Un projet d’école secondaire privée mijote à Tremblant
Par nathalie-deraspe
Depuis 2006, un site Internet tente de recruter de la clientèle étudiante pour un collège privé qui devrait voir le jour au cœur de Tremblant. Un vaste terrain situé entre le golf Le Diable, le lac Ouimet et le Domaine Saint-Bernard acquis en décembre dernier, nous laisse croire que le projet ira de l’avant.
Le futur établissement n’a pas encore obtenu le feu vert de la ministre Courchesne et pour le moment, aucune demande d’agrément n’a été acheminée au ministère de l’Éducation, du loisir et du sport. Mais le Syndicat des enseignantes et enseignants des Laurentides n’a pas attendu pour signer une résolution en sa défaveur et inviter la Commission scolaire des Laurentides a faire de même.
À l’heure où les négociations piétinent et où les enseignants réclament qu’on réduise une fois pour toutes le nombre d’élèves par classe, un tel projet est perçu comme une véritable gifle dans le milieu.
Comme on le sait, Jean Charest avait promis de réduire la taille des classes lors de sa campagne électorale en 2003. Sept ans plus tard, les enseignants attendent toujours. «Il n’est pas question de voir un collège privé s’installer dans la région, lance la présidente du SEEL, Krystine Lessard. Le chef de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, va lui-même porter le dossier à la ministre Courchesne au cours des prochains jours.»
Un projet décrié
Considérant le haut taux de décrochage et le niveau élevé de pauvreté sur le territoire de la Commission scolaire des Laurentides et le peu de ressources matérielles et financières attribuées aux élèves, le projet s’avérerait une concurrence déloyale vis-à-vis les écoles publiques estime le SEEL. Le Syndicat rappelle que le gouvernement finance l’enseignement privé à hauteur de 60 % et réclame rien de moins que l’abolition de cette mesure élitiste.
La Commission scolaire des Laurentides croit pour sa part que l’arrivée du Collège international de Mont-Tremblant causera préjudice à la mission de valorisation de l’école publique et nuira à son taux de persévérance. Les élèves les plus doués pourraient en effet être tentés de faire le saut vers le privé, d’autant plus qu’ils pourraient bénéficier d’une bourse scolaire.
Le site du Collège international de Mont-Tremblant laisse présumer que l’établissement est déjà en fonction. Un numéro de téléphone y est même associé.
Le projet a été lancé par l’architecte concepteur Jacques O’Keefe et est chapeauté par le Collège Letendre de Laval. Joint au téléphone, M. O’Keefe soutient que le futur établissement n’entend pas compter sur les subsides du gouvernement. Selon la Commission scolaire des Laurentides, l’établissement pourrait dispenser l’enseignement secondaire dès l’année scolaire 2010-2011.
Afin d’améliorer le sort des élèves inscrits au réseau public et favoriser la réussite scolaire, les 1000 enseignants du SEEL prônent une amélioration des services aux élèves en difficulté, la réduction du nombre d’enfants par classe et le rehaussement de leurs conditions de travail. Encore aujourd’hui, près de 45% du personnel enseignant est à statut précaire.