(Photo : Marc Sauvageau)
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Concours de slam : le courage et l’audace des mots

Par Simon Cordeau

Dans l’auditorium rempli de la Polyvalente des Monts, à Sainte-Agathe, on sent l’excitation des spectateurs et la fébrilité des candidats. Pour les enseignants, c’est un peu difficile d’établir le silence. Bientôt, des élèves de première secondaire monteront sur scène. Devant leurs pairs, ils livreront le slam qu’ils ont préparé.

« Ça demande beaucoup de courage et d’audace. Il y a des élèves assez timides qui vont performer aujourd’hui », explique Héliade Paquette, enseignante de français en première secondaire. L’artiste en résidence Marc Sauvageau, l’enseignante Linda Pouliot et elle ont organisé le concours de slam, dont c’est la finale aujourd’hui. Les élèves de première secondaire passent ce midi, puis ceux de deuxième secondaire passeront un peu plus tard. Il y a aussi deux groupes de communications, deux d’adaptation et un de cinquième secondaire parmi les participants.

« La quête du mot juste »

« C’est vraiment épatant. Chaque fois qu’on part avec des projets comme ça, il y a toujours un petit doute. Tu ne sais pas s’ils vont embarquer ou pas. Mais ils embarquent toujours », raconte Marc. Dans chaque groupe, l’artiste a introduit les élèves au slam, puis les a amenés à écrire et à pratiquer, avant de présenter le fruit de leur travail devant la classe. « Les jeunes ont choisi dans leur groupe les deux ou trois meilleurs, pour les représenter en finale. »

Marc s’étonne encore du sérieux avec lequel les élèves font l’exercice. Héliade abonde dans le même sens. « Je pense que quand ils comprennent que la musique est de la poésie, c’est là que ça embarque. Étonnamment, on a beaucoup de garçons en finale. » Des élèves qui ont de la difficulté à écrire, par exemple, trouvent un plaisir nouveau à faire leur texte et à l’interpréter.

« La beauté du slam, c’est la liberté. Il n’y a pas de thématique. Oui, c’est une forme poétique, mais il n’y a pas de figure de style imposée », explique Marc. Il n’y a aucune contrainte, ni de longueur, ni de rimes nécessaires. L’objectif, c’est de passer ton message. « Là-dedans, je pense, c’est la quête du mot juste. C’est ça la poésie : trouve-moi le mot le plus fort, l’image la plus puissante, pour dire ce que tu veux dire. »

Se livrer

Damien Vaillancourt et Félix Larocque ont remporté le prix du public, avec leur texte humoristique Les piments.

Dans l’auditorium, c’est le moment pour les candidats de première secondaire de monter sur scène. Certains hésitent, se perdent dans leur texte, s’arrêtent à cause de l’émotion. Quelques-uns s’étonnent du public qui les attend. D’autres livrent leur slam en duo, lisant les passages forts en choeur ou en s’échangeant le micro. Tous suscitent l’admiration pour se livrer ainsi devant leurs pairs.

Les thèmes touchent à l’école, son ennui et son quotidien; au passage du temps, la vieillesse et la maturité; à la discrimination; aux sentiments et aux émotions, leur avalanche ou les noeuds dans le ventre qu’ils provoquent.

Certains élèves parlent de leurs blessures avec vulnérabilité : de la dépression, de la fatigue, de l’anorexie et de l’automutilation, de l’anxiété et du rejet, de leurs drames familiaux. « C’est très intense. Parfois ils se livrent. Sur scène, ils racontent des trucs tellement personnels. On entre dans leur intimité par moments. D’autres font plus léger, plus humoristique, ou font des exercices de style. C’est impressionnant de voir ce qu’ils peuvent sortir, ce qu’ils osent dire », souligne Marc. « Ça leur permet aussi de dire correctement ce qu’ils ont sur le coeur », ajoute Héliade.

Gagnants

Après les performances et des applaudissements bien nourris, c’est le temps pour les spectateurs de voter pour leur coup de coeur. Damien Vaillancourt et Félix Larocque remportent le prix du public, avec leur texte humoristique, original et scatologique Les piments, qui a étonné et fait rire la foule.

Aurély Ouellette a gagné le prix du jury. Elle a livré avec rythme et aplomb son texte L’importance de ma différence.

Aurély Ouellette gagne le prix du jury avec son texte L’importance de ma différence. Accompagnée au piano, elle a livré sa performance avec un rythme, un aplomb et une intensité désarmante. Jaëve Léonard s’est méritée le prix de la persévérance. Son texte La dépression était un témoignage touchant et personnel qu’elle a livré avec vulnérabilité. Béatrice Meloche et l’équipe d’Émile Dubuc, Tristan Coutu et Alexis Renaud ont aussi reçu un prix de participation en reconnaissance de leurs efforts.

En finale de deuxième secondaire, Cédric Thiffault a gagné le prix du public. Émile Dupuis a remporté le prix du jury. Nathan Bellerive et Guillaume Campeau ont reçu le prix de la persévérance. Jade Villecourt et Félicia Lajeunesse se sont mérité un prix de participation.

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