CHRONIQUE D'HUMEUR

Par nathalie-deraspe

Chienne de garde

Z’avez lu La Presse de la fin de semaine? Nathalie Collard parlait de moi en page 12. Plus particulièrement, de ce boycott désormais légendaire du maire de Saint-Jérôme envers ma personne. Savez quand tout ça a commencé? Lors de la campagne électorale municipale de 2005. 

À l’époque, je travaillais pour l’Empire. Un empire qui s’est fait tout à coup bien petit, quand le maire a exigé qu’une autre journaliste couvre les affaires de la municipalité. Pourquoi? Parce que j’avais refusé d’assister aux rencontres hebdomadaires de Marc Gascon, qui reprenait point par point chacun des éléments annoncés au lancement de sa campagne. J’avais déjà fait un papier qui résumait fort bien le tout à ce moment-là. Après avoir cherché en vain de nouveaux détails lors d’une seconde conférence de presse, je me suis rendue compte que le maire voulait simplement être de toutes les éditions et ce, jusqu’aux élections, même si les journalistes n’avaient rien de plus à se mettre sous la dent que le programme lancé en grandes pompes quelques semaines auparavant. D’où ma décision d’utiliser mon temps à meilleur escient, tout en gardant un œil attentif sur le déroulement de la campagne électorale. Une décision endossée par mon patron de l’époque. 

Coup de fil du maire. Volte-face du journal jérômien. Ma collègue, qui ne connaissait strictement rien à la politique et qui passait le plus clair de son temps à rédiger des publi-reportages plutôt insipides, s’est pliée à cette volonté avec la docilité d’un épagneul. Avait-elle le choix? 

Je bouillais de rage. Quel message envoyait-on à Marc Gascon et à ses sbires? Un gros signe de piastres explique le tout. Saint-Jérôme était un important annonceur. Y’en avait pour des milliers de dollars en avis publics et publicités de toutes sortes. Le journal Le Nord en sait quelque chose. Remarquez, cet hebdo jérômien se fait moins complaisant à l’endroit du maire depuis que Transcontinental a mis la main dessus.

Vous trouvez que c’est bien épouvantable que des journalistes se soient fait tabasser en plein travail en Égypte? C’est vrai qu’ici, c’est plus insidieux. Un autre exemple? Une rumeur circulait sur Internet à propos de la drogue du viol. Des allégations impliquant un bar de Saint-Jérôme. Je téléphone au gérant pour récolter un témoignage. «Comme ça tu te prostitues », qu’on me répond. « ….euh…Pardon? » « Ben oui! Je vais envoyer ça à 200 personnes comme quoi la journaliste du Mirabel se prostitue. Ça veut-tu dire que c’est vrai? Si t’associes la drogue du viol à notre bar, tu vas avoir affaire à nos avocats. » C’était un jeudi soir. Il était 19 heures. Le téléphone sonne l’instant d’après. Mon patron me dit laconiquement : « Touche pas à ça. » Il faut croire que des gens avaient un accès privilégié au boss. Moi je n’ai jamais eu son numéro de cellulaire…

Et que penser de la secrétaire du cabinet du maire (!!) qui veut répondre au nom d’un élu qui se dit trop occupé quand un dossier chaud circule? On n’était pas à Montréal, mais à Val-David…Après l’affaire du raton laveur dans un réservoir d’eau à Sainte-Adèle en 2007, l’administration municipale a fait une conférence de presse verbale (dixit) à laquelle Accès n’était pas invité. 

En tant que responsable des régions à la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), j’ai commencé à faire ma petite enquête. Une majorité de municipalités possèdent leur propre site Internet. On y trouve quoi? Les horaires de l’aréna et de la bibliothèque. Pour les procès-verbaux des assemblées de conseils, faudra patienter…

Heureusement, la plupart des municipalités de la région démontre une belle ouverture à cet égard. À l’exception de Saint-Jérôme. À Sainte-Sophie, patrie du préfet de la MRC Rivière-du-Nord, le contribuable doit payer pour obtenir de tels documents.

J’ai eu le privilège d’assister aux rencontres organisées par Dominique Payette qui se penchait sur l’avenir de l’information au Québec. Son rapport a été déposé il y a deux semaines. Y’a beaucoup de boulot à faire pour redresser la situation. Énormément. Mais faudra qu’on s’y intéresse. Tous autant que nous sommes.

Je suis une régionaliste finie. Je pense qu’il faut farouchement protéger l’identité de nos municipalités (ou ce qu’il en reste). C’est par une presse engagée et soucieuse de vérité et d’intégrité qu’on peut y arriver. 

Mais je vous dérange là. Vous étiez en train de lire le Journal de Môréal. Je ne vous en veux pas. Une chaîne de restaurants populaire reconnue pour soigner son image corporative et qui réussit très bien à ce jeu (je vous laisse deviner laquelle), offre gratuitement le populaire quotidien de Quebecor à ses clients pendant que des lock-outés se les gèlent depuis plus de deux ans sur le trottoir. Pas très conséquent comme attitude. Après ça, vous vous demandez pourquoi les jeunes décrochent…

Le rapport Payette est disponible au : http://www.etatdelinfo.qc.ca/

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