Budget provincial
Par Thomas Gallenne
« Un bien petit pansement sur une grande plaie! » – Linda Déry
Le budget provincial déposé le 28 mars dernier par le gouvernement Couillard ne semble pas avoir convaincu les organismes communautaires de la région. « Il n’a rien d’un budget de l’espoir pour nous et les services publics », a lancé d’entrée de jeu Linda Déry, coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL).
Celle-ci affirme que « les 4 milliards de coupes et de mesures d’austérité depuis trois ans ont laissé des traces, des plaies profondes dans le terreau de la solidarité et de la justice sociale ».
Pour l’organisme régional, ces plaies se manifestent par des pertes et des diminutions d’accès de services directs pour la population des Laurentides. « On parle de suivis interrompus, de critères d’accès plus étroits qui laissent beaucoup de personnes de côté, de l’accueil psychosocial du CLSC qui n’est plus accessible pour des personnes qui font une première demande, de la réduction du personnel dans les CLSC pour répondre aux demandes d’aide, du remplacement de l’accueil psychosocial par une ligne 811 qui se tourne vers des organismes communautaires et plus encore », ajoute Mme Déry.
Un réseau à bout de souffle
Son constat sur le terrain est désastreux : des organismes communautaires de plus en plus débordés, des ressources humaines à bout de souffle, et même du dumping de la part du réseau. « On assiste particulièrement à un effritement tranquille de nos services sociaux, alors que la détresse psychologique est de plus en plus visible dans nos organismes », souligne Linda Déry, ajoutant que pour le ROCL et ses 145 membres, ce budget ne représente rien de significatif. « Disons qu’avec ce budget, les saignées à répétition sont terminées, mais ce n’est pas avec les investissements annoncés que l’hémorragie va cesser, la plaie est trop grande, le pansement est beaucoup trop petit, l’infection nous guette », poursuit-elle. En ce qui concerne le rehaussement du financement à la mission des organismes communautaires, le ROCL s’attend tout au plus à une indexation de 0,7 %, alors que les coûts de système seront à la hauteur de 4 % pour le réseau de la santé et des services sociaux.
En ce qui concerne les nouveaux investissements annoncés (argent neuf) dans le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), ils sont prévus sur cinq ans pour un total de 80 M$, dont 10 M$ pour l’année en cours (2017-18) pour l’ensemble du Québec. « C’est trop peu quand on sait que les besoins estimés pour la seule région des Laurentides sont de 17,5 M$! On est très loin des 375 millions réclamés pour les 3000 organismes communautaires en santé et services sociaux du Québec », conclut Linda Déry.
En bref
Le ROCL est un large regroupement de 145 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Certains travaillent pour venir en aide aux familles, aux femmes, aux personnes démunies, aux handicapés, aux jeunes, ou encore en défense de droits, en alphabétisation, en consommation, en crédit communautaire et en solidarité internationale. Les organismes portent des valeurs de justice sociale et d’égalité. Leurs approches visent une réappropriation de pouvoir par les personnes afin que chacun puisse agir comme citoyen à part entière. L’écoute, l’entraide, ainsi que des activités d’information et d’éducation populaire sont partie intégrante de leur quotidien.