Claude Cousineau, député sortant du comté de Bertrand répond au Journal Accès
Par Thomas Gallenne
Ça passe ou ça casse
Claude Cousineau, député sortant dans le comté de Bertrand a-t-il du souci à se faire? Car pour ceux qui ont été témoins des assemblées partisanes des autres candidats et en particulier, dans le clan libéral, on pouvait sentir une détermination à détrôner le candidat péquiste. Élu la première fois en 1998 et reconduit quatre fois consécutivement, il reste l’homme à battre. Comment se déroule sa campagne? Quels sont les enjeux auxquels il compte s’attaquer et comment compte-t-il relever les défis auxquels la circonscription est confrontée?
M. Cousineau, vos adversaires politiques semblent déterminés à remporter l’élection dans le comté, particulièrement du côté des libéraux. Quel est votre état d’esprit?
Claude Cousineau – Personnellement, je ne connais pas Mme Leblond. J’en suis à ma 6e élection. On m’a présenté à chaque fois des candidats différents, qu’on disait coriaces. Moi ça me passe 100 pieds au dessus de la tête. J’ai un travail à faire, je m’en vais dans une direction, j’ai une très bonne équipe. Je garde le cap. On est confiant mais on prend nos adversaires au sérieux comme on a toujours fait. Et sur le terrain, cela va très très bien. On a rencontré beaucoup de municipalités et on continuera de le faire. Et on travaille pour gagner comme les 5 élections précédentes.
Concrètement, comme député, que pouvez-vous faire pour améliorer l’économie régionale, dans notre comté?
CC – Les difficultés économiques ne sont pas propres aux Laurentides. On les retrouve au Québec, au Canada et dans les pays de l’OCDE. On a connu un ralentissement mais on a de belles perspectives pour 2014. Pour revenir à la région, il faut travailler en concertation avec les acteurs locaux. Il faut qu’un député provoque des rencontres avec des chambres de commerce, les centres locaux de développement et les municipalités pour voir quelles stratégies seraient les meilleures pour attirer les entreprises et créer des emplois durables. On travaille présentement sur le projet récréotouristique de M. Maalouf à la Rolland à Sainte-Adèle. J’ai rencontré les Maalouf, père et fils, ainsi qu’un conseiller municipal afin de regarder une stratégie pour présenter le projet soit à des ministres, soit à Investissement Québec, afin que le dossier soit évalué à son mérite.
Le rôle d’un député est aussi d’assoir les décideurs économiques ensemble pour prévenir les fuites commerciales, qu’elles soient physiques ou virtuelles – avec l’achat en ligne. Il faut augmenter l’attraction de nos commerces et avoir une stratégie de promotion des produits de la région pour inciter les gens à acheter localement. Acheter dans une grande surface, c’est comme un chien qui court après sa queue.
Parmi les quatre MRC que vous couvrez, celle des Pays-d’en-Haut compte une population dont l’âge médian (autour de 50 ans) est le plus élevé au Québec. Quelles stratégies prôneriez-vous pour rééquilibrer la pyramide des âges dans cette région?
CC – On est en collaboration avec les CJE (Centre jeunesse emplois) qui font un travail merveilleux, et soit dit en passant, c’est un bébé du Parti Québécois. Ce sont des partenaires privilégiés qui rencontrent les jeunes qui sont dans un processus de recherche d’emploi, pour les accompagner dans leur cheminement. En même temps, c’est par les CJE qu’on peut faire de la rétention des jeunes en trouvant un emploi. Et vous avez raison, la ville de Saint-Sauveur a la moyenne d’âge la plus élevée au Québec. Donc il faut intéresser les jeunes à rester, et aussi à réfléchir, à s’impliquer au niveau social, politique, au sein des conseils municipaux. Et même s’il y a un creux au niveau économique comme ailleurs au Québec, la région est en pleine effervescence. Il faut vendre aux jeunes les possibilités qu’offre notre région. Il y a énormément de potentiel de création d’emplois. C’est aussi une question d’éducation. On parle de formation professionnelle.
Avez-vous un exemple précis d’arrimage entre la formation et la création d’emplois?
CC – À Sainte-Agathe, on a un centre de formation professionnelle. On a augmenté l’offre des cours. Il y a 3 ou 4 ans, on a fait venir la formation d’infirmières. En collaboration avec le Cégep de Saint-Jérôme, on a maintenant des cohortes d’infirmières qui sortent d’ici et qui travaillent dans les Centres de services sociaux et de santé (CSSS) des Sommets à Sainte-Agathe et des Pays-d’en-Haut dans la région de Sainte-Adèle. Et ça c’est extrêmement concret.
Au sujet du décrochage scolaire – qui touche particulièrement les garçons – avez-vous des exemples concerts d’actions pour le contrer?
CC – Depuis des années, je favorise tous les organismes dans ma région qui ont des partenariats avec les écoles primaires et secondaires, pour offrir des activités en art, en culture, en sport. La filière importante est aussi de créer des plateaux de jeux pour permettre aux jeunes de s’accrocher à l’école pour faire quelque chose d’intéressant. Je travaille actuellement sur deux dossiers pour la polyvalente des Monts et l’école secondaire A.-N.-Morin, afin de les doter de terrains de soccer synthétiques.
Parlant d’infrastructures sportives, la MRC des Pays-d’en-Haut est la seule au Québec à n’en compter aucunes sur son territoire. Cela fait près de 20 ans que le préfet Charles Garnier pousse le dossier.
CC – Vous avez raison, et cela fait 16 ans que je travaille sur ce dossier également. Moi j’ai plus le temps d’attendre 3 ou 4 ans que tout le monde se décide. Et au même titre que la future piscine à Saint-Sauveur, cet éventuel centre multisportif doit être un équipement supralocal. Je ne veux pas que cela serve uniquement aux gens d’une seule municipalité. Il faut que ça serve aux jeunes des écoles environnantes, qu’on trouve des plages horaires. Pour un super complexe sportif, ça prend la concertation de tous les maires. Je me donne comme mandat de m’assoir avec le conseil de la MRC.
On le voit durant cette campagne, on parle peu de culture. Quelle est votre vision de la culture dans notre région?
CC – Première des choses, ce que j’ai toujours déploré dans le passé et je ne sais pas si c’est encore vrai, mais les municipalités ont toujours placé la culture, les loisirs et les sports dans le même budget. Pour moi, les loisirs et les sports c’est une chose. La culture en est une autre. Les municipalités,la MRC doivent investir en culture. On doit continuer à soutenir les grands évènements culturels que nous avons sur notre territoire. On peut parler du Festivals des arts de Saint-Sauveur, des différents théâtres, etc.
Parallèlement à ça, il faut amener nos jeunes du primaire, du secondaire, à aimer la culture, car la culture c’est l’âme d’un peuple. Il faut offrir l’enseignement de la culture et des arts et il faut favoriser et appuyer tous les organismes qui travaillent avec les écoles pour promouvoir la culture. Par exemple, les écoles primaires de Saint-Sauveur sont liées à la maison de la culture de Val-David. Il y a même des projets éducatifs faits par les enfants qui sont exposés par la suite. Tous les organismes qui ont des partenariats avec les écoles, je les aide.
On a annoncé récemment le classement du centre culturel à Sainte-Marguerite. Je soutiens aussi la Société d’histoire de Saint-Sauveur.
En terminant, M. Cousineau, permettez-moi de revenir sur la campagne nationale. Pierre Karl Péladeau a remis la question de la souveraineté à l’avant plan, créant une onde de choc. Quelle est la répercussion sur le terrain? Sentez-vous les citoyens préoccupés par la question r
éférendaire?
CC – Deux choses. D’abord, Mme Marois a été très claire. On veut mettre en place un Livre blanc dans les premiers mois, la première année, pour informer les citoyens et recueillir leur opinion sur la question. Il n’a jamais été question d’élection référendaire. Ça a déraillé, car ça a été repris par nos adversaires. M. Péladeau a parlé avec son cœur mais si on avait bien écouté, il a parlé du Livre blanc. Mais nos adversaires ont sauté là-dessus pour dire «voilà ils veulent faire un référendum». Le plan de match est de faire un Livre blanc pour consulter les citoyens pendant un an ou deux. Et les conclusions du Livre blanc amèneront après le gouvernement à prendre une décision.
Êtes-vous en train de nous dire que la finalité du Parti Québécois n’est pas la souveraineté mais de régler les problèmes pressants du Québec?
CC – Ce que je dis, c’est que dans un premier temps, on va consulter la population au moyen du Livre blanc, pour savoir comment ils voient la chose: est-ce que le Québec devrait être souverain ou devrait-il continuer la lutte pour aller chercher plus de pouvoir à Ottawa. Ce qui est important dans tout ça, c’est le respect des citoyens et des citoyennes. Et Mme Marois l’a mentionné à plusieurs reprises: il n’est pas question de faire un référendum en catimini. Ça fait cinq élections que j’entends les mêmes épouvantails.
Mais M. Cousineau, permettez-moi de revenir sur ce point: il me semble que la finalité du Parti Québécois, c’est la souveraineté, c’est son essence même, non?
CC – Tout à fait, c’est dans son article 1 de constitution.
Donc si la finalité du Parti Québécois n’est pas la souveraineté, quelle est la légitimité ou l’essence même d’existence du PQ: exercer le pouvoir?
CC – Un instant: c’est aussi d’agir en bon gouvernement, c’est aussi de protéger les intérêts des québécois et des québecoises au niveau de la langue, au niveau de la culture. Moi ça me tiens à cœur. Comme peuple, comme nation en Amérique du nord – et on a été reconnu comme tel par Ottawa – ma préoccupation c’est qu’on puisse perdurer dans le temps, que mes petits-enfants puissent se définir comme Québécois, parler québécois, avoir une culture québécoise. Peut-être qu’après toutes les consultations, on va aboutir à la conclusion qu’il faut faire la démonstration du pour et du contre de faire la souveraineté dans tous les champs que ce soit en santé, en éducation, en environnement. Et au bout de la ligne, après avoir fait la démonstration, ça passera ou ça cassera. Mais je suis un souverainiste et je ne m’en cache pas.