À bas Barbie?

Par Éric-Olivier Dallard

Par Éric-Olivier Dallard, rédacteur en chef

Avant que l’on ne commence à échafauder des théories sur ma personnalité, mon machisme probable, etc…

Avant que l’on ne m’allonge sur le divan de la psychanalyse de salon, en concluant que je n’ai peut-être pas été sevré assez tôt…

Bref: avant que le ciel ne me tombe sur la tête, donc, je tiens à rappeler que j’ai commis plus d’une chronique s’offusquant des étiquettes accolées aux femmes, et nuisant à leurs combats pour une égalité véritable, dont le texte J’ai peur de Britney Spears, dont vous vous rappelez peut-être, puisque vous y aviez réagi bruyamment. Je tiens également à rappeler que j’ai été invité à croiser le fer avec Anne-Marie Losique – qui, incidemment, présente ces jours-ci sa nouvelle émission: Pole Position, qui recherche… le meilleur bar de danseuses du Québec! – sur le plateau de l’émission Droit de parole, animée par Anne-Marie Dussaut sur les ondes de Télé-Québec, une émission dans laquelle j’ai vivement dénoncé l’obsession des médias pour le sexe, et particulièrement la représentation érotisée et banalisée que l’on y fait des femmes…

Les femmes redéchirent leurs soutien-gorge sur la place publique ces jours-ci, à l’occasion du 50e anniversaire de naissance de la poupée Barbie, cette égérie d’une certaine féminité, honnie des féministes de tout acabit. Il faut dire que cet anniversaire tombe comme un cheveu sur la soupe, trois jours après la Journée de la Femme du 8 mars…

Voilà bien un débat que je n’ai jamais compris – et pourtant ce n’est pas faute de me l’être fait expliqué depuis des années, et réexpliqué abondamment ces jours-ci encore!

Pour moi, et très franchement, vous avez là, en cette jolie poupée quinquagénaire:
• Un symbole d’une féminité pleinement affirmée, dont témoigne notamment le port fier de cette poitrine tellement décriée comme symbole d’oppression… alors qu’il s’agit exactement du contraire – parlez-en aux musulmanes drapées ou encore lisez Ma vie à contre-Coran. Une femme témoigne sur les islamistes de Djemila Benhabib, qui sortira le 17 mars prochain;
• Un symbole de santé rayonnante… D’un côté l’on s’offusque de la prolifération des restos fast-food près de nos écoles, que l’on dénonce l’obésité galopante et que l’on applaudit aux initiatives de la Coalition québécoise sur la problématique… alors que de l’autre côté l’on s’en prend à la ligne parfaite de Barbie… allez donc y comprendre quelque chose;
• Un symbole d’indépendance financière: elle a la prospérité rose et la réussite du propriétaire, la Barbie, elle qui cumule les objets de luxe depuis même les années ‘70;
• Un symbole d’assurance et d’indépendance affective: z’avez pas remarqué que Ken, son «compagnon», est systématiquement relayé au rang de «simple accessoire» de Madame, au même titre que son VR ou sa corvette roses?! Sérieusement, peut-on faire plus féminisme primaire que ça?!

Call me Poupée

Il y a des symboles d’oppression (la «faucille et le marteau» du communisme et ses goulags; la «croix gammée» du nazisme et ses camps de concentration)… mais comment un symbole peut-il devenir oppressant? Je vais vous le dire: il ne peut le devenir que si l’on choisit de lui donner ce rôle. Voilà. Et c’est ce que choisissent de faire, sans que je ne comprenne pourquoi, une multitude de femmes depuis des décennies. Elles auraient pu y voir une certaine représentation d’un idéal, d’un rêve (on veut tous rêver: savez-vous que l’éditrice d’un magazine féminin que les femmes achètent m’a confié que si elle met en page couverture «la diversité des corps» plutôt les «femmes stéréotypées» que dénoncent les bien-pensantes… et bien les ventes de ce mois-là baissent de plus de 20%…); elles auraient pu n’y voir qu’un jouet comme un autre (ce que les hommes ont choisi de faire avec les figurines GI Joe’s, par exemple); non, elles ont choisi plutôt de considérer la chose comme un symbole d’oppression.

L’hystérie autour de Barbie relève de la paranoïa. S’il vous faut choisir un vrai combat, Mesdames, choisissez la pornographie: voilà une guerre qui vaut la peine d’être menée, une guerre contre un fléau insidieux (insidieux parce qu’il est de bon ton de s’en dire amateur occasionnel; parce cette «culture porno» se répand partout, dans la musique, la mode, la rue) qui lui, 1000 fois plus que Barbie, pose la femme en objet, en poupée désarticulée aux mains des hommes.

Barbie, elle au moins, a du panache!

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