Sentiers de plein air : Un fragile équilibre à trouver

Par Luc Robert

À l’heure où l’accès à des sentiers natures est de plus en plus revendiqué dans les Laurentides, la Ville de Sainte-Adèle reçoit de plus en plus de demandes de citoyens d’autres municipalités, voulant savoir comment elle s’y est prise pour acheter le Parc du Mont Loup-Garou.

« La Ville de Sainte-Adèle fait des pieds et des mains pour entretenir un beau réseau : nous avons fait l’acquisition des terres du Mont Loup-Garou, afin de palier à l’éventuelle perte (de ceux) du Chantecler. Bien entendu, la bataille ne s’arrête pas là, nous devons être vigilants. Il faut travailler avec les promoteurs et en partenariat avec Plein Air Sainte-Adèle (PASA), pour mieux évaluer les solutions possibles. Il faut aussi mettre à la disposition de notre département d’urbanisme une boite à outils (règlements, ressources humaines, ressources matérielles) pour protéger notre ADN », a souligné la mairesse adéloise, Nadine Brière.

La mairesse de la Ville de Sainte-Adèle, Nadine Brière, croit qu’il faut être vigilant lorsqu’il est question de sentiers de plein air sur des terrains privés. Photo : Archives

« Nous recevons à la Ville des demandes de l’extérieur, pour savoir comment procéder. Il n’y a pas de recette magique. C’est du cas par cas. Les gens commencent à comprendre qu’on ne peut pas faire des sentiers n’importe où. Si ce n’est pas balisé, par Forêt Héritage (Prévost et Sainte-Anne-des-Lacs) ou par PASA chez nous, il y a de fortes chances que vous vous trouviez sur un terrain privé », a-t-elle précisé.

Envers de la médaille

Si les citoyens prennent graduellement conscience des limites, les craintes ont déjà fait leur œuvre auprès des propriétaires.

« Le dossier du développement du Mont Habitant (…) a des répercussions (jusqu’à) Sainte-Adèle. Avec le temps, plusieurs citoyens se sont aventurés sur des terrains privés, pour développer des sentiers de marche, de la raquette ou du vélo. Au début, cette situation était bien anodine, puisque les sentiers étaient pour quelques citoyens du secteur. Mais aujourd’hui, la notion de terrain privé et la popularité de certains réseaux inquiète », constate Mme Brière.

« Les débats que nous entendons depuis quelques semaines (développement du Lac Jérôme et du Mont-Habitant), rendent certains propriétaires nerveux. Est-ce que dans le futur, ils vont voir un projet immobilier, ou tout autre changement de zonage, bloqué par les utilisateurs de cette terre ? La situation est loin d’être évidente. Prendre des marches sur un terrain privé, faire des sentiers sans autorisation et tenir pour acquis que les terrains seront toujours ainsi, c’est aussi un manque de respect pour le propriétaire des lieux. On doit être respectueux, parce que nous risquons forts de vivre avec des réseaux où les accès seront bloqués, sans aucun recours », a mis en garde la mairesse.

Futures fermetures ?

Si plusieurs propriétaires de lots ont fait part de leurs craintes aux élus, aucun n’a voulu parler publiquement de la situation avec le journal, de peur d’ajouter de l’huile sur le feu. « Comme propriétaire, accepteriez-vous de voir des gens sur votre terrain, sans invitation ? J’en doute. (…)  Vous ne pouvez pas tenir pour acquis qu’un réseau local est légal, vous ne pouvez pas vous indigner devant le droit du propriétaire de vouloir utiliser son bien, si le zonage est permis. PASA entretient pas moins de 200 km de sentiers de plein air : il y a de fortes chances que le réseau en arrière de chez vous soit un réseau de PASA, avec des autorisations de passage. Toutefois, il est possible que le terrain soit privé et que le propriétaire paie des taxes à la Ville, sans même avoir donné une autorisation pour le développement de sentiers », a-t-elle rappelé.

Ignorer les consignes peut mener à des interdictions déjà vues. « La situation particulière des villes voisines met en danger d’autres réseaux, parce que les propriétaires pensent à fermer leur accès, afin de ne pas avoir (à tenir) un débat futur. On se rappellera qu’à Sainte-Adèle, la piste Adéloise-Est a été fermée par un propriétaire, il y a 13 ans, justement parce qu’il ne souhaitait pas avoir de débat avec la Ville un jour. »

Équilibre

La situation actuelle est inquiétante : élus et citoyens doivent trouver un équilibre. « Lors de l’AGA de la SOPAIR, une citoyenne de notre MRC mentionnait vouloir avoir des sentiers de proximité, dans chaque secteur de sa ville. Je suis en accord avec elle, mais aussi lucide : pour plusieurs secteurs, il est trop tard. Qu’ils soient légaux ou pas, il est impensable d’exiger d’une ville de récupérer un réseau, lorsque celui-ci fait plus de 10% de la terre en question. Nous vivons dans un grand parc habité, entouré d’espaces verts, qui sont très souvent des terres privées. On doit trouver un équilibre pour avoir un développement durable de notre ville, mais aussi de notre région. Il est faux de croire que d’ici 20 ans le paysage sera identique, mais nous devons voir à une meilleure planification du développement immobilier. »

2 commentaires

  1. L’envie d’avoir un chèque en guise de taxe de parc plutôt que d’étaler celle-ci au gré des phases de développement d’un projet fait en sorte de diminuer les sentiers développés et cédés. Cela fait maintenant 16 ans (dont 12 à Mme Brière) que nous le répétons sans succès…

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