La renaissance de Sainte–Adèle
Par Journal Accès
Gérard Boulay, de Sainte-Adèle
Historiquement le concept de Renaissance est apparu dans les cités-États italiennes à la fin du XVe siècle. Il désigne un état d’esprit nouveau attaché au développemnt de la cité sur une base financière solide (Florence, par exemple était le banquier des rois d’Angleterre) et à sa transformation en un foyer de culture et d’expression artistique. La cité de la Renaissance avait une identité forte, un tissu social solide, une âme. Ce changement de paradigme s’oppose à la période sombre et troublée qui le précède, le Moyen-Âge: période caractérisée par d’interminables guerres civiles, un déclin économique, la disparition de la culture, le repli sur soi.
Dans le même ordre d’idées, la ville de Sainte- Adèle aujourd’hui se démarque de certaines périodes précédentes par un état d’esprit nouveau, par un mode de gestion efficace, responsable, transparent et planifié des affaires publiques et par la mise en oeuvre de projets de développement socio-culturel dont l’objectif est de revitaliser la collectivité urbaine.
En tant que nouveau venu dans les Laurentides cette situation me plaît. En quittant la grande ville deToronto j’avais pris un risque et fait un choix personnel, social et culturel. Je n’ai pas eu à le regretter.
Pourquoi venir dans les Laurentides? Un constat s’impose. L’air pur et vivifiant, la beauté du cadre naturel jouent un rôle évident mais ces avantages ne sont pas suffisants pour attirer et retenir les touristes. Il faut quelque chose de plus, une valeur ajoutée, un projet de développement.
Puisque le gouvernement du Québec n’a pas jugé bon de planifier ou d’encadrer l’expansion immobilière des Laurentides, les villes et villages de la région ont le choix entre deux modes de croissance: celui symbolisé par Mont Tremblant et celui suivi par Val David.
Mont-Tremblant
À Mont Tremblant la compagnie étrangère Intrawest par exemple favorise les interêts immobiliers internationaux et a réussi à attirer une clientèle fortunée, mais à quel prix? Mont Tremblant donne-t-il toujours une image authentique des Laurentides ou est- il une copie conforme des riches centres de villégiature que l’on retrouve partout dans le monde, sans souci de la population locale repoussée à la périphérie qui subit impuissante, la hausse incontrôlée des taxes d’évaluation foncière.
Val-David
À Val David les habitants n’ont pas voulu être les témoins passifs de la prise de possession de leur patrimione culturel mais ont pris leur destin en main . Des chefs de file comme Kinya Ishikawa, Diane Seguin, René Derouin Jacques Dufresne ont pris des initiatives populaires. Il s’en est suivi des réalisations remarquables comme la célébration des Mille et un Pots la plus grande vente de poterie artisanale d’Amérique du Nord ainsi que le succès régional sinon provincial du marché de Val David.
Et Sainte-Adèle?
Sainte-Adèle comme Val David a choisi un mode de développement qui vise à promouvoir les intérêts des gens du cru et non ceux de la spéculation immobilière. Après avoir rénové ses infrastuctures, assaini les finances, limité les coûts de fonctionnement des différents services; la ville, consciente du succès des initiatives locales comme le Festival de la bière ou la fête de l’hiver: J’aime Sainte-Adèle s’est lancée dans un vaste programme d’expansion socio-culturelle dont le premier objectif est d’ancrer le centre- ville autour du parc Claude-Henri-Grignon et de revitaliser la rue Principale. Ce programme procède par étapes dont voici les premières:
– Février 2012: Création de la nouvelle bibliothèque Claude- Henri- Grignon aux Promenades Sainte-Adèle dans un lieu bien situé, facile d’accès avec une augmentation du personnel: 16 personnes bénéficiant d’une convention collective et une bibliothécaire en chef. L’importance des services fournis explique que le taux de fréquentation a quasi-doublé depuis son ouverture. Les Adélois des plus jeunes aux aînés ont l’occasion de se documenter, de s’ouvrir à un monde plus grand et de se divertir. À quand la création d’un club de lecture pour les aînés et ceux qui vont le devenir?
– Mars 2012: Signature d’un partenariat entre la ville et le Centre international de poésie des Laurentides au terme duquel 12 000 documents d’art, de poésie et de philosophie peuvent être consultés à la bibliothèque par le grand public et les chercheurs. Ce fonds est une mine de renseignements pour quiconque s’intérese à l’histoire locale, à la vocation artistique des Laurentides. Les artistes sont les porteurs de l’identité culturelle d’une nation et maintenant Sainte –Adèle avec Montréal et Trois Rivières devient l’un des trois centres de conservation et d’expression du patrimoine culturel québécois. Toute une programmation exploite l’utilisation de ce fonds. Ainsi en août la prise de parole poêtique se fait en relation avec la visite d’une gamme de restaurants adélois. Culture et bonne nourriture vont alimenter la vie aéloise!
– Été 2012: Renaissance du parc Claude-Henri-Grignon avec la création d’un centre polyvalent: La Place des citoyens et un espace extérieur, la Place du marché. L’impact visuel de ce centre en complète harmonie avec un espace réaménagé ne va pas être sans rappeler la grande réussite architecturale du Musée des civilisations à Ottawa. L’objectif est clair: Donner aux Adélois l’occasion et les moyens de se rencontrer, créer un esprit communautaire dans le cadre duquel les initiatives des associations et des personnes seront en mesure de s’exprimer et de s’épanouir. La rénovation récente de la salle de spectacle A. N. Morin à l’école polyvalente ne pourra que faciliter leur tâche.
Les Adélois vont avoir entre leurs mains les moyens de définir l’identité, l’orientation et l’âme de la cité.