Les lois vont-elles changer les choses?

Par Thomas Gallenne

Protection animale

Les cas médiatisés de cruauté faite à l’endroit des animaux dans des fourrières telles que le Berger Blanc et d’usines à chiots sont symptomatiques de notre «rapport tordu que le Québec entretient avec les animaux», comme le soulignait Carl-Saucier Bouffard, professeur d’éthique animale au collège Dawson à Montréal et chercheur associé à l’Université d’Oxford en Angleterre, dans un article du Protégez-vous de mai 2011. Et c’est sans doute là le cœur du problème: notre rapport aux animaux.

Thomas Gallenne

«Ici, on voit le plus beau et le pire du genre humain», lance la directrice générale de la SPCA Laurentides Labelle, Corinne Gonzalez, résumant ainsi sa dizaine d’année d’implication au sein de l’organisme voué à la protection des animaux. Son travail, comme celui de son personnel, relève quasiment de la dévotion.

Le SPCALL est ouvert sept jours sur sept, 365 jours par année. «Pour travailler ici, le mot d’ordre est la flexibilité, poursuit Mme Gonzalez. Nous sommes trois inspecteurs dont moi à s’occuper d’un large territoire.»

Avec un budget annuel d’un peu plus d’un demi million de dollars, la SPCALL répond à peine à la demande de la région en matière de protection animale. Une simple visite des locaux de l’organisme installé dans une ancienne usine de filtration au bord de la rivière du Nord à Sainte-Agathe-des-Monts en 1985, permet de constater qu’ils sont saturés. «On a 5 000 pieds carrés alors qu’on en aurait besoin de deux à trois fois plus» avance-t-elle. D’où le projet de déménager dans de plus grands locaux. (Voir article conjoint)

Actuellement, le projet de loi 51 modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux concernant principalement la sécurité et le bien-être des animaux est à l’étude et le Règlement sur la sécurité et le bien-être des chats et des chiens entrera en vigueur le 14 juin prochain. Avant même sa sortie, plusieurs groupes de défense dénoncent sont manque de mordant. Selon Mme Gonzalez, la stérilisation des animaux manque au chapitre. «C’est pourtant une solution simple et efficace pour prévenir la surpopulation de chiens et de chats. Dans l’état de New York, les refuges, les fourrières et les animaleries ont l’obligation de stériliser les animaux avant de les vendre.» L’autre effet d’une stérilisation systématique d’après elle serait de dissuader les personnes tentées de faire de l’élevage dans des usines à chiots.

Selon certaines données, l’industrie des animaux de compagnie génèrerait des milliards de dollars par an au Canada. «Au Québec, les services de contrôle animalier relèvent en majorité du secteur privé contrairement aux États-Unis ou au reste du Canada où l’on retrouve davantage d’organismes sans but lucratif, explique Corinne Gonzalez. Et avec la quantité d’animaux à adopter, on ne devrait pas avoir à en acheter. Les gens sont scandalisés par les usines à chiots, mais s’il y en a, c’est parce qu’il y a du monde qui les achètent ces animaux. Tant que les gens ne changeront pas leur rapport face aux animaux, le problème perdurera.»

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