Ces choix qui dictent nos vies

Par Frédérique David

Cet été, nombreux sont ceux qui ont choisi de voyager. Ces choix ont d’ailleurs suscité quelques critiques, notamment face aux difficultés pour certains d’obtenir un passeport à temps. On les a parfois considérés comme des choix de privilégiés engendrant, par conséquent, des problèmes ne méritant pas toute cette attention. D’autres fois, ces choix ont été comparés à ceux qui voyageaient pour aller au chevet d’un parent malade ou aux funérailles d’un proche. Il y avait alors des choix « justifiables », plus « acceptables ». Il y avait alors une hiérarchie des choix en fonction de critères établis au gré des valeurs et convictions de chacun.

Au chapitre de cette catégorisation des choix, on retrouve aussi des choix « responsables », « durables », « écoresponsables », « économiques », qui, là encore, nous logent dans des cases allant de « déplorable » à « louable »avec toutes les nuances dictées par la perception de chacun.

Cette catégorisation n’est même pas figée dans le temps. On réalise qu’elle change au rythme de l’évolution des connaissances. Ainsi, celui qui se déplaçait en véhicule électrique il y a dix ans a dégringolé de plusieurs rangs sur l’échelle des choix exemplaires dès lors qu’on a révélé l’impact environnemental des batteries lithiumion. À tel point que certains se sont même fait traiter de pollueurs en rechargeant leur auto à une borne publique! Que voulez-vous, le choix des mots n’est pas toujours respectueux et nuancé. Les commentaires sur les réseaux sociaux nous le prouvent chaque jour. Et les connaissances évoluent tellement vite, qu’on finit par s’y perdre et par ne plus savoir s’il faut laver sa vaisselle à la main ou dans un lave-vaisselle, prendre une douche ou un bain, imprimer au jet d’encre ou au laser. Bref, nos choix mènent parfois au doute, à la culpabilité ou à l’anxiété, au point où on préfèrerait ne plus avoir à faire des choix.

Quand on se met à y penser, on réalise à quel point notre existence est faite d’une succession de choix, plus ou moins importants, plus ou moins grands, plus ou moins définitifs. Notre vie est une somme de choix, heureux, malheureux, louables, regrettables, réfléchis, spontanés, contrôlés, et la liste des qualificatifs s’allonge. Je vous laisse décider du qualificatif attribuable au choix du ministre de l’Environnement Steven Guilbeault d’annoncer un tour du Canada en train alors que les trains sont inexistants dans certaines régions, très rares dans d’autres, peu rapides et très coûteux, si bien qu’il a dû revenir sur sa décision quelques jours avant son départ. Était-ce un choix irréfléchi, inconscient, déconnecté? Nul doute en tout cas que le choix a déraillé!

Il y a des choix irréversibles, comme mettre au monde un enfant, qui viennent avec des responsabilités dont on ne peut plus se défaire. Parce qu’il n’y a pas de période d’essai ni de service après-conception pour revenir sur sa décision. Il n’y a même pas de garantie de satisfaction! Et même les non-choix sont parfois des choix. « Ne pas choisir c’est encore choisir », disait Sartre.

Et selon notre rôle dans la société, nos choix ont des conséquences plus ou moins graves, plus ou moins importantes. Ainsi, l’ex-président des États-Unis Barack Obama demandait régulièrement l’avis d’un employé avant de prendre une décision, tandis que son successeur Donald Trump préférait ignorer les avis autour de lui et faire des choix impulsifs et personnels dont on connait les conséquences. Car les choix donnent un sentiment de contrôle qui peut s’avérer dangereux.

L’émission de radio « Réfléchir à voix haute » du 5 juin dernier, sur les ondes de Radio-Canada, s’intéressait aux choix. On y indiquait que, selon la neuroscience, nos prises de décisions sont, en réalité, davantage guidées par des erreurs d’évaluation de notre cerveau que par notre curiosité. Et selon le philosophe américain John Perry, les éléments qui déterminent nos prises de décisions sont notre désir, notre savoir-faire et nos croyances. Bref, les neurosciences et la philosophie nous font réaliser que les choix sont le résultat d’un combat interne complexe et que leurs conséquences peuvent influencer le cours de nos vies.

En cette période estivale, je vous souhaite la légèreté et le plaisir face à des choix aussi futiles que la saveur de votre crème glacée! Vanille ou chocolat?

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