres marquantes du peintre et muraliste Guy Montpetit. Dans une longue entrevue exclusive accordée à Accès, l’artiste a livré l’essentiel de sa démarche.

Pourquoi cette rétrospective?

J’ai voulu créer un ensemble, pour permettre aux pédagogues de notre région d’initier une discipline de travail. Expliquer comment on en arrive à un discours original, une pensée qui n’est pas un ramassis de clichés ou de formules récupérées par tout le monde. Si l’image reste, c’est parce qu’elle s’adresse à la totalité de l’imaginaire. Il faut mettre de la chair entre les mots, établir cette circulation de la vie. Aujourd’hui, le corps social vit une énorme souffrance. Il est écartelé.

Cette exposition est-elle un testament d’artiste?

C’est un témoignage par rapport au temps, une forme d’idéal. Une page d’histoire du sensible. Ma voie n’est pas LA voie, mais il y a des méthodes à suivre pour trouver son centre, pour ne pas se retrouver dans une situation excentrique (hors de son centre). Et on va donner des outils de réflexion. Ce n’est pas la photo qui nous intéresse, c’est la substance. C’est la vibration poétique qui fait la différence entre le regardant et celui qui expose.

Pour vous il y a un discours dans l’art…

L’abstraction, ce n’est pas un langage intellectuel, c’est un langage du senti. La fusion entre l’esprit et l’âme. La créativité nous permet de nous repositionner par rapport à notre sensibilité propre, c’est un travail de longue haleine. Il y a autant de signatures que d’êtres humains.

Selon vous, la culture est en péril?

Avant, il y avait beaucoup de soutien pour les artistes. Aujourd’hui, c’est la destruction des assises. La mémoire collective s’incarne dans l’exercice de la recherche d’une expression originale. L’art nous ramène à soi, à une pensée propre. Vis-à-vis d’un monde de plus en plus manipulé par les médias, c’est d’une extrême importance que de miser sur la recherche fondamentale, tant en sciences, qu’en musique, qu’en arts, si on ne veut pas être commandités par des besoins purement commerciaux, et répondre à la commandite du cœur. Le Québec a besoin de ses artistes. Ce n’est pas les pages sportives qui vont remplir ce rôle-là, même si c’est très fort comme exutoire. Il faut se donner une société plus juste, en croissance, pas en implosion. C’est avant tout l’indépendance culturelle qui doit être assumée.

Le fait d’avoir enseigné aux enfants sourds vous a apporté beaucoup.

Les enfants sourds, ça été mon laboratoire de l’apprentissage de l’humain. C’est comme si on pouvait voir un oiseau-mouche battre lentement des ailes. C’était développer des antennes pour aller chercher la nourriture dont j’avais besoin. C’est une quête contre l’aliénation de l’être. Chacun la recherche, mais l’artiste va en témoigner. La thérapie par l’art est un outil fondamental. Mais les adultes ont d’énormes stéréotypes à surmonter. C’est pourquoi il faut défendre le propos de la créativité.

Pourquoi faire cette exposition à Val-David?

Nous avons travaillé avec la même rigueur qu’au Centre culturel à Paris. Mais Val-David m’a nourri, m’a soutenu. Comme la nature.

Le vernissage de l’exposition se fera le 1er novembre.

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