De nombreuses affichent immortaliseront aussi cette époque vaste.

La belle histoire des Laurentides | Chapitre 4

Par Rédaction

 Quatrième d’une série de chroniques rappelant à quel point le ski et les activités de plein air ont forgé l’histoire des Laurentides et en assurent l’avenir.

Les Laurentides logent au cœur d’une des plus vieilles chaînes de montagnes au monde.  Le sol y est formé de pierres recouvertes d’une mince couche de terre arable et peu propice à l’agriculture. La forêt y est riche en conifères auxquels se mêlent quelques feuillus.

Les Amérindiens en ont parcouru le territoire pendant des millénaires et exploité les lieux pour assurer leur subsistance.  Ils y vivaient de chasse, de pêche et de cueillette de fruits.  À l’arrivée des premiers colons, les Weskarinis de la grande famille Algonquine rivalisaient avec les Iroquois pour l’occupation de ce grand territoire. L’exploitation forestière et la colonisation ont transformé progressivement ce territoire de subsistance et provoqué le déclin de la présence amérindienne.

Les sentiers tracés par les amérindiens, par les colons puis par leurs contemporains amateurs de plein air marqueront le territoire des Laurentides et témoignent encore aujourd’hui de cet héritage inestimable.

Le début d’une révolution

En 1930, une grande dépression secoue l’économie mondiale.  Et le Québec n’y échappe pas.  De grands travaux publics sont lancés par le gouvernement pour soutenir l’économie.  De nombreux entrepreneurs s’y activent aussi.

Une invention déterminante

Pendant qu’Herman Smith-Johannsen travaille au traçage des grands sentiers de ski qui feront sa renommée et celle des Laurentides, Alexander Foster installe, le long de la Big Hill de Shawbridge, un remonte-pente à câble actionné par une automobile montée sur des blocs de bois.

À la même époque, Moïse Paquette de Sainte-Agathe a une idée similaire sur la Baumgarten Hill. Ces premiers remonte-pentes révolutionnent la pratique du ski et accélèrent la distinction entre le ski alpin le ski de randonnée. La raquette traditionnellement utilisée par les colons francophones côtoie maintenant les skis de la bourgeoisie de Montréal aux abords des villages des Laurentides.

Le réseau de sentiers de ski se développe

Sous l’impulsion donnée par le grand sentier Maple Leaf de Johannsen, le réseau inter-centres se développe rapidement. Une série de cartes détaillées de la géographie des Laurentides est réalisée par Paul D’Allmen qui produira une série de six cartes couvrant l’ensemble des Laurentides et 16 autres plus détaillées qui représentent encore aujourd’hui une référence importante.

Cartes de Paul d’Allmen. Pierre Dumas, 2013

On y retrouve les premiers grands lieux d’hébergement de l’époque.  Les grands sentiers patrimoniaux y sont aussi nommés et leur tracé se précise.  On y retrouve notamment les sentiers Maple Leaf, Oxford & Cambridge, McGill Outing Club (MOC), Johannsen East, Maribou, Loup Garou.

Le sport s’organise et se développe

Le Laurentian Cross Country Ski Club fondé en 1928 organise la pratique du ski de randonnée et trace plus de 100 km de sentiers autour du Chalet Cochand de Sainte-Adèle.

Le Red Birds Ski Club de l’Université McGill formé en 1928 accueillera trois ans plus tard les étudiants des universités de Cambridge et d’Oxford pour une compétition amicale de slalom sur le Big Hill de Shawbridge et de langlauf (ski de cross-country) sur la piste Oxford-Cambridge qui existe encore aujourd’hui à Sainte-Adèle.

Le Viking Ski Club, formé en 1929 par un groupe de Norvégiens émigrés au Canada et amateurs de saut à ski, deviendra l’une des institutions canadiennes de ski de fond les plus reconnues.  Fondé à Montréal, ce club s’établira successivement à Shawbridge, Sainte-Adèle et Christieville avant de s’établir à Morin-Heights où il réside encore aujourd’hui. 

Le Penguin Ski Club est fondé en 1932 à Saint-Sauveur par un petit groupe de femmes et représente l’alter ego du Red Birds Ski Club formé exclusivement d’hommes.  Ce club marquera l’histoire du ski lorsque deux de ses membres, les soeurs jumelles Rhoda Wurtele Eaves et Rhona Wurtele Gillis (mère de la danseuse Margie Gillis) représenteront le Canada aux Jeux olympiques de 1948 et 1952.  Aux Jeux olympiques de 1956, Lucile Wheeler, membre honoraire du club, rem-portera le bronze à la descente et devient la première athlète féminine médaillée aux épreuves de ski.

Les soeurs jumelles Rhoda Wurtele Eaves et Rhona Wurtele Gillis, olympiennes aux jeux de 1948 et 1952. Photo : Musée du ski des Laurentides

De grands hôtels se construisent

Avec tous ces skieurs qui affluent, la demande en hébergement est grande.

C’est ainsi que la petite auberge érigée entre 1913 et 1915 par Herbert Matley est acquise en 1924 par la famille Thompson puis agrandie en 1938 pour devenir le Chantecler, une auberge de 45 chambres de classe mondiale sur les rives du lac Rond à Sainte-Adèle.

Tout près, en bordure de la rue Morin à Sainte-Adèle, Grégoire Rochon transforme sa maison construite en 1910 en petit hôtel et lui donne le nom de maison Blanche.  En 1939, Tom Potter achète le site, reconstruit l’hôtel qu’il nomme Sainte-Adèle Lodge et renomme « Côtes 40-80 », le petit centre de ski situé à l’extrémité nord du terrain.

Un peu plus loin, le St. Margaret Golf & Winter Club et sa pente de ski sont acquis par Potter et prennent le nom de Alpine Inn en 1936. En 1939, un incendie dévaste l’hôtel en octobre et est reconstruit juste à temps pour les fêtes de Noël par le spécialiste des constructions de bois rond, Victor Nymark.

La même année Nymark construit aussi le Nymark Lodge de Saint-Sauveur.  D’origine finlandaise et constructeur de bâtiments en bois rond, il participe à la construction du célèbre Château Montebello et de l’Hôtel Mont-Gabriel.

L’Hôtel Mont Gabriel est construit par le Marquis Nicolò degli Albizzi pour Marie-Joséphine Hartford, riche héritière de la Nouvelle-Angleterre.  Une station de ski privée y est aménagée par Herman Smith-Johannsen ainsi qu’une très confortable auberge avec un immense foyer.  En 1941, le site est vendu à un club privé puis acquis par Herbert O’Connell en 1952 pour l’ouvrir au public.

Un peu plus au nord, un jeune millionnaire de Philadelphie qui a hérité de la fortune de son grand-père découvre les Laurentides et atteind le sommet du Mont Tremblant avec Lowell Thomas, célèbre animateur de radio et Harry Wheeler, fils du propriétaire de Gray Rocks.  À 34 ans, Joe Ryan a déjà visité toutes les grandes stations de ski des Alpes et décide d’acheter l’endroit pour y établir un centre de ski d’envergure internationale.  Il bâtit un lodge, installe une remontée mécanique et confie l’aménagement des pistes au norvégien Kare Nansen, fils de l’explorateur polaire Fridjof Nansen.  Le magazine Time publie un article élogieux sur l’endroit à l’automne 1939.  Les skieurs affluent.

Les Laurentides s’affichent

La Laurentian Resort Association dirigée par Émile Cochand participe à la première édition du Winter Sports Show au Madison Square Garden de New York en 1938 pour faire la promotion du ski dans les Laurentides.

Le « Sweet Caporal skiers book »  produit par Herman Smith-Johannsen et publié de 1939 à 1948 démocratise et popularise la pratique du ski de randonnée.  Ce guide contient notamment une mosaïque de 8 cartes décrivant en détails les principaux sentiers qui voisinent le Maple Leaf.

La « Laurentians Main ski trails map » du Canadian National Railways publicise aussi très efficacement l’imposant réseau de sentiers et d’hôtels offerts aux amateurs de sports d’hiver.

Photo : Carte et guide promotionnels du ski dans les Laurentides

Destination de l’heure

L’engouement créé par toute ces initiatives est tel que les Laurentides deviennent La « destination à la mode » pour les sports d’hiver.

Le Sainte-Adèle Lodge sera l’hôte du Johnny Holmes Band et Oscar Peterson durant l’été pour animer son célèbre « Red Room ».

Lowell Thomas diffusera des émissions du Sainte-Adèle Lodge et de Mont Tremblant auprès de son public américain, faisant la promotion des Laurentides comme destinations pour les skieurs.

Caroline et Jackie Kennedy skieront à Sainte-Agathe et au Mont Gabriel avec leurs gardes du corps tandis que John F. Kennedy, alors président des États-Unis, y séjournera incognito.  Rockfeller, Bob Hope, Gregory Peck préfèrent pour leur part l’hôtel Chantecler.

Pierre Elliott Trudeau, Lester B. Pearson, Roy Disney (fils de Walt), deviendont aussi des habitués des pentes de ski des Laurentides de cette époque.

Cet énorme élan sera cependant stoppé par ce qui l’anime et l’a fait croitre… telle que nous le racontera la prochaine chronique de cette Belle histoire des Laurentides.

Le Foster’s Folly de Shawbridge.

2 commentaires

  1. Intéressante chronologie! Merci. @:-)

    Quand mon père vivait encore et que je terminais mes études collégiales, j’adorais aller le rejoindre les fins de semaines à Saint-Hippolyte. Je saisissait alors toutes les occasions pour chausser mes skis de fond. Je partais parcourir la Fortier, la M.O.C.,… Et je remplissais mes poumons d’un air si vivifiant.

    Autrement, le défi du plein air dans les Laurentides aujourd’hui est évidemment de protéger nos fragiles acquis naturels et de garantir aussi la grand qualité de notre air frais laurentien. Victime de notre succès, nous avons maintenant hérité des mêmes défis que ceux auxquels font face les guides de montagnes dans les Alpes en Europe. En effet, le développement touristique accéléré, l’augmentation de la circulation automobile, l’augmentation des activités de l’industrie de l’asphaltage, l’accumulation rapide des déchets industriels et domestiques, l’accroissement des bruits humains, tout cela pourraient menacer notre fragile qualité de vie dans les Laurentides.

    Je pose les questions suivantes à. mes contemporains dans les Laurentides:

    Des solutions pour protéger notre économie, notre patrimoine touristique et naturel sont-elles de revaloriser la mobilité durable et propre (e.g. un train du nord plus actif, des lignes d’autobus jusqu’à Montréal, du co-voiturage récompensé); Des solutions sont-elles aussi d’augmenter le nombre d’auberges qui accueilleraient les fins de semaine des étudiants de Montréal en quête d’activités de plein air saines?

    Après tout, nous aussi, nous devons réduire nos empreintes « GES » (gaz à effet de serre).
    Après tout, nous aussi, nous avons le devoir de protéger notre biodiversité et la flore laurentienne.

    À méditer,

    Guy J.J.P. Lafond
    Montréal, Val David et Ottawa.

  2. Désolé!
    Je me suis relu et ai corrigé quelques coquilles.
    ***********

    Intéressante chronologie! Merci. @:-)

    Quand mon père vivait encore et que je terminais mes études collégiales, j’adorais aller le rejoindre les fins de semaines à Saint-Hippolyte. Je saisissais alors toutes les occasions pour chausser mes skis de fond. Je partais parcourir la Fortier, la M.O.C.,… Et je remplissais mes poumons d’un air si vivifiant.

    Autrement, le défi du plein air dans les Laurentides à notre époque moderne est évidemment de protéger nos fragiles acquis naturels et de garantir aussi la grande qualité de notre air frais laurentien. Victimes de notre succès, nous avons maintenant hérité des mêmes défis que ceux auxquels font face les guides de montagnes dans les Alpes en Europe. En effet, le développement touristique accéléré, l’augmentation de la circulation automobile, l’augmentation des activités de l’industrie de l’asphaltage, l’accumulation rapide de déchets industriels et domestiques, l’accroissement des bruits humains, tout cela pourrait menacer notre fragile qualité de vie dans les Laurentides.

    Je pose les questions suivantes à mes contemporains dans les Laurentides:

    Des solutions pour protéger notre économie, notre patrimoine touristique et naturel sont-elles de revaloriser la mobilité durable et propre (e.g. un train du nord plus actif, des lignes d’autobus jusqu’à Montréal, du co-voiturage récompensé). Des solutions sont-elles aussi d’augmenter le nombre d’auberges qui accueilleraient les fins de semaine des étudiants de Montréal en quête d’activités de plein air saines?
    Après tout, nous aussi, nous devons réduire nos empreintes « GES » (gaz à effet de serre).
    Après tout, nous aussi, nous avons le devoir de protéger notre biodiversité, nos rivières, nos lacs, nos forêts et notre flore laurentienne.

    À cogiter,

    Guy J.J.P. Lafond
    Montréal, Val David et aussi Ottawa.

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