La langue anglaise gagne en vitalité dans les Laurentides

Par Journal Accès

You speak french?

Vous sautez dans votre véhicule pour emprunter l’autoroute 15 afin de traverser la région des Laurentides du Sud au Nord. Soudainement, vous faites une observation: Which language to speak?

Préoccupé par la situation du français dans notre région, le mouvement Laurentides français vient de sonner la fin de la récréation. Fondé en janvier 2010 et associé au mouvement Montréal français, ses militants ont rendu publique les résultats de leur première étude sur la vitalité de la langue française dans les Laurentides. Des données inquiétantes qui ne surprennent personne.
«On surveille de plus en plus près depuis quelques années la situation du français dans les Laurentides. L’approche et la présence visible et abondante des magasins avec l’affichage unilingue anglais est quelque chose de nouveau dans la région. On voyait ça à Montréal, pas dans les Laurentides», confie le député péquiste de Labelle et chef du caucus des députés des Laurentides, Sylvain Pagé.

Indice de vitalité linguistique

Réalisée au printemps 2010, l’auteur de l’étude intitulée «Bilan de la situation du français dans la région des Laurentides», Louis Préfontaine, s’est dit surpris des résultats obtenus. «On voit à travers de l’étude que les résultats sont similaires partout à l’extérieur de Montréal. L’attraction vers l’anglais gagne du terrain. Les villes qui s’anglicisent sont plus nombreuses au Québec», dit-il.

Pour réaliser son étude, Louis Préfontaine a utilisé les statistiques du recensement de 2006 et les données de l’indice de vitalité linguistique (IVL). Il faut savoir que l’IVL permet de calculer la langue d’usage par la statistique sur la langue maternelle. De cette façon, il est possible de calculer les transferts linguistiques de certains individus vers une langue autre que leur langue maternelle. «Avec l’étude, il a été possible de constater la rapidité d’assimilation vers l’anglais. […] On remarque également que c’est une tendance à long terme qui commence à se dessiner», a-t-il remarqué.

D’après l’étude, il semble que population de langue maternelle anglaise n’a accru que de 4,4%, alors que la langue d’usage anglaise a augmenté de près de 8,5%. Cela se vérifie avec l’IVL anglais, qui a augmenté de 4%, de 2001 à 2006, alors que l’IVL français n’augmentait que de 0,2%. «Les données sont inquiétantes. Il y a des villes comme Saint-Jérôme qui n’ont pas bougé. Mais d’autres, comme sur la couronne Nord qui sont en progression», explique Maurice Dumas, ancien député Bloquiste et président du Mouvement Laurentides Français.

Mont-Tremblant, Saint-Sauveur, etc…

La situation est similaire dans les villes qui entourent Mont-Tremblant et la Vallée de Saint-Sauveur où les acteurs concernés observent une plus forte présence de l’anglais. Une constatation qui trouverait sa source, selon eux, dans le développement de la nouvelle économie. «Nous avons une belle région. Il y a des gens qui avaient une deuxième résidence dans les Laurentides et qui l’ont transformée en première résidence. Avec la possibilité de travailler à distance et le développement d’Internet, on observe un nouveau type de citoyen», explique le député de Labelle, précisant que ces gens vont travailler en anglais et vont glisser vers cette langue comme langue d’usage par la suite.

Cette affirmation se confirme par la présence de personnes unilingues anglaises impliquées au sein des différentes associations et conseils municipaux. «Ça fait neuf ans que je suis député. Avant je ne remarquais jamais la présence de l’anglais. Maintenant je remarque des conseillers municipaux anglophones élus dans des petites villes où il n’y avait aucune présence de l’anglais il y a quelques années», confit Sylvain Pagé.

Président de la Société national des Québécois des Laurentides (SNQL), Réjean Arseneault s’est dit inquiet quant à l’attraction des jeunes vers l’anglais. «On voit de plus en plus
de groupes musicaux formés de jeunes québécois qui vont écrire et chanter en anglais. Ils ne vont pas vers leur langue maternelle pour s’exprimer», a-t-il remarqué. En 2008, la SNQL a été la première a sonnée la cloche quant à la présence de bannières commerciales anglaise sur le territoire.
À l’Office de la langue française, chien de garde de l’application de la Charte de la langue française, il semble qu’en 2007-2008, 252 plaintes ont été reçues, 209 pour les années 2008-2009, sur le territoire des Laurentides. «L’affichage est le principal problème et ça va en augmentant d’environ 25% par année», de constater Martin Bergeron, chargé des relations publiques et porte-parole de l’organisme.

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