L’aéronautique a-t-il sauvé Mirabel ?
Par Journal Accès
En 2004, les milliers d’employés d’Air Transat et de Sky Service n’avaient pas le cœur à la fête. Ces deux transporteurs aériens étaient les derniers à plier bagages en direction de l’aéroport de Dorval, causant la perte d’une centaine d’emplois. On se rappellera qu’Ottawa avait ciblé les plus belles terres arables, 39 255 hectares, afin d’y ériger les bâtiments et les infrastructures nécessaires pour accueillir le trafic aérien prévu, cause de l’expropriation de quelque 3000 familles.
Mirabel était une réponse à la hausse des transporteurs aériens annuelle de 19% en 1967. Les prévisions annonçaient une croissance phénoménale de l’ordre de 40 millions de voyageurs par an en 2000. Dans ses belles années, Mirabel a reçu 2,5 millions de visiteurs. Et seulement 7 080 hectares des terres agricoles ont été utilisés, soit huit fois moins que prévu.
Mirabel avait l’ambition de devenir l’aéroport à vocation internationale au Québec. La porte d’entrée de l’Amérique du Nord. Deux autoroutes, la 13 et la 50, devaient venir compléter le projet. Les transporteurs aériens n’ont jamais eu confiance au projet de Mirabel. Le sort de l’aéroport a été scellé en 1997, lors de l’annonce par la Société Aéroports de Montréal du transfert des vols vers Dorval, provoquant des cicatrices dans l’imaginaire historique et social des Laurentides.
Près de sept ans plus tard, le développement du secteur de l’aéronautique a-t-il sauvé l’économie de Mirabel ? «Ce que les gens ignorent, c’est qu’il y a un plus d’emplois depuis le développement de l’aéronautique à Mirabel qu’à l’époque des belles années de l’aéroport. On parle également d’emplois de qualité où le salaire médian est de 59 000$», explique Jean-Paul Riopel, directeur général du Centre local de développement (CLD).
Selon les statistiques de la MRC de Mirabel et de la Direction régionale du développement des Laurentides, l’implantation des entreprises dans le secteur de l’aéronautique a engendré 4 500 emplois. «Les entreprises en aéronautique ont commencé à s’intéresser à Mirabel au début des années 1990. Rapidement il y a eu un engouement», explique le directeur du CLD.
On estime qu’une quinzaine d’entreprises du genre sont installées à Mirabel. À ce nombre, il faut ajouter le Centre de formation en aréonautique du Québec et l’Institut de formation en aérospatiale. Deux centres qui ont pour mandat de former des techniciens et des pilotes d’avion. «Le site de l’aéroport est un lieu de choix. L’impact économique de l’installation des entreprises en aéronautique dépasse les frontières de Mirabel et des Laurentides. On parle d’un rayonnement sur l’ensemble du grand Montréal», poursuit Jean-Paul Riopel. Fait à noter, 40% des employés de ce secteur habitent Mirabel et ses environs. Le secteur de la fabrication et de la réparation d’aéronefs génère 80% des emplois directs et 90% de valeur ajoutée en emploi pour Mirabel. Ce qui représente un impact démographique important pour la région.
Pôle de développement : 889 millions $ en retombées économiques</p>
La crise du pétrole et le détournement des avions par des terroristes internationaux ont eu des impacts majeurs sur l’industrie au début des années 2000. Toutefois, le pôle en aéronautique intégré, un réseau névralgique au Québec regroupant des activités de fabrication et de réparation d’aéronefs, de sous-traitance, de recherche et de développement, de test et de formation, est appelé à renverser la tendance au cours des prochaines années. On y a vu récemment des investissements à coup de millions, notamment chez Bell Helicopter.
«Le marché de l’aéronautique connaît actuellement une reprise économique. Il faut s’attendre à voir l’arrivée de fournisseurs de grandes entreprises comme Bombardier et Pratt & Whitney Canada s’installer dans les prochaines années à Mirabel», estime Yves Legault, directeur par intérim de la Chambre de commerce et d’industrie de Mirabel et ancien directeur du Centre de formation en aéronautique.
Pénurie en emploi
Victime de son succès, l’aéronautique connaît une crise au niveau de la formation et la spécialisation des employés. «L’aéronautique est aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre. Il y a des emplois de qualité dans ce secteur dont des postes de techniciens, etc, mais le taux de décrochage scolaire des jeunes affecte ce secteur», explique Yves Legault, sensible à la pénurie.
D’après les projections, le secteur de l’aéronautique apporte une valeur ajoutée totale de 889 millions $, dont 587 $ en valeur ajoutée directe pour la région. La contribution des taxes foncières pour Mirabel dépasse les 2 millions $. «Depuis 1986, le taux d’emploi a toujours été supérieur à celui de la région des Laurentides et à celui du Québec», mentionnait le maire de l’endroit, Hubert Meilleur, lors de son discours devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Mirabel.
Parmi les grands joueurs à surveiller dans les prochaines années : Bell Helicopter, Bombardier Aéronautique et Pratt & Whitney Canada. Célébrant son 25ième anniversaire d’implantation à Mirabel d’ici 2015 avec Textron et la participation de son équipe de Mirabel, Bell Helicopter vise à devenir l’usine intégrée d’assemblage d’aéronefs offrant la meilleure valeur dans le monde et continuera à développer ses trois axes d’affaires : l’ingénierie, la fabrication et le service à la clientèle.
Avec ses installations ultramodernes, le centre mirabellois de Pratt & Whitney Canada représente déjà la plaque tournante mondiale des essais en vol. Au printemps 2011, l’usine aura pour mandat d’assembler les prochains jets d’affaires équipés des moteurs de la famille PW800. «Ce n’est qu’un début pour les gens de Pratt & Whitney Canada à Mirabel. Il y a encore plusieurs de annonces à venir», estime le directeur du CLD.
Installé depuis 10 ans à Mirabel, Bombardier vient de signer avec Sonata Montréal une nouvelle entente concernant le programme des avions régionaux DASH-Q-400. Ce nouveau contrat représente une valeur annuelle de 4 millions $ et créera plusieurs nouveaux emplois. «Dans les prochaines années, on risque de voir se développer la zone aérospatiale à Mirabel. Un secteur intéressé par les infrastructures du secteur», de conclure Yves Legault de la Chambre de commerce et d’industrie de Mirabel.
Faits saillants : La classe mondiale en aéronautique
Vocation industrielle, tout-cargo et récréotouristique.
4.6 millions de mètres carrés de terrains disponibles pour des fins de développement.
Accès facile à tous les services et à une main-d’œuvre qualifiée.
Aéroport international ouvert 24/7 pour le fret aérien et l’aviation générale.
Une base régionale pour l’aviation d’affaires.
Un complexe de sport automobile unique.