(Photo : Courtoisie)
Vincent Pilote est travailleur social et coordonnateur clinique au CISSS des Laurentides et Christelle Castro est coordonnatrice clinique auprès des plus vulnérables.
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Il manque de logements dans les Laurentides

Par Simon Cordeau

Il est de plus en plus difficile de se trouver un logement abordable dans les Laurentides. Résultat : de nombreux citoyens se retrouvent en situation d’errance, même d’itinérance, ou doivent carrément quitter la région, faute d’options.

D’avril à la mi-septembre, les organismes de la MRC des Pays-d’en-Haut rapportent avoir traité 136 cas différents concernant le logement, l’instabilité résidentielle et l’itinérance. Chaque dossier nécessite de 5 à 6 interventions. Ainsi, au moins 680 interventions ont été faites sur le territoire de la MRC pour aider des personnes dans le besoin.

La situation n’est guère mieux dans la MRC de La Rivière-du-Nord. Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le taux d’inoccupation des logements était de 0,9% à Saint-Jérôme à l’automne dernier, alors que le taux moyen au Québec était de 1,8%. Depuis, la situation a continué de se détériorer.

Cela inquiète Vincent Pilote, travailleur social et coordonnateur clinique au CISSS des Laurentides.

« Dans les Laurentides, on constate une augmentation des personnes qui ont un problème de logement. C’est le sujet de l’heure. Les gens qui consultent nos services ont des problèmes plus aigus. »

Christelle Castro est coordonnatrice clinique, aussi au CISSS des Laurentides. Les intervenants qu’elle supporte œuvrent auprès de gens qui ont des problèmes graves de santé mentale ou physique, qui ont besoin de réadaptation ou qui sortent d’une hospitalisation. « Ils ont besoin d’être accompagnés dans leurs démarches. » Pour elle aussi, le logement est devenu la priorité. « C’est fou comment ç’a envahi notre travail! »

Trop coûteux

Le logement est problématique depuis plusieurs années déjà dans les Laurentides, mais la pandémie est venue exacerber le problème, explique M. Pilote. « Avec la COVID et le télétravail, beaucoup de gens ont déménagé dans les Laurentides. […] Il n’y a pas assez de logements, ce qui pousse les prix vers le haut. C’est la même chose pour les maisons. »

Auparavant il était possible de se trouver un 3 ½ pour 500-600 $ par mois dans la région. Maintenant il faut débourser autour de 800-900 $, voire 1 000 $ pour le même appartement. Pour la clientèle vulnérable de Mme Castro, une situation déjà difficile est devenue insoutenable. « Pour eux, c’est difficile de trouver un logement, et ça amène beaucoup de crises, parce qu’ils ont plusieurs facteurs de difficulté. Là, ça amène une instabilité supplémentaire. »

La plupart sont sur l’aide sociale. Avec l’augmentation des loyers, le budget déjà limité est insuffisant. « Il y a l’électricité, la nourriture, le transport… Quand il ne vous reste que 200 $ pour le mois pour tout faire, ça ne passe pas. C’est impossible », déplore Mme Castro.

Toutefois, ils ne sont pas les seuls à être touchés par l’augmentation des prix. « La nouveauté, c’est que même des personnes issues de la classe moyenne ont de la difficulté à se trouver un logement », prévient M. Pilote.

De l’errance à l’itinérance

Faute d’options, de plus en plus de personnes se tournent vers une chambre de motel payée au mois, mais ce n’est pas viable à long terme, en raison des coûts élevés. « C’est une solution de dernier recours », avertit M. Pilote. Il y a aussi les maisons de chambres, mais il y en a trop peu sur le territoire pour satisfaire à la demande.

Une autre option pour alléger le problème pourrait être le Programme supplément au loyer (PSL). Celui-ci permet aux propriétaires d’obtenir une subvention s’ils fournissent des logements sociaux. « Mais il faut trouver des propriétaires prêts à s’engager, alors qu’ils préfèrent des locataires plus payants. C’est toujours plus difficile », illustre Mme Castro.

Pendant ce temps, les rares logements disponibles partent dans un claquement de doigt. « Quand on cible un appartement, il y a 25 personnes qui le veulent », indique M. Pilote. « C’est non seulement anxiogène, mais souvent les gens arrivent en crise. Ils paniquent, littéralement. Pour les intervenants, ce n’est pas évident. On peut donner des ressources, les référer, les guider. Il y a des organismes qui défendent les droits, en cas de rénovictions, par exemple. Mais des logements, on ne peut pas en inventer! », poursuit-il.

Ainsi, les gens commencent par errer d’une solution temporaire à une autre, mais peuvent finir en situation d’itinérance. Ils peuvent aussi être forcés à partir…

Quitter

« Ça pousse ces personnes à quitter la région. Elles veulent rester, mais ce n’est pas possible. Et ça touche à d’autres enjeux, comme la main-d’œuvre. Ce sont des travailleurs potentiels. Il y a des impacts collatéraux importants », souligne M. Pilote.

Pour les plus vulnérables, la stabilité résidentielle est cruciale dans leurs efforts à établir une routine et à s’intégrer dans la société. Un exil obligé peut mettre la hache dans des années de travail communautaire, explique Mme Castro.

« Ce sont des gens qui vivent ici depuis longtemps. Ils ont un appartement à Sainte-Adèle, leur médecin est ici, ça fait des années qu’ils sont dans le réseau communautaire. Du jour au lendemain, pas le choix, ils doivent quitter leurs racines. Ils perdent tout leur réseau, et il faut recommencer ailleurs. […] Ça fait vraiment mal au cœur. »

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2 Comments

  1. Louise-Hélène Le Beau

    je cherche un logement depuis trois ans.Les propriétaires dans les Laurentides ont mauvaise réputation. On vient chercher le chèque mais les réparations….

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  2. Samuel Panneton

    Moi et ma copine aussi ca fait 3 ans qu’on cherche mais rien !

    Reply

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