(Photo : Archives)

Une table de concertation sur les barrages

Par Rédaction

 L’Organisme de bassin versant de la rivière du Nord (Abrinord) organise présentement une table de concertation pour réguler les barrages dans la région. L’organisme espère mobiliser les acteurs du milieu afin de favoriser une gestion intégrée des niveaux d’eau, qui sont à la baisse depuis quelques années.

Étant donné que le bassin versant de la rivière du Nord relie plusieurs cours d’eau, depuis le lac de la Montagne noire (à l’extrémité nord) jusqu’à la rivière des Outaouais, une gestion intégrée des barrages et du niveau de l’eau est nécessaire, selon Aurélie Charpentier, coordonnatrice chez Abrinord. « Il faut prendre en compte l’entièreté du bassin versant quand on fait une intervention », dit-elle.

Abrinord considère que la gestion de certains des quelques 400 barrages de la rivière du Nord est problématique depuis plusieurs années. « On espère que ça va allumer des lumières et que les acteurs vont avoir envie de faire un plan d’action pour améliorer la gestion des niveaux d’eau sur notre territoire », dit Mme Charpentier, qui rappelle que l’organisme n’est toutefois pas un acteur de mise en œuvre.

Cette table de concertation devrait réunir les municipalités, les gestionnaires privés de barrage et les associations, en plus d’experts en gestion des niveaux d’eau et de barrages. Elle résulte d’un mandat confié à Abrinord par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Alors que certains barrages sont privés, d’autres sont gérés par des municipalités ou par le gouvernement. « Déterminer qui est responsable de quel barrage, c’est parfois difficile, même pour les gestionnaires municipaux », explique Mme Charpentier. Elle ajoute que selon la réglementation actuelle, il est relativement facile d’ériger un barrage pour élever le niveau de son lac, ce qui n’est pas sans conséquence pour les lacs avoisinants.

Diminution des niveaux d’eau

« Cette année, on n’avait jamais vu l’eau aussi basse au mois de juin au lac Raymond », s’inquiète Pierre Asselin, président sortant de l’Association de protection de l’environnement du lac Raymond et de la rivière du Nord. Depuis les trois dernières années, celui-ci a dit noter une baisse constante du niveau de l’eau dans ce lac situé à Val-Morin.

« Ce qui pour moi est le plus frappant, c’est de voir des quais flottants qui sont carrément déposés sur le sol sec du fond du lac », raconte M. Asselin.

L’enjeu principal du lac Raymond est l’étiage, dit M. Asselin, soit la baisse périodique des eaux, qui entraîne un réchauffement de l’eau et un risque accru de plantes aquatiques.

« Notre association est là pour le long terme, précise-t-il. Ça nous inquiète si la tendance se maintient. C’est pour ça qu’on croit que cette table de concertation est importante pour que l’eau soit répartie le mieux possible. »

De son côté, l’Association des résidents du lac Renaud invite les plaisanciers à porter une attention particulière aux endroits où ils pagaient. L’association a balisé certains secteurs du lac à l’aide de petites bouées rouges pour éviter la propagation de myriophylle à épis, une plante exotique envahissante. Le niveau de l’eau exceptionnellement bas du lac, de même que la hauteur et la densité de cette plante augmentent le risque de prolifération.

L’impact de la diminution des eaux

Abrinord et la Fondation Rivière observent depuis quelques années une diminution des niveaux des cours d’eau de la rivière du Nord. Ce phénomène serait attribuable aux changements climatiques, mais aussi à la surconsommation de l’eau, selon Mme Charpentier. « Il y a une tendance à une pluviométrie moindre en été. Nos étés sont de plus en plus secs. La rivière du Nord n’a pas un bassin versant si important, c’est pourquoi elle est tributaire des pluies », explique André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivière.

La diminution d’eau a plusieurs impacts négatifs sur les écosystèmes, dont une plus forte concentration de contaminants, comme des coliformes fécaux et du phosphore, et une raréfaction de l’oxygène qui affecte la faune aquatique.

Les problèmes d’inondation, qui peuvent être liés en partie à la gestion des barrages au printemps, sont encore plus fréquents depuis 2017, selon Abrinord. En la matière, les barrages pourraient à la fois être une cause et une piste de solution, selon Mme Asselin.

« Les changements climatiques accentuent les phénomènes extrêmes. Il y a trop d’eau ou pas assez d’eau », résume M. Bélanger.

La date de la table de concertation n’a pas encore été fixée, mais Abrinord souhaite la tenir d’ici la fin de 2021, idéalement cet automne.

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