Eddy Pascal change le visage de l’éducation en Haïti
Par nathalie-deraspe
Le fondateur du Collège Eddy Pascal est en visite dans les Laurentides. L’enseignant haïtien est venu remercier tous ceux et celles qui ont soutenu son peuple après le séisme du 12 janvier dernier et plus particulièrement les gens de la communauté de Carrefour.
Dans la Perle des Antilles, le mot «goudougoudou» a vite fait de remplacer le terme «tremblement de terre». Longtemps appelé «la chose», le puissant séisme du début d’année a secoué l’imaginaire d’une façon telle, qu’il faut désormais s’acharner à chasser cette vision d’une Haïti frappée par la malédiction ou la main de Dieu. De son côté, Eddy Pascal a demandé aux élèves comment il voyait le Haïti de demain. «Nous sommes capables de s’entraider avec une telle rapidité, dit le directeur du collège. Mais nous sommes aussi capables de nous séparer en un clin d’œil. Nous nous sommes promis de réfléchir pour aller chercher cette énergie-là même quand nous ne sommes pas en difficulté.»
Eddy Pascal aurait pu bien souvent quitter ce pays que plusieurs considèrent maudit. Mais il a préféré demeurer sur place pour tenter de fournir une éducation au plus grand nombre. «Je n’avais pas le courage d’accepter que des enfants n’aillent pas à l’école, dit-il. Mais j’ai trouvé des passionnés comme moi qui m’ont aidé à le faire. On a vu les progrès. On a fini par avoir notre bibliothèque et notre laboratoire informatique. Nous avions 31 ordinateurs l’an dernier plus un laboratoire des sciences.»
Heureusement, 70% du matériel a pu être récupéré après le séisme. L’État exigeait que l’école reprenne dès le 5 avril. La veille, tout ce que sa petite équipe avait construit pour accueillir les élèves a été lavé par la première grosse pluie de l’année.
À l’écoute des enfants
Les enseignants ont dû être formés pour porter une attention particulière aux enfants. Eddy Pascal raconte qu’une élève de 8 ans refusait désormais de se rendre à l’école. L’enfant disait avoir trop de problèmes pour être en mesure d’étudier. Au bout d’un moment, la fillette a lancé à sa mère : «Peux-tu me dire combien d’amis j’ai encore sous les décombres?»
Depuis qu’il a fondé le Collège qui porte son nom, Eddy Pascal révolutionne l’éducation. «Le plus important, c’est de faire réfléchir les enfants. Leur permettre d’analyser les choses. Il ne faut surtout pas leur faire réciter des leçons par cœur.» Cette approche lui a valu bien des maux de tête avec ses pairs et des parents. Les enfants regardent dorénavant leurs parents droit dans les yeux au lieu de baisser la tête, ce qui est encore souvent considéré comme un geste frondeur de leur part. Mais envers et contre tous, Eddy Pascal poursuit son œuvre. Son séjour au Québec ne fait que renforcer ses convictions.