la fievre olympique

Par Journal Accès

72 heures avant de livrer sa performance olympique, Joannie a eu un dur réveil. Son père Normand et son entraîneuse Manon Perron lui annonçait que sa mère avait rendu l’âme après plusieurs tentatives de réanimation à Vancouver dans la nuit. Saura-t-elle trouver la force intérieure pour patiner lors du programme long ce jeudi?

J’ai ressenti une douleur physique en apprenant la nouvelle tragique dimanche dernier, j’en ai été affecté plus que je n’aurais pu l’imaginer, moi qui ai été sa voisine pendant un an à St-Léonard et qui me suis entraînée avec elle pendant plusieurs saisons. Un direct au cœur, un uppercut au menton.

Elle est forte psychologiquement, comme peu de gens: «Elle possède une force de caractère depuis son jeune âge qui la distingue des autres athlètes, elle est une battante», m’a mentionné Nathalie Martin qui travaille avec Joannie sur la glace depuis 15 ans.

Maman Thérèse

Joannie vivait une relation privilégiée avec sa mère qui avait une emprise positive sur le plan personnel, mais aussi sur son entraînement. Depuis deux ans, je me souviendrai qu’elle avait insisté pour que sa mère effectue le trajet Berthierville-Saint-Léonard une fois par semaine dans le but de venir superviser son entraînement et l’aider dans son cheminement sportif. Inutile de vous dire qu’à l’âge de 21 ans, il avait été difficile pour elle de s’avouer que la présence de Thérèse dans les estrades était essentielle. Sa mère ne se gênait jamais pour lui dire qu’un de ses mouvements était mal exécuté ou qu’elle semblait fatiguée à la fin de son programme. Sa critique était importante pour la belle Joannie. Personne ne la connaissait aussi bien que sa mère, sa plus grande admiratrice qui la suivait depuis ses premiers pas de patinage à 22 mois.

Son désir de performer

Ce sera la plus grande épreuve de sa vie, la semaine la plus difficile de son existence. Dans ces circonstances tragiques, elle serait dans le droit le plus élémentaire de se retirer de la compétition. Tous les Canadiens comprendraient, toute la communauté olympique serait derrière elle. Elle a décidé, envers et contre cette épreuve, de s’accrocher à son rêve olympique: «C’est ce que sa mère aurait souhaité au plus haut point», avoue Nathalie Martin. Elles avaient ensemble planifié ce voyage olympique de A à Z depuis quatre ans, et c’est d’ailleurs pourquoi Joannie tient à patiner cette semaine.

Quelqu’un peut-il encore douter une seule seconde de l’immense tenacité et du courage imprenable que cette athlète possède ?

Un travail psychologique

Son psychologue sportif, Wayne Halliwell, qui la suit dans ses plus grandes compétitions internationales n’aura pas la charge facile. Il s’agira, pour lui, probablement d’un de ses plus grands défis en carrière de devoir choisir les bons mots pour la soutenir dans le deuil qu’elle a à vivre: «Le travail mental qu’elle avait à effectuer en préparation aux Jeux olympiques était considérable, mais maintenant, elle doit être en mesure d’isoler les événements et c’est ce dont elle est capable», réplique Nathalie Martin.

On ne sait pas si elle trouvera la force de chausser ses patins ce jeudi pour le programme long et je crois qu’elle ignore encore elle-même comment elle y arrivera. Peu importe son choix, nous respecterons sa décision parce que l’aspect humain est plus fort que la performance dans de tels moments.

Jeudi soir, il n’y aura pas que les 15 000 spectateurs du Pacific Coliseum qui applaudiront Joannie Rochette quand elle s’élancera sur la patinoire. Sa mère sera certainement à quelque part dans son cœur pour la guider, lui parler et l’aider à trouver le courage nécessaire pour sa performance de cinq minutes.

Pour ta gentillesse, ta maturité, ta bravoure et ta détermination, Joannie, avant même que la compétition se termine, c’est à toi que revient la médaille d’or.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *