Salle de spectacle à Saint-Sauveur : La population sera consultée
Le conseil municipal de Saint-Sauveur a adopté un premier projet de règlement pour le changement de zonage pour la construction de la salle de spectacle du Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS). Une consultation publique aura lieu le 14 mars pour présenter le projet et répondre aux questions des citoyens. La résolution n’a pas passé sans controverse, alors que trois conseillers sur six voulaient reporter le point. C’est le maire, Jacques Gariépy, qui a tranché.
« On est très contents que le conseil ait adopté le changement de zonage. Ç’a été mouvementé, mais on a vu que beaucoup de personnes soutiennent le projet. Les gens ont posé des questions pertinentes, mais l’important est de se baser sur des faits et sur ce qu’on sait », affirme Étienne Lavigne, directeur général du FASS.
Ce projet a soulevé plusieurs questions chez les citoyens et certains conseillers au cours des derniers mois. Entre autres, la conseillère municipale Geneviève Dubuc a publié une vidéo sur Facebook à ce sujet.
Historique
En avril 2021, la Ville et le Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS) ont signé une entente. Dans celle-ci, la Ville s’engage à céder un terrain au FASS derrière le chalet Pauline-Vanier, au centre du village. En échange, le FASS construit à ses frais une salle de spectacle, nommé le Centre des Arts de Saint-Sauveur.
Toutefois, depuis l’automne, des conseillers souhaitent changer l’emplacement de cette salle. Dans sa vidéo notamment, Mme Dubuc déplore la hausse de la circulation dans le village et le manque d’espaces de stationnement pour accueillir le public. Elle se préoccupe aussi du fait qu’il n’y a pas d’études de marché à l’heure actuelle.
Le conseiller Luc Martel a la même opinion. « Depuis le début, je suis pour la salle de spectacle. Je suis musicien moi-même. Mais on doit analyser l’endroit choisi. […] Avant d’aller de l’avant pour un changement de zonage, il faut faire nos devoirs », a-t-il mentionné au Journal. Selon lui, il y aurait d’autres terrains intéressants à Saint-Sauveur qui seraient mieux placés pour la salle.
« Avant d’aller de l’avant pour un changement de zonage, il faut faire nos devoirs. » – Luc Martel, conseiller municipal
Pendant ce temps, le FASS poursuit ses démarches depuis la signature de l’entente pour aller de l’avant avec cette salle. Il a notamment obtenu l’appui de la MRC des Pays-d’en-Haut et du gouvernement du Québec qui lui a accordé une subvention de 50 000 $ pour la troisième phase de la création du centre des arts.
Stationnement et circulation
Dans sa vidéo, la conseillère Mme Dubuc indique qu’il faudrait 300 cases de stationnements supplémentaires dans le village afin d’accueillir le public, comme la salle compterait 592 sièges.
« Si on compte environ 300 cases de stationnement qui doivent être construites, ça prend assurément de l’espace à côté du parc [John-H.-Molson]. Ce n’est pas avec le stationnement actuel qu’on va avoir assez de place pour tout le monde qui va venir. Ça enlèverait des espaces verts, donc plus d’îlots de chaleur, ce qui va contre notre Plan d’action pour l’environnement », souligne-t-elle. Elle ajoute que ce sont les citoyens qui devront payer la facture des stationnements par leur taxe.
La conseillère déplore aussi que la Ville ou le FASS n’a fourni aucune analyse de circulation. « C’est quoi le réel impact d’avoir ces voitures supplémentaires qui vont circuler – autres que les deux semaines [du Festival des Arts] auxquelles on est habitués ? », se demande Mme Dubuc.
Selon le maire, les gens n’ont jamais manqué d’espaces de stationnement lors du FASS qui a lieu chaque été depuis 25 ans pendant deux semaines. « On utilise comme stationnements la cour d’école, l’espace derrière l’hôtel de ville, derrière l’église. Tout ça, c’est pour le public », affirme-t-il. Ainsi, il n’y a pas d’autres espaces de stationnement prévus pour la salle de spectacle.
Il affirme aussi qu’il n’y a jamais eu de problème non plus au niveau de la circulation lors du FASS. « Ce n’est pas comme si on mettait la salle à un autre endroit dans la ville. Là, ça prendrait une étude pour voir comment la circulation réagit. Mais à cet emplacement, on le sait comment ça réagit », soutient M. Gariépy.
« Le festival a lieu durant la période la plus achalandée de l’année, durant les semaines de la construction. Notre étude, on l’a déjà. En plus, on va récupérer des places de stationnement avec la cour de l’école La Vallée. Puis, il faut se rappeler que les spectacles ont lieu à 20 h en soirée », ajoute M. Lavigne.
Rentabilité de la salle
Geneviève Dubuc indique aussi qu’aucune étude de rentabilité n’a été réalisée. « Présentement, on a plus de 60 000 $ qui est donné par la Ville au FASS pour deux semaines de spectacle. Combien vont-ils demander par la suite quand la salle sera prise en charge et soutenue en partie par la Ville ? Combien ça va coûter aux citoyens ? », rapporte-t-elle.
Le directeur du FASS soutient que l’organisme a réalisé une étude de faisabilité et l’a envoyée aux membres du conseil. « Cette étude fait un diagnostic entre autres du territoire et de la population, de la culture de la région, des modes de gouvernance et de gestion, du modèle d’affaires, des couts d’opération et des impacts du projet et de comment atteindre un budget balancé », explique M. Lavigne.
M. Gariépy indique d’ailleurs que la Ville pourrait modifier l’entente sur la question de la gestion et l’opération de la salle. « Ce sera aux opérateurs à payer les frais d’opération, pas à la Ville. On en a fait part au FASS et à date, je pense qu’ils seraient d’accord pour modifier l’entente. »
Johanne Martel est résidente de Saint-Sauveur depuis une trentaine d’années et siège sur les comités culturels de la MRC des Pays-d’en-Haut et de Saint-Sauveur. Selon elle, il sera facile d’aller chercher des gens pour se produire, tout comme le public. « Saint-Sauveur, c’est une destination comme telle. Les gens viennent manger et pour faire plein d’activités. Je suis sûre que ça va très bien se rentabiliser », dit-elle. « Les choses vont se créer. C’est ça la culture. »
Les commerçants en faveur
Selon Annie Drouin, directrice de la Chambre de commerce et de tourisme de la Vallée de Saint-Sauveur, il est nécessaire que la salle de spectacle soit au coeur du village. « Les gens vont vivre une expérience de sortie. Si on regarde à Saint-Jérôme, le Théâtre Gilles-Vigneault a permis un renouveau dans le centre-ville », indique-t-elle.
« Notre inquiétude, c’est que ça ne se fasse pas. » – Annie Drouin, directrice de la Chambre de commerce et de tourisme de Saint-Sauveur
Mme Drouin affirme d’ailleurs que la Chambre est « prête à collaborer en partie, en totalité ou en partenariat » pour la gestion de la salle de spectacle. « On fait déjà la production d’évènements. On est prêt à offrir notre expertise et notre savoir-faire pour la portion spectacle, peu importe la forme que cela prendra », affirme-t-elle.
Puis, selon la directrice, la salle de spectacle va bonifier l’offre de spectacles et d’évènements de la Chambre. « Ça va nous permettre de financer des artistes qu’on ne pourrait pas se permettre comme nos évènements sont gratuits », ajoute-t-elle.
Geneviève Dubuc n’a pas souhaité émettre d’autres commentaires sur ce vidéo, à la suite d’une demande d’entrevue du Journal.
« Je souhaite informer et échanger avec le plus de personnes possibles puisque des sujets complexes sont souvent trop simplifiés par des citoyens sans prendre en compte involontairement une grande partie des impacts sous-jacents. Plus on partage, plus on pousse à la réflexion et compréhension de certaines enjeux complexes réel. J’essaie de penser à plus long terme possible pour les générations d’aujourd’hui, mais surtout de demain », a-t-elle répondu par écrit.
La population consultée
Bien que le conseil ait adopté le premier projet de règlement, le directeur général, Jean-Philippe Gadbois, a rappelé que le processus de changement de zonage dure trois mois. « Les gens qui sont contre auront différentes façons de se manifester », a-t-il indiqué.
La consultation publique sur la salle de spectacle à Saint-Sauveur aura lieu le 14 mars prochain. Ce sera l’occasion pour les citoyens de poser leurs questions sur le projet. Les gens du FASS seront aussi présents.
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