Diane Montpetit: Le cœur sur la main

Par Martine Laval

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Diane Montpetit est aux yeux d’une multitude de gens, le visage de la bonté. Au Garde-Manger des Pays-d’en-Haut où elle travaille, tout le monde la connaît et elle connaît tout le monde. Reconnue comme faisant preuve d’une grande compassion à l’égard des gens qui l’entourent, elle est à l’écoute des besoins d’autrui, sans jamais porter de jugement. Elle est d’une tolérance et d’une patience sans limites envers les bénévoles qui travaillent avec elle, et elle est surtout habitée d’un grand respect pour son prochain.

Bien gérer, bien distribuer

Diane Montpetit est la coordonnatrice du Garde-Manger des Pays-d’en-Haut situé sur la rue Morin à Sainte-Adèle depuis 10 ans, mais œuvre depuis 18 ans dans le milieu. Inutile de dire qu’elle a développé une façon de procéder exemplaire afin que rien ne soit gaspillé des précieux dons reçus. Un modèle qui pourrait servir à tout autre organisme ayant la même mission. Sa routine de travail en est une de rigueur

journalière pour trier la collecte des denrées; de planification astucieuse pour répondre à la demande; d’observation et d’analyse des besoins de chacun; et de motivation, nourrie du désir de combler les nécessités de façon juste et équitable pour tout le monde. «Les besoins augmentent d’année en année. À Sainte-Adèle, tous les lundis, c’est plus de 200 demandes à combler et autant de personnes qui font la file dehors pour compléter leur épicerie de la semaine, en solitaire ou en famille! On compte sept comptoirs alimentaires comme ça dans la MRC des Pays-d’en-Haut! 550 familles à aider!» décrit Diane.

Diane Montpetit s’arrange toujours pour préparer de beaux comptoirs, bien remplis et diversifiés. Le roulement est important. «Parfois j’accumule des denrées rares comme le sirop d’érable, jusqu’à ce qu’il y en ait assez pour que chacun ait sa juste part lors de la distribution.» explique la coordonnatrice. Au Garde-manger, rien n’est gaspillé. Tout est géré avec minutie. Lorsqu’un item est épuisé lors de la distribution dans les paniers, il est immédiatement remplacé par quelque chose d’équivalent pour que personne ne se sente lésé.

Prendre le temps

La contribution pour avoir droit au comptoir alimentaire est volontaire, mais dans certains cas, la personne ne peut même pas honorer le petit minimum. Jamais il ne viendrait à l’idée de Diane, d’empêcher la personne de s’approvisionner en tel cas (comme il se fait ailleurs parfois!). Elle prendra plutôt le temps de lui expliquer comment s’y prendre pour arriver à ses fins, et même prendre de l’avance éventuellement. «C’est beau de voir la réaction de ces personnes lorsqu’elles arrivent à payer leur dû et surmonter leur incapacité à gérer adéquatement leur budget. On montre pas ça à l’école! C’est important pourtant! Moi j’en parle avec eux. Je prends le temps qu’il faut. Y’a tellement de fierté dans leurs yeux et de reconnaissance quand ils y arrivent!»

On n’oublie personne

Le Garde-Manger des Pays-d’en-Haut, c’est aussi aider les étudiant(e)s de l’école aux adultes de trois municipalités qui sont sur une formule «alternance travail-études» au salaire minimum en attendant d’obtenir leur diplôme, et qui n’arrivent pas à boucler leur budget. « Ce sont peut-être nos donateurs de demains ces gens-là!» lance Diane.

Le Garde-Manger c’est aussi quelques dizaines de boîtes à lunch préparées chaque semaine pour des élèves du primaire dont les parents n’ont pas les moyens d’en faire. Et c’est également la livraison des sacs d’épicerie de soutien aux personnes handicapées, malades, ou inaptes à se rendre au comptoir. «C’est notre famille aussi ces gens-là! On les connaît et on ne les oublie pas. On a des règles à suivre et un code d’éthique, mais on garde un côté humain malgré l’ampleur du système!» raconte fièrement celle qui gère toutes ces activités essentielles de main de maître.

Une fille de nature

Diane et son équipe n’arrêtent pas tout au long de l’année pour faire en sorte que le Garde-Manger roule bien et que tout le monde soit servi adéquatement. Mais la fin de semaine, ne la cherchez pas! Elle décroche et se ressource. C’est bien légitime! «Moi j’suis une fille de pêche. Quand je suis dans ma chaloupe sur l’eau, je profite du moment présent. Quand je  ne suis pas sur l’eau, je suis quelque part dans la nature. L’hiver, je fais des vitraux.»

Alors que je demande à cette femme au grand cœur d’où lui vient cette générosité qui l’habite, elle me répond, les yeux plein d’eau : «J’ai moi-même été cataloguée quand j’étais jeune et j’ai vu autour de moi des enfants qui souffraient du jugement des autres. J’ai compris les bienfaits de l’entraide et j’ai développé un grand respect pour l’être humain.»

Et la relève?

Lorsque je lui demande si sa fille de 19 ans marche dans ses pas, elle sourit et m’avoue : « Je la regarde aller. Elle a l’œil. Elle sait repérer les gens qui selon elle, devraient être informés des services offerts par le Garde-Manger. Je lui ai passé mes valeurs d’entraide. Toujours tendre la main à son prochain parce que demain, s’il t’arrivait d’être dans le besoin, tu serais contente qu’on t’en tende une. On verra ce qu’elle fera avec ça!»

En 2015, ça fera 10 ans que Diane Montpetit œuvre au Garde-Manger des Pays-d’en-Haut. L’énergie de la générosité, l’écoute, l’entraide, le droit à une juste part du gâteau pour tout le monde, sont sa motivation.

Pourquoi le petit pois dans son écosse, comme emblème du Garde-Manger? «Parce qu’on fait le poids!» lance fièrement Diane. Ah! Pour faire la différence, l’équipe du Garde-Manger des Pays-d’en-Haut la fait, grâce à la générosité des gens des Laurentides. Heureusement!

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