(Photo : Simon Cordeau)
Des eaux noires s'écoulent dans la rivière à Simon, menaçant ses écosystèmes.
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Morin-Heights : Des écoulements d’eaux noires inquiètent

Par Simon Cordeau

Des eaux noires s’écoulent dans la rivière à Simon, à Morin-Heights. La situation, qui perdure depuis quelques mois déjà, inquiète des résidents du secteur. Ces eaux noires, qui s’échappent présumément du système de traitement des eaux usées d’un bâtiment, ont une forte odeur d’égout, selon un témoin. Celui-ci s’inquiète des impacts sur la rivière à Simon, son écosystème et les baigneurs lorsqu’arrivera l’été.

« Une inspection a été réalisée le 13 décembre 2022. Des vérifications sont en cours et des échanges ont eu lieu avec le propriétaire. Ce dernier mentionne vouloir réaliser des travaux correctifs dans les prochaines semaines », nous a répondu Frédéric Fournier, conseiller en communication et porte-parole régional au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Il ajoute qu’un suivi sera fait pour s’assurer de la conformité des installations. « Le Ministère n’exclut aucun recours s’il n’y a pas de retour à la conformité. »

Nous ne sommes pas parvenu à joindre le propriétaire du bâtiment pour des commentaires avant d’envoyer sous presse.

Une histoire qui se répète

Les écoulements, qui proviennent présumément d’une fosse septique, ont une forte odeur d’égouts.

Ce n’est pas la première fois qu’une situation semblable se produit au centre-ville de Morin-Heights. En 2011, le journal des Pays d’en Haut/La Vallée rapportait des écoulements provenant du même bâtiment. Le ministère de l’Environnement avait dû intervenir. « À plusieurs reprises depuis 2007, le Ministère a noté que les installations septiques du bâtiment laissaient échapper des matières fécales dans la rivière à Simon. Les inspecteurs s’y sont rendus à 6 reprises entre 2007 et 2010 et chaque fois, ils y ont vu des signes que le bâtiment polluait », peut-on lire dans l’édition du 28 juillet 2011.

Le propriétaire d’alors avait plaidé coupable. Le ministère de l’Environnement lui avait ordonné d’installer un nouveau système de traitement des eaux usées. Le propriétaire avait aussi fermé le restaurant situé dans le bâtiment.

Qui a juridiction ?

La juridiction pour la gestion des eaux usées est partagée entre les municipalités et le MELCCFP. « Le seuil est fixé à 3 240 litres d’eaux usées par jour ou l’équivalent de 6 chambres à coucher », explique M. Fournier. Au-delà de ce seuil, la juridiction revient au ministère de l’Environnement.

Cependant, ce n’est pas clair qui est responsable de ce dossier, puisque les deux partis se renvoient la balle. Questionné, le marie de Morin-Heights, Tim Watchorn, nous indique que pour ce bâtiment, « les installations septiques sont gérées par le ministère de l’Environnement ».  « Nous autres, tout ce qu’on peut faire, c’est mettre de la pression sur le Ministère. On fait des appels pour que ça arrête. »

Toutefois, le porte-parole du Ministère nous écrit que, après la fermeture du restaurant, « […] le système relevait donc de la compétence de la Municipalité », puisque le volume d’eaux usées passait sous le seuil des 3 240 litres par jour.

Invité à préciser, le directeur général de la Municipalité, Hugo Lépine, nous confirme pourtant l’inverse. « Cette fosse est toujours sous la responsabilité du ministère de l’Environnement. » Pour preuve, il joint une correspondance entre le Ministère et la Municipalité, où un représentant du Ministère affirme : « Oui ce dossier est de notre juridiction. »

Questionné de nouveau, le porte-parole du Ministère persiste. « Le 16 septembre 2011, la Municipalité de Morin-Heights a confirmé que le rez-de-chaussée du bâtiment était inoccupé et que ce dossier relevait maintenant de sa compétence étant donné que le débit était moindre que 3 240 litres. […] L’installation septique actuelle est de juridiction municipale, c’est donc à elle de s’assurer que les correctifs soient apportés. Le Ministère demeure disponible pour soutenir la Municipalité, des contacts ont déjà été faits en ce sens. »

Future usine de traitement des eaux usées

Selon la loi, les fosses septiques doivent être vidées tous les deux ans. Ce suivi est assuré par la Municipalité. « On demande aux gens de nous envoyer les factures. Si on n’en reçoit pas, on envoie un avis », explique M. Watchorn. Si la situation ne se règle pas, la Municipalité peut imposer une amende.

Cependant, Morin-Heights aurait pris un peu de retard dans ses suivis, en raison de « changements de personnel », explique le maire. « On a demandé au Service d’urbanisme de se remettre à jour et ils ne sont pas loin », assure-t-il. Dans le cas du bâtiment qui écoule des eaux noires, toutefois, les vidanges de la fosse étaient à jour, et une nouvelle vidange a été faite récemment, nous confirme M. Lépine.

Par ailleurs, Morin-Heights étudie l’installation d’une usine de traitement des eaux usées sur son territoire. Celle-ci devrait se trouver sur le terrain acquis de la famille Basler, entre le Corridor aérobique et le chalet Bellevue. « C’est sûr qu’on ne fera pas un étang à ciel ouvert », tient à rassurer le maire. « Ce sera fermé, probablement sous terre ou à l’intérieur d’un bâtiment. »

Cependant, l’usine ne desservira que le centre-ville. Les conduites d’égout et les sorties ont déjà été installées, lors des travaux sur la rue du Village, indique M. Watchorn. Dans le centre-ville, les terrains petits rendent « coûteux et prohibitif » l’aménagement d’installations septiques pour les commerces, explique le maire.

Toutefois, le projet n’en est encore qu’à ses débuts, et il est trop tôt pour établir un échéancier précis, ajoute-t-il. « De façon réaliste, le temps de faire les plans, de choisir la bonne technologie, d’obtenir des subventions et l’autorisation du Ministère… Je dirais dans un horizon de trois à cinq ans », évalue-t-il.

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