C’est le temps des vacances

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Chronique d’un X

Jean-Claude Tremblay

Pierre Lalonde, 1963. Le classique d’une génération… et de bien d’autres. Je parie que vous êtes déjà en train de chanter la chanson dans votre tête, n’est-ce pas ? J’avoue, c’était avant mon époque. J’avoue encore, ce n’était pas mon premier choix pour le titre pour ma chronique. On commence à se connaître, alors je me permets de vous partager mon titre original : « L’été, c’est fait pour jouer ». Ai-je vraiment besoin d’aller plus loin dans mes justificatifs, à savoir pourquoi ce classique de Passe-Partout n’a pas réussi à faire le haut de la page?! Bon, si vous insistez, je vous raconte.
Pour ceux qui ne sauraient pas, ou pour ceux qui auraient oublié, dans cette comptine phare de Cannelle, Pruneau et Rigodon, il est question du beau temps qu’il fait en été. Ils s’époumonent à nous parler de chaleur, ils disent que l’été est beau et qu’il a des ailes, ils nous invitent à danser et à « rire comme des soleils »! Bon, un peu de lucidité, contrairement aux oiseaux, notre saison n’a jamais vraiment émigré, cette chansonnette n’est alors tout simplement pas appropriée, vous en conviendrez. Les personnages de la célèbre émission de mon enfance ne semblaient visiblement pas influencés par la « météomanie » lorsqu’ils ont chanté cette chanson. Depuis quand nous formalisons-nous de la météo, à un point tel que cela affecte notre moral et monopolise nos conversations?

Sous les normales de saison

Nos parents et grands-parents, et toutes les générations d’avant, n’ont jamais entendu parler de normales saisonnières. Je ne doute pas du bien-fondé de la science météorologique ni de ses avantages, mais il n’en reste pas moins qu’à force d’écrémer le passé et de prédire le futur, le présent, lui, n’est plus capable de vivre seul. Pourtant, le présent, c’est tout ce que nous avons. L’auteur internationalement reconnu Eckhart Tolle dit du présent qu’il est pouvoir, j’ajouterais qu’il est pur, sans artifices et, ultimement, le seul outil réellement efficace pour composer avec le monde d’aujourd’hui.
Ce que ce phénomène a créé, celui de la météo-minute, que l’on nourrit en consultant nos multiples écrans de façon compulsive, c’est une psychose abrutissante. NB : « Que celui qui n’a jamais péché lance la première pierre »… d’accord, je remets mes cailloux dans mes poches. Ce que le concept de « sous les normales » implique pour le cerveau, principalement dans le subconscient, c’est que ce n’est pas légitime et que, par conséquent, ça ne devrait pas arriver. Si ce n’est pas normal, alors je ne suis pas normal, et si je ne suis pas normal… je dois être mécontent et ultimement… souffrir.
La température est ce qu’elle est, point. Le fait de savoir que je suis au-dessus ou en dessous d’une moyenne n’a aucune espèce d’importance. Cette quête maladive de la comparaison est malsaine, elle dicte quels vêtements on devrait porter, elle empêche nos enfants d’aller jouer dehors, elle dérègle l’économie en repoussant les villégiateurs qui autrement encourageraient nos commerçants. En clair, se faire marteler le crâne 24/7 n’empêchera pas la fonte des glaciers, et ne nous redonnera certainement pas du soleil cet été.

Été 2017 : un sujet non confrontant

C’est assez connu, le Québécois n’aime pas la chicane. Qui plus est, il cherche généralement le consensus et la neutralité. Il cherche la majorité, il cherche à communiquer et surtout à être aimé. Entre Trump, Sears, la constitution et la représentante de Sa Majesté, la météo est devenue la Suisse des sujets abordés. À quand les représentations de Météomédia aux Nations Unies?! Tout comme la Suisse, dont sa neutralité perpétuelle comme pays a été conclue en 1815, les aléas de la température représentent une zone sécuritaire, une présence rassurante, telle une garde pontificale veillant au grain de notre peur du vide.

La solution : vivre dangereusement

Les avocats du journal vont tenter d’arrêter l’énoncé qui suit, mais je fais officiellement un appel à la désobéissance civile! Oui oui, tout à fait. Par la présente, je vous incite à désobéir et vivre dangereusement en appliquant ces trois moyens de contestation dès maintenant :

  • ouvrez votre fenêtre pour savoir quel temps il fait;
  • osez aller marcher dehors lorsqu’il pleut;
  • décidez d’aller vous balader et visiter nos commerçants et artisans, même si les probabilités d’averses sont de 80,11 %.

Le dicton suivant est l’un de mes préférés : Si la vie t’envoie des citrons, fabrique de la limonade. Cet été, mes amis, c’est permis d’y ajouter une petite touche de miel pour couper l’amertume! 😉
Bonnes vacances!
 
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