Le grand Esprit du Nord
Par Martine Laval
Dominique Normand
Invitée afin d’être témoin et documenter en film cette grande aventure, elle se prépare comme faisant partie intègre du peuple et de son expédition.
«D’après ce que j’en comprends, raconte Dominique, c’est une quête de vision, un voyage au cœur de soi, un apprentissage de la vie en communauté dont feront inévitablement partie l’entraide, la tolérance, l’endurance, l’émerveillement et la gratitude. Vivre pour savoir.»
Toutes les générations feront partie de ce pèlerinage annuel. Voyage initiatique pour certains, d’accompagnement, d’enseignement ou d’apprentissage pour d’autres, il en sera un de nettoyage et de guérison pour tous. Peuple nomade, le groupe se déplacera de 12 à 15 km par jour, parfois 20, se nourrira à même la nature lorsque possible, montera son campement tous les soirs.
«Nous dormirons dans des tentes de prospecteur, nous serons guidés dans l’apprentissage des techniques de survie en forêt, de trappe et de chasse, au fur et à mesure que l’occasion se présentera», explique l’artiste-vidéaste.
Pour prendre part à ce voyage selon les coutumes et les traditions, chacun doit préparer son bagage consciencieusement, consistant entre autres en la fabrication d’une pelle à neige en bois qui servira à dégager le site lors de l’installation des tentes, tester la glace sur les cours d’eau, pousser les toboggans; la confection de mocassins, de mitaines, de sacs de voyage selon l’art Cri; la fabrication de raquettes tressées en babiche sur cadre de bois, selon la coutume – une paire plus petite pour œuvrer autour du campement, une paire plus grande pour une plus large surface lors de la marche et de la traversée des lacs et cours d’eau.
«Heureusement, j’ai eu de l’aide et des cadeaux de mes amis Cris pour mes mocassins, ma pelle, mes raquettes», apprécie Dominique qui doit de plus penser à se munir de tout l’équipement nécessaire à l’exécution de sa tâche de vidéaste, et sécuriser le tout, en prévision du bon fonctionnement du matériel technique dans tous les déplacements par grand froid. L’artiste-peintre produira des esquisses pour futures toiles et tiendra un journal du périple, relatant et illustrant la vie en communauté, le savoir-faire et le savoir-vivre de ce peuple qui veut garder vivantes les traditions et coutumes des ancêtres, pour la lignée actuelle et à venir.
Dominique Normand célèbre la beauté et l’esprit profond de la nature de ce grand pays. Ses peintures traduisent de façon vibrante, l’observation de situations magiques au sein d’une nature emplie de cadeaux précieux. Elle reproduit d’instinct l’âme de ces moments pour lesquels elle ressent tant de gratitude.
Heureuse d’avoir grandi au sein de la Nature, son besoin viscéral d’être dans le bois, de s’asseoir au bord d’une rivière ou près d’un feu, de se diriger vers le Nord, près des éléments plus sauvages, à la rencontre de ce qui l’émeut au plus profond de son âme, est l’inspiration dont elle a besoin pour créer son œuvre picturale.
Trouver des os, des plumes, découvrir des lieux insolites, sentir la forêt, écouter la chanson du vent, vibrer aux ondes de Dame Nature justifient sa vie. Ses peintures sont témoins de son
histoire et de ses rencontres
passionnées.
L’attachement viscéral que Dominique ressent depuis toujours envers la culture des Premières-Nations, l’a emmenée à rechercher ses racines paternelles. Elle y a en effet découvert un lien qui confirmerait ce mystérieux appel vers les peuples aborigènes qu’elle vit en son âme et conscience.
Les œuvres de Dominique
Normand ont été et sont encore exposées en plusieurs lieux dont la Galerie 806, la Galerie Soutana et le Jardin d’hiver à Tremblant, l’Espace culturel 11 nations à
St-Marc-sur-le-Richelieu et, coïncidence, au restaurant Le Rustique du Lac Supérieur (voir chronique Gastronomie de cette semaine).
Quête de guérison, pérennité des traditions, Dominique nous racontera en peintures, en images et en son, ce fabuleux pèlerinage dans le Nord québécois, afin de partager toute cette beauté des peuples de chez nous, et que rien de tout ça ne se perde.