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Ma petite entreprise…

Par Thomas Gallenne


Vallée de Saint-Sauveur

Les paroles de chanson d’Alain Bashung s’appliquent-elles à la situation économique de la Vallée de Saint-Sauveur? Les bruits de couloirs glanés chez son coiffeur, la multiplication de mêmes produits offerts dans le village, ou encore l’impression de rotation de certains commerces reflètent-ils la réalité? L’économie de la Vallée est-elle en santé ou pas? Pour en avoir le cœur net, entrevue avec le directeur général de la chambre de commerce de la Vallée de Saint-Sauveur, Pierre Urquhart.

Thomas Gallenne

Thomas Gallenne – «La Vallée de Saint-Sauveur est une sorte de microcosme. Le monde observe. Ça jase. Certains trouvent qu’il y a une multiplication de certains commerces offrant les mêmes produits ou services. Encore récemment, un énième magasin de bonbons a ouvert ses portes. Le ratio de restaurant par habitant rivalise avec le centre-ville de Montréal. D’autres ont l’impression qu’il y a un turnover – ou rotation en bon français – et que les commerces ne durent pas. Qu’en est-il réellement de la situation et de la santé économique de la Vallée de Saint-Sauveur?»

Pierre Urquhart – «Première des choses, il n’y a aucun quota pour le type de commerce qui veut s’installer. La Ville a des règlements de zonage et d’implantation, mais ne peut pas empêcher l’installation d’un commerce selon son type.»

 

TG – «Est-ce toujours attirant pour un commerçant de venir s’établir ici?»

PU – «Pour les commerçants, de s’installer à Saint-Sauveur, c’est un peu comme un rêve qu’ils accomplissent. Il y a un petit côté glamour, oui c’est sûr. Et on a toujours beaucoup de visiteurs.»

 

TG – «Et à propos de la santé économique de la Vallée, quelle est votre perception?»

PU – «Ici à Saint-Sauveur, on ressent les contrecoups de la récession économique, c’est certain. On a ralenti, il y a moins de touristes américains. On se base plus sur la clientèle de proximité, c’est-à-dire le Québec et l’Ontario. À la Fête cubaine, on a une majorité de visiteurs qui proviennent de Laval et Montréal, mais aussi de la Montérégie et de l’Outaouais.»

 

TG – «Mais vous me parlez de visiteurs d’un jour. Justement, comment va l’hébergement?»

PU – «L’hôtellerie éprouve des difficultés. Le tourisme d’affaires avec les congrès, a beaucoup ralenti dans notre secteur ces dernières années. De plus, on est situé entre deux points d’attraction touristique: Montréal, où plusieurs congrès internationaux se tiennent et Tremblant qui jouit d’une bonne renommée et d’une certaine nouveauté.»

 

TG – «Si l’hébergement connaît un passage à vide, où se rattrape Saint-Sauveur?»

PU – «Il y a cinq ans, un sondage Léger Marketing indiquait que les gens venaient à Saint-Sauveur car  »il y avait toujours quelque chose qui se passe ». La Fête cubaine en est à sa 10e édition et elle attire 65 000 visiteurs sur quatre jours, alors que la capacité d’accueil du parc Filion est de 5 000 personnes par jour. Mais bon, il y a du va-et-vient. Et on le sait, il y a des commerçants qui voudraient qu’il y ait la Fête cubaine toutes les fins de semaine. Après cet événement, on a le Shakedown avec 25 000 visiteurs. Sinon quand je suis arrivé à la chambre en 1996, il y avait le Harley Owner Group qui faisait un rassemblement ici, mais ça a pris fin en 1997. Sinon, on a des concerts le samedi, et c’est bien apprécié de nos citoyens, nos commerçants et des visiteurs.»

TG – «Est-ce que les Factoreries ont engendré une fuite commerciale du centre ville?»

PU – «De manière générale, leur venue a été positive. Le centre du village est présent sur leur dépliant promotionnel, et elles attirent du monde de l’extérieur qui va ensuite se promener dans le centre-ville.»

 

 

TG – «Comment entrevoyez-vous l’avenir économique de la Vallée?»

PU – «Il y a deux éléments qu’il faut prendre en considération: de un il y a un manque d’espace commercial. De deux, l’avantage c’est que le centre-ville est concentré sur deux kilomètres carrés. La Ville est en train de développer un réseau piéton en élargissant les trottoirs ce qui devrait rendre la promenade plus agréable.»

 

 

 

 

La situation économique de la Vallée selon Stéphane Lalande

La crise de 2008, même si elle a secoué moins le pays que nos voisins du sud, a engendré un certain ralentissement. Comment s’en sort la Vallée de Saint-Sauveur? Entrevue avec le directeur général du Centre local de développement (CLD) des Pays-d’en-Haut, Stéphane Lalande.

Thomas Gallenne

Le DG du CLD des Pays-d’en-Haut présente quelques indicateurs pour étayer son analyse de la situation économique de la Vallée de Saint-Sauveur.

 

Pour l’ensemble des Pays-d’en-Haut, la portion dédiée au commercial (294,9M$) correspond à 4,59% du total du rôle d’évaluation foncière de la MRC, toute catégorie confondue (6,4G$), pour la période 2010-2012. À Saint-Sauveur seulement, cette portion est de 9,72%.

Maintenant, dans la MRC, l’augmentation entre le rôle d’évaluation 2007-2009 et 2010-2012 dédié au commercial a été de 1,30% (5,76% pour l’ensemble des secteurs).

À Saint-Sauveur, l’augmentation entre le rôle d’évaluation 2007-2009 et 2010-2012 dédié au commercial a été de 3,34% (1,62% pour l’ensemble des secteurs).

«La part commerciale de Saint-Sauveur s’intensifie tant sur son territoire que sur l’ensemble de la MRC, explique M. Lalande. L’évaluation foncière du secteur commercial est plus importante et son pourcentage a augmenté.»

 

Petite note au passage, le DG du CLD note que l’indice de développement de Saint-Sauveur a légèrement baissé depuis quelques années, passant de 8,92 en 1996, à 7,12 en 2001, puis 6,26 en 2006. «Cette baisse est principalement due aux revenus de retraites», précise M. Lalande.

 

Selon les relevés du ministère des Transports du Québec (MTQ) en matière de débit journalier moyen annuel (djma), de véhicules routiers, entre 2002 et 2010, les déplacements ont augmenté de 10,87% sur la route 117, entre Sainte-Anne-des-Lacs et Piedmont, de 12,83% sur l’autoroute 15, avant la sortie 60 et de 15,63% sur la route 364, entre Saint-Sauveur et Morin-Heights.

 

Quant à la population, entre 2001 et 2011, elle a cru de 30,66% dans les Pays-d’en-Haut et de 20,22% à Saint-Sauveur.

Sur le plan du tourisme, le bureau d’accueil touristique (BAT) situé à la sortie 60 a connu une augmentation de 10% entre 2010 et 2011. Il faut toutefois noter que le nombre de visiteurs au BAT de Piedmont a baissé depuis 2001, avec une chute notable entre 2009 et 2010.

«L’achalandage des BAT est à prendre avec un grain de sel, ajoute M. Lalande. L’arrivée des nouvelles technologies de l’information, de l’internet, du GPS, a eu un impact sur l’achalandage des BAT, c’est certain. Il faut ajouter que 86% des demandes dans un BAT portent sur des activités à faire localement. Enfin, en 2011, les touristes ont été plus nombreux à venir à Saint-Sauveur à partir du mois de juin.»

Le DG du CLD distingue deux clientèles qui viennent dans la région: «On a d’une part les amateurs de plein-air et de l’autre ceux qui viennent pour des activités commerciales.»

 

Commerces à vendre

Au 1er décembre 2011, il y avait sur la MRC des Pays-d’en-Haut, 24 établissements commerciaux à vendre, dont quatre à Saint-Sauveur.
«On remarque qu’il y a une baisse du roulement relatif à la vente de commerces existants, particulièrement dans la restauration, explique Stéphane Lalande. On constate également qu’il y a eu des investissements dans de nouveaux établissements, comme le 40th North, Frites Alors!, le pub Old Orchard, le Marabout, etc., ainsi que dans de nouveaux projets comme la Zone Gourmande. Le roulement est très raisonnable. En somme, le ration (4 sur 24) est bon.»

 

L’offre et la demande

Le CLD a recensé certains services dont l’offre excède la demande, tels que les quincailleries, supermarchés d’alimentation, pharmacies, galeries d’art, courtiers immobiliers, établissements d’hébergement et restaurants, pour ne nommer qu’eux. En revanche, la liste des services en pénurie touchent entre autres, au domaine de l’automobile, de l’ameublement, de l’électroménager, de produits et services plus spécialisés. «On pourrait ajouter les équipements de type sportif et récréatif intérieurs, tels qu’aréna, piscine ou terrain de soccer, autant pour les touristes que pour la population locale, qui doit se déplacer en dehors de la MRC pour obtenir ce genre de service ou produit. On pourrait mentionner aussi des musées ou des médecins de famille», ajoute M. Lalande.

 

En conclusion

Peut-on dire que le commerce traine de la patte à Saint-Sauveur? «C’est faux!, répond Stéphane Lalande spontanément. On assiste depuis quelques années a une augmentation des investissements, la valeur des commerces a augmenté et le roulement est moins important qu’avant. Et il ne faut pas oublier les statistiques: les commerces sont soutenus par une population locale qui ne cesse de croître et pas un plus grand nombre de touristes.» Mais cette augmentation de l’achalandage ne comporte-t-il pas des inconvénients? «Il est certain que la circulation automobile de façon générale et particulièrement durant les fins de semaine et certains événements ponctuels devient plus problématique, reconnaît le DG du CLD. Mais je pense que la population locale organise ses habitudes d’achat en conséquence.»

 

 

 

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