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La retraite d’un grand boxeur d’ici

Par Éric-Olivier Dallard

Jean-François Bergeron

Depuis la dernière fois qu’il est monté sur le ring, deux années ont été nécessaires pour qu’il en vienne à prendre une des plus grandes décisions de sa vie: accrocher ses gants. Jean-François Bergeron annonçait ce week-end dernier son retrait du monde sportif pour se concentrer sur sa carrière de pompier. L’Accès a fait une rencontre touchante avec le Grand Jean-François… Grand de taille et grand de cœur!
«Pendant longtemps, j’appréhendais ma retraite du monde de la boxe. Je n’acceptais pas de voir que je n’étais plus à 100%. Tant d’années avaient été consacrées à mon sport que je sentais qu’en tournant la page, je perdrais mon identité», confie Jean-François Bergeron.

Il était dans la trentaine. Il était conscient que son corps était usé par les blessures et que sa tête n’y était plus complètement, mais il voulait aller jusqu’au bout en prenant part à ce combat qui allait finalement être son dernier: «Tout s’est mal passé sur le ring lors de ce dernier affrontement. Aujourd’hui, je réalise que la vie m’envoyait un signal d’alarme m’avertissant qu’il était grand temps de passer à autre chose», affirme le boxeur.

Malgré le sentiment de performance qui l’animait et la passion de la boxe qui continuait de l’envahir, il réalisait que son métier de pompier saurait le valoriser autrement: «J’adore le côté altruiste du métier, sauver des vies est un sentiment incroyable. Pratiquer un sport comme la boxe a un aspect très individuel alors que le métier de pompier permet des honneurs qui reviennent à une équipe entière et c’est ce que je trouve intéressant» lance Jean-François.

Sa détermination

On ne s’en cache pas, être un athlète professionnel est loin d’être chose facile. Les sacrifices s’accumulent au fil des années, tout comme les blessures qui deviennent exponentielles: «Les athlètes ne sont pas des Formule 1. Lorsque tu roules avec ta voiture à 200 milles à l’heure, tu peux passer au garage le lendemain pour qu’elle redevienne intacte. Tu pousses la machine à sa pleine capacité à l’entraînement, mais tu ne peux pas envoyer le corps de l’athlète au garage. Les blessures sont là, toujours là» confie Jean-François.

Il a eu une carrière rocambolesque, remplie de grands accomplissements, mais de déceptions aussi, bien sûr. On se souviendra de son K.O lors des Jeux Olympiques d’Atlanta. Il n’avait que 23 ans, et cette déception constituait le drame de sa vie. En effet, il est toujours plus facile d’abandonner que de continuer et il a opté pour le chemin le plus ardu: «La vie était difficile, je n’avais pas d’argent et je courais après un rêve. Je savais que j’arriverais à surmonter les échecs».

Il a été courageux et a attendu son moment de gloire. C’était en Allemagne, en 2007, un moment dont il se souviendra jusqu’à sa mort. Il affrontait le géant Valuev, champion du monde. Le dicton Reculer pour mieux avancer, prenait toute sa forme pour Jean-François.

Le combat était très médiatisé, les experts de boxe prédisaient que le Jérômien s’écroulerait devant son adversaire dès les premières secondes. Contre toutes attentes, il atteignit la limite des 12 rounds. Pour lui, cette défaite par décision représentait dans son cœur une belle victoire. Il est fier d’y avoir participé, mais il est d’autant plus fier de la détermination qu’il a démontrée pour se rendre jusqu’à cet affrontement: «Je savais ce que voulait dire le mot détermination, mais le cheminement que j’ai parcouru et les situations que j’ai rencontrées m’ont permis de comprendre tout son sens. Ce combat est le point d’exclamation de ma carrière» confie Jean-François.

Hommage à ses proches

Dans ses hauts et ses bas, son ancienne amie de cœur était là. Marie-Claude, avec qui il a passé plus de dix ans, a une bonne part dans le succès de Jean-François. Vivre avec un sportif de haut niveau engendre assurément des désavantages: «Elle m’avait choisi, mais n’avait pas nécessairement choisi les sacrifices qui venaient avec ma carrière de sportif. Je la remercie de m’avoir épaulé, elle a beaucoup de mérite» lance-t-il.

Pour toutes ses années sportives, il souhaite rendre hommage à ses parents. Son père y est notamment pour beaucoup dans l’intérêt qu’il avait pour la boxe: «Mon père boxait auparavant. J’étais petit et comme tous les garçons, il était le plus fort à mes yeux et dans mon cas, c’était encore plus vrai pour moi parce qu’il se battait avec des gants ! Il est un homme de grandes valeurs et je lui en remercie».

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