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Déboisement résidentiel jugé abusif par un citoyen de Morin-Heights

Véronique Piché – Un résident de Morin-Heights soutient que son nouveau voisin a détruit le paysage avec un déboisement sauvage. L’homme souhaite que «les choses bougent».

«Ça me donne mal au cœur», déclare Daniel Cloutier. Entre sa propriété et celle de son nouveau voisin: aucun écran de verdure. Cet été, alors qu’il rentre chez lui après sa journée de travail, il découvre la coupe réalisée sur le lot voisin. Il s’empresse de téléphoner à la Municipalité, ensuite aux promoteurs du projet résidentiel. Après plusieurs échanges et démarches, l’homme se décrit comme «un citoyen amer».

Perte de valeur

La propriété de M. Cloutier est à vendre. Des gens ont visité la maison, «qu’ils ont a-do-rée», souligne sa courtière immobilière, Richère Déziel. Mais lorsqu’ils ont découvert la cour arrière, l’intérêt a disparu. Cette situation impacte la valeur de la propriété, dit-elle. Car les acheteurs potentiels ne s’attendent pas à ce genre de déception à cet endroit.

Le Boisé des Sommets est un projet résidentiel privé de Morin-Heights. Les terrains y sont vendus en tant que «havre exclusif où il fait bon vivre en paix et en pleine nature», peut-on lire sur le site Internet des promoteurs. En ce sens, le domaine possède une réglementation qui sert à «protéger l’investissement» des acheteurs. Entre autres, trois mètres de boisé doivent être conservés en marge latérale de chacun des lots. Une sorte de clôture naturelle.

Inspection

Éric L’Heureux, directeur de l’urbanisme à Morin-Heights, explique que la Municipalité a collaboré dans ce dossier. Après une inspection, «nous avons déterminé que 54% du lot était déboisé, alors que les normes acceptent un maximum de 40%». Pour M. Cloutier, le hic est que le reboisement exigé par la Ville n’implique pas un calibre d’arbre en particulier. Et le voisin a planté des tiges qui prendront des années avant de recréer l’intimité perdue.

Étant donné sa nouvelle vue sur ce qu’il nomme «la coupe à blanc», Daniel Cloutier démonte sa piscine hors terre. De plus en plus frustré, il engage un avocat pratiquant en litige immobilier. «Je veux que les choses bougent», dit-il. À ce jour, des mises en demeure ont été envoyées au voisin ainsi qu’aux propriétaires du domaine privé.

Pierre Filion, un des promoteurs du Boisé des Sommets, est quant à lui en attente d’un avis légal de son avocat. «Nous sommes aussi désappointés que M. Cloutier, dit-il. De la trentaine de maisons construites, c’est la première fois qu’on vit ça.» À Morin-Heights, la norme minimale de superficie pour un lot sans service est d’un acre. C’est la grandeur de celui de M.Cloutier. Toucher à cette norme aurait des conséquences tant pour les promoteurs que pour les acheteurs, soutient Éric L’Heureux, du service d’urbanisme. Les terrains vaudraient plus cher. Mais avec maison, champ d’épuration, entrée, garage, spa et piscine, il est vrai que les voisins se trouvent vite au «coude à coude».

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