(Photo : Courtoisie)
Des sentinelles en formation pour l'organisme Prévoyance envers les aînés des Laurentides.

Le visage du bénévolat a changé

Par France Poirier

Les organismes ont de plus en plus de difficultés à trouver des bénévoles. Avec des budgets restreints, ils ont absolument besoin de cet apport des bénévoles.

L’organisme La rencontre offre un service d’accueil et de références pour venir en aide aux personnes qui vivent avec des problèmes comme la violence, l’alcoolisme, la toxicomanie, l’isolement, la pauvreté, etc. De plus, il rend accessible son centre communautaire à différents groupes d’entraide (AA, NA). La Rencontre propose différentes activités hebdomadaires à la communauté : cuisine solidaire, popote roulante, dîner communautaire, comptoir alimentaire, en plus de certaines activités et sorties spéciales au cours de l’année. Le café, téléphone, télécopie et internet sont gratuits. 

« Pour certaines activités ponctuelles comme La Guignolée, on trouve facilement des bénévoles, même qu’il nous arrive d’en avoir trop. Par contre, pour nos activités régulières, il est très difficile de trouver des bénévoles. J’ai dû engager une personne pour distribuer la popote roulante alors qu’auparavant c’est un bénévole qui s’en occupait », explique Lyne Charuest, directrice de l’organisme La rencontre de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.

Pour certains événements, elle souligne avoir besoin de bénévoles. Par exemple, lors du dîner communautaire les mercredis, la directrice n’a trouvé personne pour faire le service, alors elle doit le faire moi-même. « Puis, pour le comptoir alimentaire le jeudi, j’aurais besoin d’au moins deux bénévoles. Avoir plus de bénévoles, ce serait bien ! », ajoute Mme Charuest.

Il y a neuf ans, quand elle est arrivée au sein de l’organisme, elle avait des bénévoles qui venaient de prendre leur retraite. Mais aujourd’hui, ils sont plus âgés et ne s’impliquent plus ou s’impliquent moins. Comme elle explique, les jeunes familles ont des activités avec leurs enfants la fin de semaine et travaillent à temps plein. « Ils n’ont pas le temps pour du bénévolat au sein d’organismes comme le nôtre. Nos plus jeunes retraités, ils font autre chose, ils sont moins intéressés par le bénévolat », ajoute-t-elle.

La pandémie a eu ses effets

Lyne Charuest explique les effets qu’a eu la pandémie sur plusieurs organismes. « Les personnes retraitées de 70 ans et plus n’ont pas eu le choix. Même si elles étaient en forme, elles ne pouvaient pas entrer dans les organismes durant la pandémie. On leur disait de rester à la maison. Souvenez-vous au début », souligne-t-elle.

Ainsi, quand la pandémie s’est estompée, ils avaient pris l’habitude de faire autre chose que du bénévolat, alors plusieurs organismes ont perdu des bénévoles. « La pandémie nous a nui à 1000 %. J’en ai eu des bénévoles pendant la pandémie. Ce sont des jeunes qui ne travaillaient plus ou qui étaient en télétravail qui s’impliquaient. Ils venaient m’aider. Mais depuis que le travail a repris en présence, ils ne viennent plus », explique-t-elle.

Les aînés, selon Mme Charuest, font plus d’activités entre aînés plutôt que du bénévolat. « Les nouveaux retraités font des voyages, des activités ou retournent sur le marché du travail. Certains ont de la difficulté à joindre les deux bouts. C’est mieux de faire 10 heures payées plutôt que du bénévolat. Pour garder mes employés, j’ai dû les augmenter, mais j’ai aussi dû couper un poste. » Selon elle, la plupart des organismes manquent de bénévoles.

Briser l’isolement et se sentir utile

Pour Michael Leduc, directeur général de la FADOQ Laurentides, le bénévolat est un enjeu chez les aînés. « En général, les aînés répondent bien. Ça leur permet de s’impliquer, de sortir de la maison. C’est un double effet. C’est bon pour la communauté et c’est bon pour le bénévole », rappelle Michael Leduc. Il y a de plus en plus de retraités qui sont en forme physiquement et allumés intellectuellement et qui peuvent aider.

« Ils sont interpellés dans différentes activités pour les aînés, mais aussi dans des activités intergénérationnelles. Avec la FADOQ, on tend à créer des ponts avec les autres générations. Souvent, les aînés sont bien reçus par les enfants, les adolescents. On organise des activités et ces derniers répondent bien. Ils sont heureux de s’impliquer avec des aînés. Souvent, les adolescents ont des perceptions plus simplistes des aînés et quand ils les rencontrent, ils découvrent toute la richesse des aînés et apprécient l’échange d’expérience avec eux », nous confie M. Leduc.

Selon le directeur, le bénévolat comme tel est le plus gros changement que l’on ressent au fil des années. Les gens veulent faire du bénévolat de façon ponctuelle, mais ils ne sont pas toujours prêts à s’engager de façon régulière. « Les retraités apprécient la liberté de profiter. Plusieurs sont impliqués dans leur famille, soit pour du gardiennage des petits-enfants ou même comme proches aidants. Avec le vieillissement de la population, ça va continuer d’être un enjeu de société », estime M. Leduc. 

Des sentinelles à la rescousse

L’organisme Prévoyance envers les aînés des Laurentides a pour mission d’améliorer la qualité de vie des aînés par des activités de prévention, de sensibilisation, d’information et de sécurisation envers les aînés qui vivent une situation de vulnérabilité.

Gilbert Lafrenière en est le directeur général. Ancien policier, il a été à la Sûreté du Québec durant 34 ans, dont directeur du poste de la Sûreté du Québec de la MRC des Laurentides. « Outre le conseil d’administration qui sont des bénévoles, nous avons nos sentinelles. Nous en avons 38 qui sont pour la plupart des retraités du milieu de la santé ou de l’éducation », explique M. Lafrenière.

Pour devenir sentinelles, ils doivent suivre une formation de base de deux jours. Évidemment, il y a une vérification au niveau judiciaire. Comme ils doivent aller chez des gens, il est important qu’ils n’aient pas de casier. Il y a quatre journées de formation continue par année pour bien connaître les services offerts dans la région pour les aînés.

« On veut qu’ils puissent orienter la personne aînée selon ses besoins. Chaque sentinelle est appelée trois ou quatre fois par mois sur appel. Ils nous font connaître leurs disponibilités. Ce n’est pas à chaque semaine. Ce sont des bénévoles qui travaillent pour se rendre chez une personne qui vit une situation quelconque et contactent le service approprié. Pour nous, ce n’est pas un enjeu de trouver des bénévoles. Nous en avons 38 qui couvrent quatre MRC : Argenteuil, Laurentides, Pays-d’en-Haut et Antoine-Labelle », ajoute-t-il.

Par exemple, dans les Pays-d’en-Haut, ils en ont une douzaine et c’est suffisant pour le nombre d’appels qu’ils reçoivent. « Nos bénévoles ne se sentent pas accaparés. S’ils quittent pour des vacances, ils ne se mettent pas disponibles. Ils n’ont pas à être présents dans un organisme toutes les semaines », confie Gilbert Lafrenière.

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