Dans tous mes états

Par jocelyne-cazin

Y a des jours où vraiment on ne devrait pas sortir du lit. À l’heure où j’écris ce texte, je devrais être à Fort Lauderdale. Hors, je suis dans tous mes états…. sauf celui de la Floride. Pourtant je me ronge presque les ongles à -18 degrés Celsius à tourner en rond, à chercher comme s’il s’agissait du trésor des vingt mille lieux sous les terres. Mais quand le réveil te brutalise à 4h30 du matin en t’offrant comme cauchemar le jour de ton départ en Floride, la perte ou le vol de ton passeport, disons que tu sautes du lit à la vitesse de l’éclair.

Ma main plonge dans le sac à main comme Alexandre Despatie dans le bassin olympique pour récupérer le précieux carnet. Imaginez un peu mon désespoir de ne rien toucher qui se rapproche le plus d’un portefeuille! Oui j’étais dans tous mes états. Mon avion décollerait sans moi à 16h vers des cieux plus cléments. Pas de temps à perdre, je dois retrouver ce fichu papier en implorant mes anges et tous les saints. Surtout St-Antoine de Padou*. Vieux coquin, vieux gribou, St-Antoine de Padou, remettez-nous ce qui n’est pas à vous. Alors cher St-Antoine, au boulot! Je n’ai pas toute la journée. Bien sûr j’ai tenté de me calmer afin de visualiser l’étui et mon passeport. J’ai fouillé la maison de fond en comble, fait quelques téléphones où aurait pu s’égarer le document. Les heures avancent et toujours rien.

Quoi Faire?

En publicisant ma mésaventure sur Facebook, quelqu’un saura peut-être me guider. Les réseaux sociaux sont parfois très utiles. Merci à Bernard Matthieu qui m’indique alors que certains bureaux de passeports sont ouverts le samedi. C’est mon karma, il me fallait un samedi pour augmenter le niveau de difficulté. Avant de foncer vers Pointe-Claire, je prends le temps de téléphoner à Expedia qui me donne le numéro d’urgence* d’Air-Canada. J’apprends que je peux annuler mon vol jusqu’à concurrence de deux heures avant le départ. J’ai donc quelques heures pour retracer le satané papier. Je m’assure que personne n’utilisera aussi ma carte de crédit. Je demande qu’on la bloque pour 24h au cas où…. Me voici au bureau de Fairview-Pointe-Claire, une file d’attente d’ici à demain m’accueille. Le gentil préposé à la porte me dit que ce bureau ne prend pas les urgences*. Il est 14h, sonnant ainsi le glas de mon départ. Il me faudra attendre jusqu’à lundi pour obtenir un nouveau passeport en me rendant au bureau principal du complexe Guy Favreau à Montréal. Pour avoir en main ce cher document le même jour, je devrai avoir un billet d’avion avec un départ le jour même. Dimanche matin le réveil ne m’indique aucune amélioration face à la perte de mon porte-monnaie et ce qu’il y a dedans. Je passe en mode accéléré. Je téléphone à Air-Canada afin qu’on m’émette un nouveau billet pour lundi 19h40*. Je fais annuler ma carte de crédit. Je dois téléphoner aux entreprises qui ont des paiements pré-autorisés sur ma carte afin de leur signifier le changement. Perdre ses papiers, c’est aussi perdre du temps à tout récupérer. Lundi matin, j’arrive au bureau du complexe Guy Favreau*. À 7h30 très peu de gens en attente, surtout dans la ligne des urgences. J’ai aussi besoin d’un répondant. Mon amie Céline peut signer tout ce qu’il y a à signer. Elle s’amène, fidèle au poste. Manque de chance, il lui faut aussi son numéro de passeport. Vite un téléphone à la maison. Heureusement son époux est là. Une autre étape de franchie. La préposée me rassure enfin en me disant que mon passeport sera prêt pour 13h. Juste le temps d’offrir un bon lunch à l’amie qui le mérite amplement. De retour au comptoir, l’attente est plus longue cette fois. Au moins 45 minutes. Je ne m’énerve pas encore, l’avion n’est qu’en soirée. Le bon numéro fini par sortir. Me voici assise devant l’agente, Céline toujours à mes côtés, voici qu’une autre bombe me tombe dessus. «Votre billet d’avion était pour hier madame Cazin.» Je rêve ou quoi! Je regarde la dame et Céline, incrédule d’abord, puis interloquée, déconcertée, et quoi encore! Vite je téléphone à Air-Canada en espérant un temps d’attente moins long que la veille (25 minutes) afin de ne pas me ruiner; je n’ai pas le forfait appels sortants. Trente secondes plus tard, un aimable représentant de la compagnie aérienne écoute ma complainte. Il comprend que c’est une erreur et qu’il est impossible que j’aie pu réclamer un billet d’avion pour dimanche. En quelques secondes je recevais mon nouveau billet d’avion par courriel, la preuve à montrer à l’agente qui semblait aussi heureuse que Céline et moi. Plusieurs morales pourraient accompagner ma rocambolesque histoire. J’adopte celle-ci: des amis qui peuvent se libérer à la dernière minute, c’est encore plus précieux qu’un passeport.

Jocelyne Cazin enfin au chaud.

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