Saint-Jérôme demande aux Pays-d’en-Haut de faire mieux
Par France Poirier
Le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, a interpellé les maires des Pays-d’en-Haut, lors de la dernière assemblée du conseil municipal. Il veut que les élus prennent tous les moyens nécessaires pour améliorer leurs installations d’assainissement des eaux.
Le 11 août dernier, les résultats de l’étude sur la qualité de l’eau de la rivière du Nord était rendue publique par Fondation Rivières. Les villes reconnaissaient qu’il restait du travail à faire. « L’eau potable est un enjeu important au Québec pour toutes les villes et municipalités. La Ville de Saint-Jérôme a pris tous les moyens nécessaires avec l’amélioration de notre barrage pour la captation des eaux de la rivière. Le travail exceptionnel en assainissement des eaux nous assure une très bonne qualité dans toute la ville. Un dernier correctif majeur a été réalisé cette année au niveau des surverses avec la réparation du grand correcteur situé au coin de Mgr Dubois et Laviolette. Aujourd’hui, on peut dire que notre rivière du Nord est saine et propice à la pêche puisqu’on ensemence chaque printemps de la truite », a souligné le maire Bourcier.
Sophie Lachance de Fondation Rivières apporte une nuance : « Le fait de pouvoir ensemencer de la truite brune dans la rivière du Nord ne permet absolument pas de déduire que l’eau est saine ou de bonne qualité. À titre informatif, la Ville de Saint-Jérôme a enregistré 229 débordements d’eaux usées entre juin et septembre 2022 seulement. Ces rejets ont définitivement un impact sur la qualité de l’eau de la rivière du Nord, mais ils n’empêchent pas l’ensemencement de poissons. L’impact de ces rejets n’a pas été analysé dans l’étude de 2022, car elle se concentrait principalement sur le potentiel de baignade et d’activités nautiques en amont du centre-ville de Saint-Jérôme.»
Elle ajoute que le centre-ville de Saint-Jérôme a été écarté de l’étude de 2022 précisément parce que l’on savait déjà que le potentiel de baignade y était compromis. « En effet, des sources de contamination persistantes avaient été découvertes en 2021 dans une précédente étude mandatée par la Ville de Saint-Jérôme. Notons que le maire a toujours refusé de dévoiler ce rapport au public », ajoute-t-elle.
« Par respect pour l’environnement »
M. Bourcier soutient que l’eau que Saint-Jérôme envoie à ses voisins, Saint-Colomban et Mirabel, est saine, selon le rapport de l’organisme Fondation Rivières. « Notre rapport n’exonère pas la Ville de Saint-Jérôme par rapport à ces rejets, ni par rapport à son impact sur les villes en aval », précise toutefois Mme Lachance. Le maire a donc interpelé les élus des Pays-d’en-Haut à agir, comme le problème vient du nord.
« Mesdames et messieurs les élus municipaux, je vous demande bien respectueusement de tout faire afin d’améliorer vos installations d’assainissement des eaux. Je sais que purifier adéquatement des rejets d’eaux usées dans la rivière du Nord, c’est sûrement moins flamboyant que de construire des centres sportifs ou des projets d’habitation. Par respect pour l’environnement, pour la santé de vos voisins au sud, c’est la chose à prioriser. D’ailleurs à titre d’exemple, est-ce que vous accepteriez que votre voisin en amont laisse des liquides toxiques ou des écoulements de fosses sceptiques déficientes se déverser dans le petit ruisseau dans lequel vous pêchez votre poisson ? […] Il en coûtera plus cher à Saint-Jérôme afin de la traiter pour le bénéfice de ses 82 000 résidents », a lancé le maire.
Une responsabilité commune
M. Bourcier a rapporté que toutes les villes au nord de Saint-Jérôme, tributaire de la rivière du Nord, ont ce devoir. Elles doivent traiter correctement et impérativement les eaux usées qu’elles rejettent dans le cours d’eau pour le bénéfice de leur population, mais aussi des populations en aval, a-t-il souligné. « C’est notre grande responsabilité environnementale. »
« Toutes les municipalités sont en train de régler la situation », nous indique André Genest, préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut. « Auparavant, le fluvial et les égouts étaient reliés. Avec les coups d’eau comme on connait maintenant, il arrive que ça déborde. Les villes sont en train de les séparer. Celles qui ont un système d’égout dans la MRC des Pays-d’en-Haut sont Sainte-Adèle et Saint-Sauveur/Piedmont qui ont des bassins aérés. Elles travaillent à tout séparer. La situation préoccupent les villes. Sainte-Adèle est en train de travailler là-dessus. »
Il y a eu une première mise à niveau l’an passé à Sainte-Adèle. De plus, maintenant ce sont les équipes municipales qui font la surveillance 24 h sur 24 à l’usine d’épuration, explique Michèle Lalonde, mairesse de Sainte-Adèle. « De faire les corrections nécessaires, ce sont des dépenses de 20 M$. Ça ne peut pas se faire sans subvention. On avait fait les démarches, il y a deux ans, auprès du gouvernement et ça nous avait été refusé. Je ne sais pas s’il trouvait qu’on ne polluait pas assez. Mais là on refait les mêmes démarches et on espère que ce sera accepté. »
Par ailleurs, l’organisme Abrinord a lancé une invitation pour que toutes les villes se rencontrent et travaillent ensemble dans le but de réduire les surverses. « Nous serons présents à cet événement. L’objectif est de voir comment on peut travailler ensemble. Je suis entièrement d’accord avec le maire Bourcier. On s’entend bien et on s’apprécie mutuellement et j’endosse entièrement ce qu’il dit », soutient Mme Lalonde.