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Le Parc linéaire en danger!

Par Éric-Olivier Dallard


Encore une traverse, à Sainte-Adèle cette fois-ci

Il restait 5 kilomètres de piste «intacte», vierges de toute traverse de rue, de toute coupure, sur le Parc linéaire du P’tit train du Nord; voici que l’on apprend que la ville de Sainte-Adèle vient d’autoriser une traverse au kilomètre 28,5, une décision appuyée par la MRC des Pays-d’en-Haut.
«Ils sabotent leur propre création, ils détruisent une infrastructure majeure et magique des Laurentides! Arrêtez les coups de poignards dans nos artères principales!», lance Jean-Sébastien Thibault, militant actif pour la préservation et le développement durable du Parc linéaire, à l’adresse de la MRC.

Les pistes de ski de fond du Parc linéaire sont empruntées chaque année par des dizaines de milliers d’utilisateurs, citoyens et villégiateurs. Lucie Lanteigne, directrice générale de la Corporation du Parc linéaire le P’tit train du Nord (une corporation créée d’ailleurs par les quatre MRC de la région situées entre St-Jérôme et Mont-Laurier, et destinée à préserver le Parc linéaire), rappelle que plus de 10 000 droits d’accès sont émis chaque hiver, ce qui ne comptabilise pas les 0-17 ans et les utilisateurs non enregistrés: «Nous pouvons affirmer que près de 60 000 utilisateurs se présentent chaque hiver pour skier sur le Parc linéaire. C’est un enjeu de taille, car si les parcours perdent de leur attrait – en raison notamment de l’obligation d’enlever ses skis à répétition pour passer sur les traverses –, cela donne moins de poids et de moyens disponibles pour assurer une viabilité saine de ce joyau que nous avons et qu’il faut polir… Ce qui donne de la valeur à ce beau visage qu’est le Parc linéaire, et que nous présentons au monde, c’est qu’il demeure le plus possible exempt de cicatrices… C’est un équipement de valeur internationale que nous avons-là… même le National Geographic en a fait mention! Nos décideurs le réalisent-ils? Il faut savoir que l’on ne réalise jamais les impacts à long terme quand on brise ainsi la piste…»

Et ces impacts sont bien réels: dans les témoignages d’utilisateurs reçus chez Accès, il ressort clairement que la multiplication des traverses sur la piste entraîne une diminution marquée de sa fréquentation, notamment au sud.

Il reste que, pour ce dossier précis du kilomètre 28,5, la traverse est destinée à desservir une douzaine d’habitations et se termine en cul-de-sac.

La MRC demeure sur ses positions

Pour le Préfet Charles Garnier, il est nécessaire d’autoriser cette traverse, afin de désenclaver une partie d’un terrain privé, sur lequel passe le Parc linéaire et que le propriétaire entend développer: «La résolution que nous avons adoptée cherche à minimiser le plus possible les impacts sur le Parc linéaire: nous avons notamment précisé qu’aucun épandage, ni sable ni sel, ne devra être réalisé sur cette traverse… Il faut savoir que le seul autre passage possible pour désenclaver le terrain est le chemin abandonné jouxtant la rue Rolland. Pour l’instant, il est impossible de l’utiliser, puisque cela ne serait pas conforme avec les règlements municipaux de Sainte-Adèle concernant les degrés de dénivellation maximums autorisés sur son territoire… Mais nous avons tout de même précisé qu’advenant le cas où ce chemin deviendrait utilisable pour accéder à la propriété en question, celui-ci devrait devenir le principal accès au développement proposé. Vous savez, nous n’avons pas autorisé cette traverse les yeux fermés… Nous avons pris en considération les représentations de la Corporation du Parc linéaire, la pétition de presque un millier de noms qui circule et s’oppose aux traverses, etc… Nous savons bien qu’il faut balafrer le moins possible cet héritage unique. Le Parc Linéaire, tout comme le Corridor aérobic, constitue l’épine dorsale de l’industrie touristique des Pays-d’en-Haut, nous en sommes conscients; les élus d’hier ont fait le choix de société au nom de la population d’en bannir le motorisé et les élus d’aujourd’hui ont la volonté d’en protéger l’intégrité et ce dans le respect des usagers et des propriétaires terriens».
À quand une véritable étude d’impact?

Selon Jean-Sébastien Thibault l’heure est venue de réaliser une étude d’impact: «La croissance ainsi que le bon fonctionnement de la portion nord du Parc linéaire Le P’tit train du Nord est l’une des nouvelles plus belles histoires des Pays-d’en-Haut, il ne faut pas la transformer en cauchemar… Savez-vous combien il est astreignant d’avoir à ôter ses skis des dizaines de fois sur un parcours, et combien d’amateurs cela décourage-t-il au point qu’ils désertent le Parc linéaire définitivement? Sait-on vraiment aussi, par exemple, de combien croît le risque d’accidents avec le passage de voitures?

La possibilité de construire un viaduc ou un tunnel pour faciliter le passage de la traverse par les usagers est écartée d’emblée par le Préfet: «Beaucoup d’autres traverses existantes, beaucoup plus achalandées que celle du km 28,5, seraient à être priorisées par une telle construction éventuelle…»

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