Fuck le français

Par Journal Accès

La chronique à Mimi

Un tas de gens se targuent, avec raison, d’être parfaitement bilingues! Si on pousse la logique un peu plus loin, comment pouvons-nous nous en vanter puisque très peu de personnes sont parfaitement unilingues. On magane facilement et le français et l’anglais. Mieux, on chevauche les deux, ça devient du « franglais ». Come on, ne me dites pas que j’erre dans le désert en vous en parlant. C’est même devenu in (prononcer en anglais) de parler ainsi. De là à savoir si ça peut sauver une vie. À ce sujet, quelqu’un demandait à un autre s’il savait nager. Non, dit-il, mais je sais crier « Au secours! » en neuf langues! Voici quelques mots adoptés de la langue anglaise : t-shirt, deadline, burn out, all dressed, checker, les boys, facebook, la puck, birdie. Une liste infinie. Je vous mets au défi : dans un bar laitier, demandez une banane chantilly. La serveuse vous fixera avec un point d’interrogation entre les deux sourcils, mais reprenez-vous et dites-lui un banana split s’il vous plaît, vous l’aurez sur-le-champ.
Le mot fuck gagne la palme. Connaissez-vous son origine? Je vous la conte. Sous le règne d’Henri VIII, suite à des guerres ou à une épidémie ou what ever, l’Histoire ne le dit pas, la population anglaise avait dramatiquement chuté presque de moitié. Le roi était inquiet pour son pays. Il s’aperçut qu’il y avait plein de bagnards et de prostituées qui remplissaient les prisons. Il les fit se rencontrer, ce qui devint : Fornication Under Control of the King. Allez savoir s’ils disent vrai!
Je poursuis ma liste : week-end, cool, lobby, gloss, show, job, pull over, flashlight, one man show, scoop, brunch (alliage de breakfast et lunch), un flat, best seller. Commencez-vous à comprendre? Vous m’en voyez ravie, yes sir! Cette nomenclature ne s’arrête pas là, les noms de commerces ne donnent pas leur place : Canadian Tire, Bumper to bumper (ici même à Saint-Sauveur), New Look, Dairy Queen, Second Cup, Best Buy. J’arrête, ça me donne le tournis.
J’emprunte ici les paroles de Pierre Bourgault qui disait que : « Dire aux Québécois que leur culture sera plus forte une fois qu’ils parleront tous l’anglais, c’est faire croire à un lapin qu’il sera l’égal du lion une fois qu’il se sera enfermé dans la même cage que lui ». Attention! Loin de moi l’idée de vous dissuader de parler d’autres langues, même que je vous encourage à le faire. Je dis seulement qu’à force de mettre de l’eau dans notre vin pour ce qui est de notre langue, ça va finir par goûter que du H2O, c’est mathématique. La force d’un peuple dépend de ses principes, de sa volonté à défendre sa langue, de sa fierté à bien la parler. Ce n’est pas d’hier que les Canadiens ont emprunté des mots à l’anglais. Un seul exemple : aller aux bécosses, mot muté dont l’origine était back house pour signifier les toilettes extérieures de nos premiers colons. Anyway
Il nous faudrait d’abord un dirigeant pro-Québécois qui incarnerait ce genre de valeurs citées, mais notre premier ministre est davantage occupé à défendre les droits de tout ce qui n’est pas québécois. Justin Trudeau, quant à lui, continue de flatter sa feuille d’érable et son ego triplé.
Dernièrement, à un journaliste allemand, il a affirmé que le sang français et latin qui coule dans les veines des Canadiens fait d’eux un peuple moins organisé que d’autres. Je lui répondrai comme je le pense : « Ouate de phoque, mister Trudeau? ». Le Canada se vante d’être bilingue. My eye! L’anglais domine partout : la preuve, ce pays a célébré ses 150 ans et pour souligner l’événement, Universal Music a choisi cent chansons souvenirs. Combien en français? Zéro pis une barre. Oups… Et aux Jeux de la francophonie canadienne, le slogan était Right Fiers!
Vous voyez? Comme a dit Michel Lauzière en définissant le français : « C’est la langue qui adopte tellement de mots anglais que les anglophones commencent à la parler sans le savoir ». Ah ben, call in the bine…

3 commentaires

  1. Le français était là en premier et des tas de mots anglais sont apparus suite à son influence depuis des siècles. Bacon, beef et mustard sont dérivés du français comme chic,fiancé et rendez-vous. .. et tant d’autres. Depuis la nuit des temps, les langues sont mutantes. Tout est question de se comprendre….. et ça c’est pas encore acquis peu importe la langue.

  2. Les mots anglais ont le mérite d’être identifiable comme tels, du moins pour le moment… Ce qui m’inquiète, ce sont les faux-amis : centre d’achats, salle à dîner, cancellation (dans le sens d’annulation), appointement (dans le sens de rendez-vous), etc. Il s’agit bien de mots français, mais leur emploi s’emprunte de l’anglais… Les faux-amis sont l’ennemi insidieux de toute langue. Faisons de la promotion de cette belle langue, et les billets comme la vôtre nous rappelle encore une fois comment il est impératif de nous écouter et de nous relire plus souvent. Je me suis relu et je n’ai même pas fait un (sic) erreur!

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés