Internet haute vitesse: rêve, réalité ou cauchemar?

Par Journal Accès

Qu’ont en commun les villes de Prévost, Saint-Hippolyte, Mont-Tremblant, Lachute, Sainte-Agathe, Mont-Laurier, Sainte-Sophie, Sainte-Anne-des-Plaines, Mont-Laurier et plusieurs autres? Outre qu’elles sont situées dans les Laurentides, ces municipalités ont de la difficulté à offrir une connexion Internet haute vitesse aux citoyens. Une problématique qui freine les développements économique, industriel et touristique de la région.

Marion Moissan travaille en gestion dans le réseau de la santé dans les Laurentides. Afin d’effectuer des recherches, télécharger une photographie, ou encore obtenir des formulaires d’inscription, accompagnée de sa petite famille, elle doit se rendre à la bibliothèque municipale de sa ville, Mont-Tremblant, entre 16 heures et 20 heures pour naviguer sur la toile virtuelle. Exit les soupers en famille ou encore la possibilité pour les enfants de travailler sur les travaux de recherche scolaire au moment souhaité. «C’est impossible d’apporter du travail à la maison. Tout se fait sur Internet et dans mon secteur, il n’y a qu’un faible réseau d’Internet. Incapable de fonctionner à haute vitesse», explique-t-elle.

La journaliste et conférencière, Jocelyne Cazin, qui habite dans la municipalité de Prévost, dans le secteur du Lac René se fait la porte-parole de centaines de résidents qui vivent le même problème. Prévost, une ville qui se trouve à la frontière symbolique de la porte des Laurentides. «Le réseau est constamment en panne. En juillet, il y a eu une panne de 24 heures sans réseau», dit-elle. Dans ce secteur de Prévost, malgré la présence de nombreux petits fournisseurs et de coopératives de connexion Internet, il est impossible d’obtenir un service d’Internet haute vitesse.
«Vous savez, dans certains coins des Laurentides, il y a des gens qui ne peuvent même pas avoir de téléphone portable, car les lignes ne fonctionnent pas. Il n’y a pas de réseau. Il n’y a pas de volonté politique pour développer uniformément les services de communications et d’Internet à l’échelle du Québec», dénonce Sylvain Pagé, député de Labelle, et porte-parole jusqu’en septembre, de l’opposition officielle en matière de développement régional et d’occupation du territoire.

Selon étude de Recherche Internet Canada (RIC), en 2008, le Québec enregistrait seulement 67% d’utilisateurs. Ce qui représente le pire résultat pour l’ensemble des provinces du Canada. À noter, l’ensemble des provinces de l’Ouest obtient 80%. Tandis que la région de l’Atlantique 72%. «Les gens veulent avoir accès au réseau Internet haute vitesse pour Internet. Les citoyens veulent également avoir droit au trio de communications à des prix abordables comme l’ensemble des citoyens du Québec», confie Germain Richer, maire de Prévost.

Malgré l’absence de possibilité d’obtenir Internet haute vitesse, les citoyens situés dans une zone mal desservie doivent payer, en moyenne, entre 70 $ et 90 $ par mois pour une connexion à faible débit. Un coût élevé pour avoir accès aux technologies de communication virtuelle. «Les étudiants ne peuvent pas faire leurs travaux de recherche à la maison. C’est un problème pour le niveau secondaire ainsi qu’au cégep. Il y a également des agriculteurs et des travailleurs autonomes qui ont de la difficulté à communiquer avec leurs fournisseurs et leurs clients», explique Marion Moissan.

Afin de marquer son mécontentement, la résidente de Mont-Tremblant à fait circuler une pétition pour sensibiliser les élus locaux à cette problématique. «Les Laurentides et le Québec sont comme une grosse pizza dans le domaine des télécommunications. Il y a des régions qui sont très bien desservies. D’autres secteurs n’ont aucun service.», dénonce le député de Labelle, indiquant que les citoyens sont traités comme des résidents de deuxième zone.

Du côté de la Conférence régionale des élus des Laurentides (CRÉ), le directeur général, Roger Hotte, a confié que le déploiement du réseau Internet est un dossier qui a été transféré dans les mains des municipalités et des MRC des Laurentides. «Les municipalités qui sont situées dans le corridor de l’autoroute 15, en bordures, n’ont généralement pas de problème. La situation est différente pour les résidents situés en ruralité», dit-il.

Afin d’appuyer les efforts des municipalités, la CRÉ a entériné une proposition d’appui aux efforts des villes et MRC pour qu’ils puissent recevoir l’aide financière du gouvernement. «Le déploiement du réseau Internet devrait s’inscrire dans une politique nationale, comme l’électrification à des prix uniformes sur l’ensemble du territoire», estime le directeur général de la CRÉ.

Communautés rurales branchées

Pour remédier à la situation, le gouvernement du Québec a lancé en 2008 le Programme villes et villages branchés. Le nom a récemment été changé pour Communautés rurales branchées. À l’époque, la ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, Nathalie Normandeau, avait annoncé des investissements de 24 millions $. Selon le député de Labelle, le gouvernement a investi seulement 2 millions $ en deux ans. «C’est un service qui devrait être disponible comme l’électricité. C’est-à-dire un accès pour tous et des prix égaux», déplore-t-il.

Interrogé sur la question de l’accessibilité d’Internet dans la région des Laurentides, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire s’est montré optimiste. «Le dossier de la connexion Internet va très bien dans les Laurentides. Il y a six projets qui sont sur le point d’être annoncés sous peu cette année», confie Émilie Lord, porte-parole du ministère.

Selon nos informations, il semble que les municipalités soient invitées à soumettre des projets pour obtenir du financement pour le branchement d’Internet haute vitesse. «Si les municipalités et les villes veulent soumettre un projet, le programme Communautés rurales branchées prévoit un financement de 1.5 million $ par projet», indique la porte-parole du ministère.

Rappelons également que pour faciliter les transactions bancaires, plusieurs institutions organisent des campagnes publicitaires afin de sensibiliser leur clientèle sur l’utilisation des outils de communication tels qu’Internet. Pour s’inscrire à l’Université, ou même au C.E.G.E.P. les écoles offrent désormais des formulaires en ligne sur la toile. Depuis plusieurs années, même le gouvernement du Québec a bonifié sa communication par l’entremise d’Internet. En un seul clic: vous avez au bout des doigts une panoplie de services et d’informations.

Lisez aussi la chronique de Jocelyne Cazin sur le sujet, en page 10 de cette édition-ci d Accès

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