(Photo : Courtoisie)
Martin Labine, Mario Henrie et Pascal Mondion pourraient chasser hors-province, si les négociations n'aboutissent pas ici.

Des chasseurs contraints d’effectuer un détour de cinq heures

Par Luc Robert

Des chasseurs à l’arbalète locaux songent à déplacer leurs pénates vers l’Ouest-canadien, à l’automne 2021, après avoir été confrontés à des barrages anti-chasseurs vers l’Abitibi.

Des vieux amis se sentent de moins en moins en sécurité lorsqu’ils empruntent la route 117, près du secteur du parc de la Vérendrye. « Ça fait deux ans que ça jase pas mal aux barrages édifiés par les premières nations, à Grand-Remous. Je comprends leurs craintes dans la gestion de la ressource des orignaux. Mais pour nous, chasseurs, si aller une ou deux semaines par année nous reposer entre copains à la chasse est devenu un enjeux de sécurité personnelle, on mettra simplement le cap vers le Manitoba ou la Saskatchewan, qui essaient d’attirer les Québécois avec des bons forfaits de chasse », a fait valoir Mario Henrie, de Val-Morin, amateur de chevreuils et d’orignaux.

Marc Labelle, Pascal Mondion, Mario Henrie et Martin Labine adorent la chasse à l’arbalète à flèche. Photo : Courtoisie

Les compères laurentiens ont voulu éviter les tracas et ont préféré rallonger leur périple à camionnette de cinq heures, plutôt qu’être confrontés aux barrages routiers. « On est monté vers notre secteur en passant par Fort-Coulonge, pour éviter les confrontations. On a dû emprunter des chemins forestiers, franchir un barrage de castors, dans des chemins non-carrossables, pour rejoindre notre camp de chasse. Il y a eu des égratignures de peinture, des suspensions abîmées et des pneus maganés en faisant le long détour de 5 heures, qui a rallongé le trajet à un total à 11 heures de route », a décrit le Sophien Pascal Mondion.

Le négociateur

Les joyeux lurons n’ont rien abattu en 2020, de sorte qu’ils ont pris la chance de revenir par la route 117, vers le Sud.

« Après notre période en forêt, on a décidé de passer par les barrages, car nous n’avons pas tué d’orignaux cet automne. C’est connu, les histoires sont nombreuses à l’effet que des blancs se sont fait saisir leur carcasse abattue, par le passé, en échange du droit de passage. Là, nous sommes revenus bredouilles et on a envoyé Mario négocier en anglais au front », a décrit M. Mondion.

Ponceaux arrachés

Mario Henrie a donc pris son courage à deux mains pour aller rencontrer les manifestants. « J’ai fait valoir qu’on a passé ici en 2019, et même en 2020 (bluff) vers le Nord sans problème, à leurs barricades. J’ai ajouté que nous n’avons tué aucun animal, qu’ils n’ont aucune viande à nous revendiquer; que le cheptel est intact en notre présence. La dame a été très compréhensive et nous a laissé aller vers Mont-Laurier ».

D’autres amis chasseurs n’ont toutefois pas eu la même chance. « D’autres chasseurs ont eu du trouble. Les Amérindiens ont su que les chemins forestiers et des sentiers de motoneiges servaient à contourner leurs barricades. Ils ont donc envoyé des pelles hydrauliques retirer des ponceaux et creuser des tranchées. Ça devient apeurant, quand tu sais que les gens sont armés aux barrages », a évoqué M. Henrie.

Ce dernier, cuisinier du groupe, a décidé de remettre ça dès cet automne, mais de manière plus relaxe, dès le 6 novembre. « Je suis habituellement le cuisinier, mais en vieillissant, on se divise la tâche des repas. On retourne à la chasse aux chevreuils, cette fois à une pourvoirie. On veut avoir la conscience en paix », a-t-il achevé.

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