Running for my Life
Par Josée Pilotte
Après avoir joggé mes péchés estivaux sur le pont Gagliesi, voilà que je jogge la grisaille de novembre sur le sol, froid, de mes rues coutumières. Je me permets cette évasion matinale beau temps mauvais temps, seul moment de ma journée où j’autorise mon esprit à voguer où bon lui semble. Certains matins, il se replie sur lui-même, se met en orbite, laissant ainsi le paysage défiler dans ma tête au rythme de mes pas, de mon souffle. Certains matins, il est là, comme un chien de garde prêt à attaquer, me bombardant de questions, de réflexions, parfois, souvent, d’une nullité à faire peur, mais souvent, trop souvent, il règle mes problèmes à la cadence de mes pulsations.
Je résous, j’éclaire. Je cherche même dans ces mêmes nullités, dans une vie parfois trop essoufflante, une Raison.
Chemin du lac Millette, Saint-Sauveur: l’air frais emplit mes poumons comme les politiciens cherchent à nous emplir actuellement, dans le dernier droit des élections… Je me dis: «Quelle honte, ce débat des chefs», on est carrément dans un dead end. Un dead end de leaders, de projets, d’idées et d’idéaux. Il n’y a rien, rien d’inspirant, rien qui nous élève, qui nous porte ni nous emporte. Rien qui nous envole; on est loin des ailes d’Obama. Peut-on m’expliquer pourquoi les États-Unis qui sont tellement conservateurs réussissent pourtant à rêver d’autre chose? Peut-on m’expliquer pourquoi nous, nous sommes dans un cul-de-sac, pris avec des «mononcles» et une «matante» avec qui on n’a même pas le goût de faire la route? Pantoute.
Rien. Rien qui puisse honorer mon vote. Il est là mon dilemme: j’ai juste le goût de pas aller voter. Pantoute. J’ai juste envie de leur dire, de leur crier mon refus, et combien ils sont ridicules avec leurs cassettes, leur Caisse de dépôt, leur contrebande de cigarettes, leurs bulletins chiffrés… Non mais!, vivent-ils sur la même planète que nous?
À l’heure où l’économie mondiale vole en éclat, vole des jobs, des maisons, des vies, nous, nos «cheufs-cheufs» ils se chicanent sur un passé qui est passé. Pendant que nous on flotte ou bien on jogge – sur le vide des discours creux et des promesses non tenues.
Il est là mon dilemme, entre ma conscience et ma raison. Conscience qui me rappelle qu’il fut un temps pas si lointain où je n’aurais pas pu d’exercer ce droit de vote, pour lequel plusieurs se sont battues, ont perdu la vie… un chemin de croix pour qu’aujourd’hui la féministe que je suis puisse marcher jusqu’aux urnes. Qui sont de plus en plus funéraires.
Et ma raison…? Elle…?? Run Jopi Run…
Angle Jean-Adam / St-Denis, Saint-Sauveur: mes pulsations cardiaques sont au max. Non mais!, c’est-ti pas génial de pouvoir courir chaque matin dans ce décor…
Mais.
Les lampadaires…? Quel gâchis….
Réflexion du moment. Je veux bien être le por-te-voix des citoyens et citoyennes de ma région mais malheureusement c’est pas moi qui vais aller les changer, les lampadaires. Messieurs-Dames, désolée. Pas plus que j’y ferai pousser des vignes pour camoufler leurs laideurs (d’autant plus que je n’ai pas le pouce vert!)
Je vous invite donc à en parler directement à Monsieur le Maire…
Et. Entre vous et moi, il est bien gentil le Monsieur.