Sainte-Adèle : Le dossier de la Croix « est réglé »
Avec des informations d’Alexane Taillon-Thiffeault
La dernière des poursuites judiciaires qui opposaient le Groupe Lupien et la Ville de Sainte-Adèle, et qui touchaient la Croix en haut du Sommet bleu, est terminée. Ainsi, le dossier de la Croix, qui dure depuis presque 20 ans, « est réglé », confirme la mairesse de Sainte-Adèle, Michèle Lalonde.
Cette dernière poursuite était intentée par le Groupe Lupien contre 21 membres passés de l’administration municipale et du conseil municipal, pour 13 M$. « Le juge a rendu son jugement. Tout le monde est exonéré », indique la mairesse. Marc Lupien avait jusqu’au 16 juin pour porter le dossier en appel, ce qu’il n’a pas fait, explique-t-elle. « Je suis très heureuse pour tous celles et ceux qui étaient pris par ces poursuites-là, dont l’équipe du conseil qui était là avant nous, et qui sont maintenant libérés », se réjouit Mme Lalonde.
Celle-ci rappelle que, parmi les personnes poursuivies, certaines sont maintenant décédées. L’ex-conseiller municipal Gary Kenneville a été assassiné en 2012. Jean-Paul Cardinal, maire de 2001 à 2007, est décédé en 2015 des suites d’un cancer. C’est donc leur succession qui était encore en litige.
« L’acrimonie et la haine »
Tout commence au début des années 2000, lorsque l’homme d’affaires Marc Lupien acquiert les terrains en haut du Sommet bleu, où se trouve une croix illuminée, érigée en 1927. M. Lupien y fait construire sa résidence, et une servitude donne à la Ville un accès à la Croix pour son entretien. Puis la Ville demande à M. Lupien de réaménager la voie d’accès. Celui-ci le fait à ses frais, mais en suivant un autre tracé que celui de la servitude, tandis que la municipalité insiste pour que le tracé d’origine soit respecté.
À travers les décennies, le conflit s’envenime alors que d’autres éléments posent litige entre les deux partis. Durant les 19 années qu’a duré ce dossier complexe, il y a eu de multiples poursuites, contre-poursuites et des décisions portées en appel, au point où il était difficile de s’y retrouver. Dans une décision en 2016, le juge Jean-Yves Lalonde écrivait : « Nous sommes tout au plus en présence d’un antagonisme inflationnaire, nourri par l’acrimonie et la haine que se vouent les deux parties. »
Selon Mme Lalonde, la Ville de Sainte-Adèle a dépensé autour de 2,4 M$ en frais judiciaires dans cette affaire. M. Lupien aurait lui aussi dépensé autour de 2 M$ en frais d’avocats.
« Laisser la justice suivre son cours »
« Ça faisait quand même quelques mois qu’on savait qu’il y avait probablement quelque chose qui s’en venait. M. Lupien, je pense qu’il est tombé malade. Il y avait quelques rumeurs dans la ville qu’un règlement [du dossier] s’en venait et qui serait vraiment gagnant pour les Adélois », explique Nadine Brière, mairesse de Sainte-Adèle de 2017 à 2021, et candidate à la mairie pour 2025.
Mme Brière était parmi les personnes poursuivies personnellement par le Groupe Lupien dans le dossier de la Croix. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle avait décidé de ne pas se présenter pour un second mandat, en 2021. En entrevue à l’époque, elle estimait avoir reçu la visite de huissiers à 22 reprises pendant ses 4 années en fonction. « C’est toujours le vendredi soir, à l’heure du souper. Souvent, ce sont les enfants qui vont répondre », avait-elle raconté, qualifiant la situation d’intimidation.
« J’aurais aimé ça, régler ce dossier-là pendant que j’étais assise à la mairie », confie aujourd’hui Mme Brière en entrevue. « Malheureusement, il y a tout le temps eu quelque chose qui faisait que ça ne fonctionnait pas. Il n’y avait pas d’entente. »
Pour régler le dossier, la mairesse actuelle, Mme Lalonde, a misé sur la patience et le temps, explique-t-elle. « Lorsqu’on a été élus et qu’on nous a présenté le dossier, on nous a suggéré, et on a entériné ça, de ne pas négocier avec [M. Lupien]. C’était plutôt de laisser la justice suivre son cours. » Auparavant, il y avait eu « beaucoup de tentatives d’arbitrage et de médiation qui ne donnaient jamais rien », rappelle la mairesse.
« Je pense qu’on va pouvoir passer à d’autres choses », conclut Mme Lalonde.
Nous ne sommes pas parvenus à rejoindre M. Lupien pour obtenir ses commentaires avant d’envoyer sous presse.