Crise du logement : La MRC s’attaque au problème
Pour remédier à la pénurie de logements abordables, la MRC des Pays-d’en-Haut vient de se doter d’un comité qui se penchera sur les solutions à court et à moyen terme. L’objectif est de présenter un portrait de la situation à la MRC en décembre prochain.
« La mission du comité sera d’identifier les problématiques. Évidemment, il n’y a pas suffisamment de logements, mais c’est plus que ça. Il y a le contexte de pandémie, qui a accéléré des tendances dans la MRC, comme l’augmentation démographique. On doit aller voir tous ces chiffres-là et les analyser. Mais actuellement, on ne les a pas sous la main », indique Catherine Hamé Mulcair, mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs, qui siégera sur le comité.
La mairesse de Sainte-Adèle, Michèle Lalonde, fera aussi partie du comité, et elle croit que sa Ville peut amener une expertise précieuse. « À Sainte-Adèle, ça fait déjà 40 ans qu’on s’occupe du logement. Ce n’est pas nouveau. Nous sommes les seuls, avec Sainte-Marguerite, à avoir un Office municipal d’habitation (OMH), qui gère tous les programmes de subvention pour le logement social. […] Le comité de la MRC permet de partager notre expérience, et de voir comment on peut créer quelque chose tous ensemble. »
Court terme
« À très court terme, il faut utiliser les ressources qui existent déjà, comme le Programme de supplément au loyer (PSL). C’est une solution rapide et nécessaire pour répondre au besoin », indique Mme Hamé Mulcair. Le PSL permet de conclure une entente entre des propriétaires privés et une municipalité, afin de subventionner en partie des loyers déjà existants et de les rendre abordables.
« Le PSL, c’est très complexe si on n’a pas d’OMH. Il faut vraiment un organisme qui s’occupe de le gérer », soutient Mme Lalonde. Dans les Pays-d’en-Haut, seules Sainte-Adèle et Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson profitent présentement du PSL. C’est pourquoi la mairesse a entamé des démarches pour fusionner l’OMH de Sainte-Adèle avec celui des Laurentides, à Sainte-Agathe-des-Monts. Le nouvel organisme pourra également assister les autres municipalités de la MRC. « Il y a une vingtaine de PSL disponibles qui sont inutilisés depuis un certain temps », déplore Mme Lalonde.
Le comité se penchera aussi sur les subventions et programmes gouvernementaux desquels les municipalités pourraient profiter.
Étalement ou densification
« Encore faut-il qu’il y ait des logements de disponibles. Sinon, on ne vient pas régler le problème à la source », souligne Mme Hamé Mulcair. Cependant, la question est où et quoi construire. Simplement, les municipalités ont deux options : s’étaler ou se densifier.
« Il faut éviter l’étalement urbain, mais en même temps, il faut répondre aux besoins. […] Il y a toute la question identitaire et économique de la région, qui est basée sur le plein air et le tourisme. Les municipalités font très attention à la manière dont le développement se passe. On ne veut pas qu’il perturbe la nature et on veut protéger les sentiers », ajoute Mme Hamé Mulcair. Sans construire des tours à condos, qui détonneraient dans les petites municipalités, il y a la possibilité de construire des duplex ou des triplex qui auraient l’apparence de maisons unifamiliales, propose Mme Hamé Mulcair. « On peut imposer des règles d’architecture. À Sainte-Anne-des-Lacs, par exemple, nous avons un règlement qui autorise une seule porte de façade. »
Le schéma d’aménagement de la MRC est également en processus de révision. Celui-ci pourrait être modifié pour donner plus d’options aux municipalités, comme la création de petites zones d’urbanisation. André Genest, préfet de la MRC, propose aussi l’idée de créer des regroupements de mini maisons, bâties autour d’un centre communautaire.
« Nous, on favorise la densification urbaine », soutient de son côté Mme Lalonde. « Souvent, ceux qui profitent des logements abordables n’ont pas nécessairement d’auto. Ils doivent être à proximité des services, comme le dépanneur et l’épicerie, pour s’y rendre à pied. »
Bref, plusieurs options sont envisagées, mais encore faut-il qu’elles soient adaptées aux municipalités, à leurs besoins, leur environnement, leurs habitants, etc. « Les questions et les enjeux sont très complexes. Il faut vraiment un travail de fond. Et je crois que toutes ces réflexions arrivent au bon moment. […] Il faut avoir ces conversations avec la population », insiste Mme Hamé Mulcair.
Communauté et pénurie de main-d’œuvre
En ce moment, la pénurie de main-d’œuvre dans les Pays-d’en-Haut est exacerbée par le manque de logements. Marion Charpentier, agente à Place aux jeunes Les Pays-d’en-Haut, nous apprenait la semaine dernière que des jeunes de 18 à 35 ans sont prêts à combler des emplois qualifiés dans la région. Certains ont même une offre d’emploi concrète. Mais ils ne parviennent pas à se trouver de logement ou à acheter une propriété, et plusieurs finissent par simplement s’installer ailleurs.
Le problème se fait aussi sentir dans les administrations municipales, déplore Mme Hamé Mulcair. « À Sainte-Anne-des-Lacs, c’est même un problème de sécurité civile. On a de la difficulté à recruter des pompiers. Ils doivent habiter dans un rayon de 10 minutes de la caserne, pour intervenir rapidement. Mais s’il n’y a pas de logements pour eux, comment on fait pour respecter nos mesures d’urgence? On ne peut pas. En ce moment, on y arrive, mais c’est difficile. » Même pour les postes affichés à la municipalité, et qui ont des conditions de travail enviables, il est difficile de recruter, illustre la mairesse.
Mme Lalonde constate le même problème à Sainte-Adèle. « Quand on parle de développement d’entreprises, il faut être synchronisé avec la capacité d’accueillir tout ce monde-là. Il y a des gens qui ont un emploi bien rémunéré ici, mais ça peut prendre un ou deux ans avant qu’ils trouvent un logement. » M. Genest nous confie même que la majorité des employés de la MRC n’habitent pas dans les Pays-d’en-Haut.
Mme Hamé Mulcair souligne que c’est également une question de communauté. Par exemple, des aînés qui ne peuvent plus entretenir leur maison et doivent la vendre sont souvent contraints de quitter la municipalité. « On voudrait les garder dans notre communauté, mais ils n’ont pas d’options. Ils perdent leur filet social », déplore la mairesse.
« Pour mon conseil municipal, ce n’est pas juste une priorité : c’est une obsession. Dans notre tissu social, on a beaucoup de familles à revenu modique », insiste Mme Lalonde.
« On a une responsabilité sociale énorme, où il faut conjuguer les besoins de notre population. Il faut embarquer tout le monde là-dedans, autant les municipalités que les acteurs du milieu », conclut Mme Hamé Mulcair.
1 commentaire
Hé oui encore de l’argent dépensé pour des études. Des logements il y en a ce sont les prix exorbitant que les gens ne sont plus capable de payer, pas besoin de faire des études pour comprendre.