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Le cardiologue aux cœurs brisés

Par jocelyne-cazin

Il n’y a rien de plus dramatique, cruel, que de se faire arracher la vie. Il n’y a rien de plus révoltant, choquant, douloureux que le parent qui raye de la vie sa progéniture. Ce matin 23 février 2009, deux jours après le tragique événement de Piedmont, j’ai le cœur dans tous mes états. Pourtant je ne connais pas cette famille maintenant décimée. J’écoutais le point de presse de François

Therrien d-g du CSSS de St-Jérôme et je percevais sa déchirure intérieure. Je ressentais celle de tout le personnel médical qu’il représentait. Toutes ces questions que les collègues et amis de ce médecin se posent sur son geste totalement incompréhensible. Toutes ces interrogations sur soi-même, sur le pourquoi je n’ai pas vu les signes avant coureurs de cet horrible drame? Quelle

mauvaise ironie, quel destin funeste pour celui qui réparait les cœurs, celui qui avait fondé la clinique d’insuffisance cardiaque à St-Jérôme. Comme s’il l’avait créée pour lui. Comment croire qu’il ait délibérément mis un terme à l’instrument vital de la vie des êtres qu’il devait aimer plus que tout? Qu’il soit médecin, cardiologue en plus, exacerbe ce qui est déjà une tragédie en soi.

La douleur intérieure, le mal de vivre ne font pas de discrimination. Le point de non-retour peut atteindre quiconque souffre trop de la brûlure d’un tison sur le cœur.

Lecardiologue n’acceptait pas la défaite, il a fait sauter la machine, la sienne, mais pire, celles de deux enfants, les siens, qui aimaient sûrement leur papa gros comme le ciel. Plus que tout, il a fait exploser le cœur de la mère qui ne pouvait lui faire l’affront de le quitter de toute évidence.

Le Québec aime-t-il ses enfants?

Cinq enfants tués par des parents en moins de deux mois au Québec seulement. Allons nous arrêter de faire semblant que la détresse humaine n’existe pas? Allons-nous cesser de nous endormir avec des paroles rassurantes? La société québécoise est en émoi lorsqu’un groupe comme le Canadien de Montréal trébuche. On fait des lignes ouvertes pour discuter de ce que devraient faire les dirigeants du Canadien avec ses délinquants, ses insubordonnés. Parfait! Continuez ces lignes ouvertes, elles permettent de faire sortir «le méchant» comme on dit. Février est le mois de la misère humaine. On en a fait une norme. Mais le mal de vivre n’est pas là qu’un mois par année, il se cultive chaque minute, chaque heure, chaque jour. Il prend tous les signes de rejet, de non-reconnaissance, de solitude extrême, de non-confiance, d’insécurité. Le mal de vivre alimente tout ce qui peut être au départ un petit malaise. Il l’amplifie, en fait un drame. Si personne ne voit le désarroi, il en résulte une tragédie comme celle de Piedmont, car cette douloureuse histoire EST une tragédie.

Nous avons si peu d’enfants au Québec, comme je l’ai déjà écrit dans ce journal, alors cessons d’être dans la réaction, il est urgent de passer à l’action.

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