Mouvement pour la Protection de la Nature adéloise : Les citoyens se mobilisent
Des citoyens adélois engagés ont créé le Mouvement pour la Protection de la Nature adéloise (MPNA). Ce mouvement apolitique a pour objectif de rassembler la communauté et les autorités locales afin de faire de la préservation des espaces naturels et de la biodiversité une priorité essentielle.
Le MPNA a été lancé par Benoit Huard, un comptable professionnel agréé retraité qui réside à Sainte-Adèle depuis plusieurs années. On compte maintenant 150 membres sur le groupe Facebook du mouvement.
Des revendications importantes
Avec seulement 1 % du territoire naturel actuellement protégé à Sainte-Adèle, le MPNA appelle à un changement de paradigme. Ses revendications incluent, entre autres, la protection d’au moins 30 % des espaces naturels locaux, en ligne avec les objectifs du Québec, du Canada et de l’ONU. On demande aussi l’instauration immédiate d’un moratoire sur tout développement nécessitant la destruction de milieux naturels significatifs, tant en qualité qu’en quantité, ainsi que la création d’un plan d’action clair, élaboré en concertation avec les citoyens, pour garantir la conservation des écosystèmes et des corridors écologiques.
M. Huard a réalisé un recensement de ce qui reste comme territoire naturel à Sainte-Adèle, donc des territoires qui ne sont pas occupés par les humains. Il arrive à un constat alarmant selon lui, et c’est qu’il ne reste environ que 40 % du territoire qui est à l’état naturel.
« Si notre objectif, c’est de préserver au moins 30 %, il n’en reste pas beaucoup plus actuellement. Et de ce 40 % là, il y a environ 30 % qui est détenu par des intérêts privés. Donc ce qu’il reste, soit un peu moins que 10 %, c’est détenu par le gouvernement du Québec. Mais on ne sait pas ce que le gouvernement pourrait faire avec ça. Donc, à partir de ce constat-là, on arrive rapidement à la conclusion que, si on veut moindrement pouvoir choisir les milieux naturels qui sont les plus intéressants pour la protection, il ne faut pas attendre qu’il nous reste juste 30 %, parce qu’on n’aura plus rien à choisir. », détaille-t-il.
Un mouvement positif
Selon Benoit Huard, le MPNA se veut positif. « Je m’aperçois qu’il y a beaucoup de citoyens, surtout sur les réseaux sociaux, qui critiquent constamment la perte des espaces naturels, etc., et j’ai trouvé que l’expression de cette frustration-là était malheureusement trop souvent négative et perçue négativement aussi par ceux qui en prenaient connaissance », explique-t-il. Selon lui, l’idée derrière le mouvement est d’essayer de mettre en place une mobilisation citoyenne plus positive et efficace.
Il souligne également l’importance de la préservation de la nature pour les générations futures. « Quand je vois la nature se dégrader comme ça, ça m’interpelle, parce qu’on va leur laisser un monde dans lequel ils ne pourront pas bénéficier de la nature comme nous on a pu en bénéficier. Je pense que la principale règle, c’est de laisser l’environnement, la nature, dans un état au moins aussi intéressant pour ceux qui vont suivre que celle qu’on a connue », dit-il.
Collaboration importante
M. Huard précise que la collaboration est importante pour le mouvement, et que le but n’est pas d’aller à l’encontre des personnes qui veulent, par exemple, faire du développement immobilier. Le citoyen croit qu’il sera possible de bien s’entendre avec les élus de Sainte-Adèle, mais aussi avec les propriétaires fonciers, tout en faisant des revendications dans un esprit de collaboration.
Mais ce dernier soulève une question : « Est-ce qu’il y a moyen de faire du développement sans détruire la nature ? Il faudra sans doute que le développement soit un peu plus limité, pas aussi envahissant, disons, que celui qu’on a connu dans les dernières années. Donc, mettons un stop pour le moment, puis prenons le temps de prendre du recul, d’évaluer les choses, d’élaborer un plan d’action qui va convenir à tout le monde. Puis à partir de là, on pourra déterminer le développement qui est encore possible. C’est sûr qu’à long terme, ça ne peut pas être illimité le développement non plus, parce que si on pousse ça à l’extrême, la nature, il n’y en aura plus du tout », mentionne-t-il.
Pour la suite des choses, le MPNA compte tous les moyens d’action à sa disposition, incluant des outils de communication, l’appui massif des citoyens, d’organismes et de personnalités afin de fédérer toutes les parties autour d’un projet commun. M. Huard conclut en soulignant son amour pour la ville de Sainte-Adèle. « On a un historique de représenter un milieu naturel, puis je pense que c’est ça qu’on veut préserver ».