Le CHSLD de Sainte-Adèle. Crédit : Nordy - Sébastien Fleurant

Huit aînés vivent dans une salle sans toilette au CHSLD de Sainte-Adèle

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Pour une durée indéterminée, huit aînés résident dans une salle commune et sans toilette au CHSLD de Sainte-Adèle, rapportait Le Devoir vendredi, 29 septembre. Il s’agit de patients hospitalisés qui ne requerraient plus de soins hospitaliers. Ceux-ci ont été transférés d’hôpitaux des Laurentides, avec très peu de préavis.

« Depuis quelques semaines, nous vivons un fort achalandage dans nos hôpitaux », nous a répondu le Service des relations médias, relations publiques et à la communauté du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides. « Dans ces circonstances, l’aménagement du milieu d’hébergement temporaire au CHSLD de Sainte-Adèle permet d’accueillir des personnes ne nécessitant plus de soins hospitaliers, mais qui sont dans l’attente d’une place permanente en hébergement. Nous considérons que les résidents se retrouvent dans un environnement plus adéquat que dans un centre hospitalier. »

Sur X (ancien Twitter), Sonia Bélanger, députée de Prévost, ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, a écrit que : « Cette situation est inacceptable. En aucun cas, cela respecte les orientations que nous avons données aux établissements en ce qui concerne l’hébergement de nos aînés. Une intervention sera faite pour que les résidents puissent être hébergés humainement. »

« Pour la dignité, ce n’est pas adéquat »

La salle d’activité multifonctionnelle où les aînés résident a été aménagée en deux chambres pour quatre résidents chacune, indique le CISSS. « Ce n’est pas une place pour avoir des patients », réplique Julie Daignault, présidente de la FIQ-SPSL (Syndicat des professionnelles en soins des Laurentides), en entrevue avec Accès. « Avec la COVID, ils devraient être dans des chambres individuelles. Je ne comprends pas ce qu’on n’a pas compris. »

« Les patients ont été déménagés très abruptement. Nos membres n’étaient pas au courant qu’ils auraient des patients supplémentaires. Les lits sont arrivés une heure avant les patients », continue Mme Daignault. Comme la pièce n’a pas de toilette, les résidents doivent utiliser une chaise d’aisance, à côté de leur lit. « Il n’y avait pas de rideau pendant trois jours. C’était seulement des petits paravents. Pour la dignité, ce n’est pas adéquat », ajoute-t-elle.

De plus, il n’y a pas de sonnette connectée pour demander une infirmière : seulement une cloche sur une table. « Si quelqu’un chute, ça peut prendre un certain temps avant que quelqu’un s’en aperçoive. Ça aussi, ce sont des risques. » La présidente s’inquiète également du manque de ventilation dans la pièce, et que les autres résidents n’ont plus d’endroit pour faire leurs activités.

Des cas lourds

« Comme ces usagers sont en perte d’autonomie, le transfert vers ce nouveau milieu de vie transitoire leur permet de bénéficier de l’ensemble des soins et services usuels en CHSLD : soins infirmiers, ergothérapie, réadaptation physique, travail social, nutrition, etc. », affirme le CISSS.

Cependant, Mme Daignault indique que le personnel ne peut pas en faire plus. « Nos membres sont fâchés que ça se soit fait abruptement. Ça amène un grand stress et ça augmente leur charge de travail. Nos membres veulent bien s’occuper des patients, mais ce sont des cas lourds qui demandent beaucoup de soins. »

Cette surcharge est problématique dans tout le réseau de la santé, souligne la présidente. « De plus en plus, on ne peut pas faire tous les soins. On doit aller vers [les soins les plus urgents]. Nos membres sont vraiment au bout du rouleau de faire ces choix-là. » C’est pourquoi le syndicat demande de revoir les ratios infirmière/patients. « C’est une grande demande pour décharger nos membres. On veut qu’ils soient bien. Certains quittent pour faire autre chose. »

Temporaire ?

« Les premiers résidents ont été accueillis la semaine dernière [à partir du 19 septembre] et y seront donc hébergés de façon temporaire, en attendant une place permanente en hébergement. […] Nous déployons tous les efforts nécessaires afin que ce milieu transitoire réponde le mieux possible aux besoins de ces personnes », soutient le CISSS.

Mais Mme Daignault n’est pas convaincue que cette situation est temporaire. « On a vécu un peu la même affaire l’année passée. Il y avait eu l’ajout de huit patients dans des locaux légèrement plus adéquats. On nous a dit que c’était temporaire. Et un an plus tard, ils sont toujours là », illustre-t-elle.

Dans ce cas-ci, on attendrait de les transférer dans les nouvelles Maisons des aînés (MDA), indique la présidente syndicale. « Mais il n’y en a une d’ouverte dans les Laurentides. » Selon le CISSS, des MDA devraient ouvrir d’ici la fin de l’année : à Sainte-Agathe-des-Monts en octobre, à Sainte-Anne-des-Plaintes en novembre et à Prévost en décembre.

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