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Logements insalubres à Saint-Jérôme : la Ville interpellée

Par Thomas Gallenne

Le dossier de l’insalubrité de certains logements jérômiens ne date pas d’hier. Malgré qu’il s’agisse d’un problème de santé publique récurrent, l’administration Gascon ne possède toujours pas les outils pour agir en conséquence.

« Avez-vous l’intention de doter la Ville d’un règlement sur la salubrité et la sécurité des logements?» a demandé Myriam Raymond, coordonnatrice du Carrefour d’actions populaires (CAP), au maire de Saint-Jérôme, lors de l’assemblée municipale de la semaine dernière. Prenant acte de la question, Marc Gascon a indiqué que son administration allait étudier le dossier que celle-ci s’apprêtait à déposer au greffier de la Ville. On y présentait le cas de Rimouski. Une version adaptée à Saint-Jérôme pourrait éventuellement être mise de l’avant, a signalé le maire.

 

Peu avant le début de la séance, la coordonnatrice et responsable de la défense des droits des locataires, a souligné que Saint-Jérôme était la ville-hôte pour le relais du Code du logement provincial type. Lancée en novembre dernier par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), l’initiative a pour objectif de sensibiliser les gouvernements (provincial et locaux) sur l’importance d’une réglementation unique en matière de salubrité et de sécurité des logements. « Après Laval en décembre, c’est Saint-Jérôme qui a récupéré le Code et qui va le transmettre ensuite à Gatineau. On essaie à chaque étape de convaincre nos élus », a précisé Mme Raymond. 

 

Celle-ci a rappelé au passage que la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et la Loi sur les compétences municipales accordent aux municipalités le pouvoir d’établir des normes et de prescrire des mesures relatives à l’occupation et l’entretien des bâtiments, et plus généralement, d’adopter des règlements en matière de salubrité. 

 

La Ville fait la sourde oreille

La coordonnatrice du CAP souligne que son organisme a interpellé l’administration en place à la veille des élections municipales de 2009, sans toutefois obtenir de réponse de la part des élus. Depuis, le CAP a continué de recevoir des cas de locataires aux prises avec des logements insalubres. À Saint-Jérôme, 40% des demandes d’aide au logement enregistrées au Carrefour d’actions populaires font état de moisissures, d’inconfort dû à un taux d’humidité trop élevé et d’une aération inadéquate. Actuellement, les locataires aux prises avec des problèmes d’insalubrité doivent débourser entre 700 et 1300$ pour les services d’un inspecteur. « On a sollicité une entrevue avec le maire en décembre, mais on n’a eu aucun retour», a confié Myriam Raymond.

 

À la Régie du Logement, 12 dossiers ont été ouverts pour cause d’insalubrité dans la région de Saint-Jérôme en 2009-2010, sur un total de 3817 causes entendues, toutes questions confondues, a affirmé le porte-parole de l’organisme Jean-Pierre Le Blanc. «En 2007-2008, on en dénombrait 6 et l’année suivante, 18.» En général, le délai moyen pour une première audience est de 18,6 mois. «Pour les causes urgentes, si la santé est en jeu, le délai est plus court, de l’ordre de 6 semaines» précise-t-il.

 

Pour sa part, l’Association des propriétaires du Québec (APQ) considère qu’un Code du logement serait un fardeau supplémentaire pour les contribuables. La mise en place d’un système parallèle ne règlerait rien aux problèmes actuels. « Les locataires se plaignent avec raison des délais devant la Régie du logement, estime le président de l’APQ, Martin Messier. La Régie doit avoir plus de ressources pour réduire ces délais. » Au lendemain du dépôt de la demande, l’organisme invitait le maire de Saint-Jérôme à joindre sa voix à celles des propriétaires de l’APQ et à celles des locataires pour que la Régie puisse obtenir les ressources financières requises.

 

Du côté de l’Office municipal d’habitation (OMH), la directrice Diane Comeau ne rapporte aucune plainte de la part des locataires sur des questions d’insalubrité. Cet organisme indépendant gère un parc de 630 logements sociaux âgés entre 17 et 40 ans selon ses propres règlements. 

 

Chose certaine, Myriam Raymond n’entend pas baisser les bras et compte revenir à la charge auprès de la Ville si la demande du CAP demeure lettre morte.

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