Crédit : Nordy - Sébastien Fleurant

Le doré jaune se reproduit bel et bien dans la rivière du Nord

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Des frayères de doré jaune ont été identifiées dans la rivière du Nord sur le territoire de Saint-Jérôme, révèle une étude réalisée par l’Institut des territoires (IdT) pour le compte de la Fondation Rivières. Cela veut dire que le doré jaune y dépose ses oeufs et, donc, qu’il s’y reproduit.

« Depuis quelques années, le ministère de l’Environnement soupçonnait la présence de frayères de doré jaune. Donc on a eu une subvention pour vérifier si les géniteurs déposaient leurs oeufs dans les endroits que le Ministère avait identifiés au préalable », explique Nicolas Bergeron, biologiste et technicien de la faune pour l’IdT.

Protéger la reproduction

« Le doré jaune est une espèce très prisée par les pêcheurs », indique M. Bergeron. La découverte de frayères a donc mené le Ministère, le 28 mars dernier, à modifier les périodes de pêche dans la rivière du Nord, entre le côté aval de l’autoroute 15 et la barrage de la Rolland. La période de pêche ouvre désormais le 3e vendredi de mai. La pêche aux achigans, aux esturgeons et aux maskinongés ouvre toutefois le 15 juin, est-il spécifié dans le communiqué du Ministère.

« C’est pour protéger les géniteurs durant la période de reproduction. Et ça permet de protéger la ressource de manière durable. […] Il faut s’assurer d’avoir du doré pour les 50 prochaines années, voire plus. Ce n’est pas une mesure pour enlever la ressource aux pêcheurs. C’est plutôt pour la conserver et permettre de poursuivre la pêche encore bien longtemps », souligne M. Bergeron.

D’ailleurs « quelques actes de braconnage » sont parfois observés au printemps. La nouvelle règlementation du Ministère permettra de mieux intervenir contre les braconniers, croit le biologiste.

Deuxième phase

« Un fait particulier sur les oeufs de doré jaune : quand les femelles les lâchent sur un fond graveleux, ils ont la capacité d’être collants pendant quelques jours », explique M. Bergeron. La fenêtre pour les observer est donc très courte. Ensuite, les oeufs peuvent être libérés et transportés en aval par le courant.

M. Bergeron recommande donc que l’étude ait une deuxième phase, pour identifier des frayères à Prévost et entre Saint-Jérôme et Lachute. Cela permettrait d’établir un portrait plus complet du doré jaune dans la rivière du Nord. Plus au sud, il y a aussi une absence de barrages anthropiques. « Donc on peut présumer qu’il y a beaucoup de migration de l’aval vers l’amont. Je serais curieux de voir : peut-être que les géniteurs arrivent de loin », avance le biologiste.

Qualité de l’eau

Même si le doré jaune est sensible à la qualité de l’eau, la présence de frayères ne garantit pas que cette qualité est bonne, indique toutefois le biologiste. « C’est quand même une espèce résiliente, et elle a la capacité de se déplacer. » Cela dit, la présence de frayères devrait nous rappeler de mieux protéger nos cours d’eau et, en particulier, de conserver nos bandes riveraines. « Quand la femelle dépose ses oeufs, ça prend une eau oxygénée. S’il y a des particules fines ou de l’érosion, ça vient colmater les frayères et la mortalité peut être très grande », illustre le biologiste.

Par ailleurs, l’étude a aussi identifié la présence d’un fouille-roche gris, une espèce désignée comme vulnérable. « La détection de ces espèces-là demeure difficile. Mais je pense qu’on a un peu sous-évalué sa présence. »

Pour M. Bergeron, cela vient confirmer la présence d’une grande biodiversité dans la rivière du Nord. « C’est intéressant de voir que, malgré que la rivière subisse beaucoup de pressions anthropiques, il reste quand même des espèces qui utilisent ses habitats pour se reproduire. »

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