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Opération «désinformation»

Par Éric-Olivier Dallard

Parc linéaire km 28.5

Je me suis donné la peine de fouiller ce dossier où le ministère des Transports en arrive à la conclusion qu’il faut permettre une nouvelle traverse de rue sur le parc linéaire du P’tit train du Nord. J’ai rencontré des gens, j’ai posé des questions aux décideurs et je suis allée voir sur place. J’en arrive à la conclusion que depuis le début de cette aventure, on nous a habilement présenté une image déformée de la réalité afin de nous faire avaler une pilule amère.

Tout d’abord je tiens à préciser que je ne m’en prends pas au développeur qui veut construire 12 maisons sur sa terre dans un premier temps. Il est légitime pour un promoteur de vouloir réaliser son projet de la façon la plus rentable et si possible, rentable à court terme. Ce que je questionne, ce ne sont pas les demandes du promoteur, ce sont les réponses des décideurs.

Depuis le début on nous dit que les terrains en question sont enclavés. Or il n’en est rien. Les terrains sont situés du côté de Mont-Rolland et la terre qui appartient au promoteur débouche sur la rue Rolland. On nous dit que c’est par souci environnemental pour éviter «l’abattage de plusieurs arbres de valeur». Je reprends ici les propos du député Claude Cousineau, cités dans le journal Accès du 10 février. Or le chemin qui traverse la terre du promoteur et débouche sur la rue Rolland est complètement déboisé sur une largeur d’au moins 60 pieds. Il est tellement bien déboisé qu’il apparaît sur les cartes du ministère des ressources naturelles, édition 2003. L’abattage d’arbres sera donc nécessaire pour implanter les maisons et non pour tracer un chemin qui existe déjà.

Le député fait également mention «d’harnacher un cours d’eau». Le promoteur ne nous a jamais fait mention qu’il avait l’intention de jouer le rôle du castor ou d’Hydro-Québec. Il est simplement question de traverser un ruisseau à l’aide d’un pont ou d’un ponceau. Le même ruisseau est traversé par la rue du Vieux Puits, à l’aide d’un ponceau et ce, à proximité de la terre du promoteur. Or les résidants nous disent qu’il n’y a jamais eu de problème causé par ce ponceau, même à la crue des eaux.

On nous dit que certains ingénieurs ont visité les lieux et qu’ils parlent d’obstacles quasi infranchissables. SVP, donnez-nous des noms, afin qu’on ne commette pas l’erreur d’engager ces ingénieurs. Le MTQ nous dit que si le promoteur continue son projet, dès la construction de la 13e maison il devra utiliser son chemin qui sort sur la rue Rolland. Autrement dit, tous les arguments invoqués aujourd’hui s’envoleront en fumée lors de construction de la 13e maison. On peut donc conclure que le véritable critère de décision du MTQ, c’est la marge de profit du développeur. C’est d’ailleurs la réponse que m’a fournie l’un des décideurs, à l’effet qu’il serait déraisonnable d’exiger de telles dépenses d’un promoteur pour la construction de 12 unités.

En d’autres termes, le MTQ et la MRC ont mis dans un plateau de la balance la conservation d’un bien public, la sécurité publique, les oppositions des usagers et de tous les organismes que la question touche de près ou de loin, de même que l’opposition formelle du gestionnaire du parc. Dans l’autre plateau de la balance ils ont mis la marge de profit à court terme du développeur et c’est ce plateau qui a fait pencher la balance.

Rappelons le rôle de chacun dans cette aventure. Le ministère des Transports (MTQ) est propriétaire du terrain de l’ancienne voie ferroviaire. Le propriétaire a conclu un bail avec la MRC en 1994, aux fins de développer un complexe récréo-touristique de sports et loisirs de plein-air. La «MRC = locataire» et le «MTQ = propriétaire» ont instauré un comité de gestion du bail, la Corporation du parc linéaire du P’tit train du Nord. Depuis le début de ce dossier le gestionnaire s’est débattu avec vigueur pour faire comprendre au propriétaire et au locataire qu’il ne fallait pas toucher à cette infrastructure sportive et qu’il fallait à tout prix protéger l’intégrité du parc. Devant la situation d’urgence la corporation a demandé un moratoire pour se donner le temps de chercher d’autres solutions. Les décideurs lui ont donné un bonbon, un prix de consolation, un moratoire qui n’inclue pas la seule situation urgente actuelle, mais qui s’adresse à d’autres demandes futures qui n’existent pas pour le moment. Encore une fois, belle technique de désinformation qui vise à faire croire à la population qu’on s’occupe sérieusement du problème.

Qu’en est-il du rôle de la ville de Ste-Adèle? Le 17 novembre 2008, l’ancienne administration a voté une résolution d’appuie à l’aménagement de la traverse. (Résolution 2008-387) On ne peut que le déplorer. Cependant à ce stade-ci, le retrait de cet appuie ne changerait rien à la décision du MTQ et de la MRC. Ce sont eux les décideurs et ils ont balayé du revers de la main tous les avis contraires y compris l’avis du gestionnaire du parc.

Cependant la traverse n’est pas encore là. Il faut continuer la mobilisation citoyenne pour protéger notre joyau, notre parc linéaire reconnu par le National Geographic comme l’un des plus beaux réseaux cyclables au monde (Accès 17 février page 3). Je souligne particulièrement l’intérêt des commerçants de Mont-Rolland dans ce dossier. Par cette décision, le MTQ et la MRC détournent une clientèle qui devrait normalement circuler par Mont-Rolland et ils les font circuler par le secteur Ste-Adèle. Une belle jambette aux commerçants de Mont-Rolland.

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