Notre illustre pianiste de jazz québécois : Oliver Jones!
Par Martine Laval
Un grand rendez-vous au Patriote
Né au Québec de parents barbadiens, Oliver Jones est un des plus illustres pianistes québécois de son époque. Très jeune, on reconnaîtra son prodigieux talent qui fera, au fil de sa carrière, le tour de la planète… jazz. À 81 ans maintenant, il songe à ranger ses prodigieuses mains dans ses poches pour prendre un peu de temps pour lui, mais il viendra d’abord offrir un concert exceptionnel au Patriote le 17 octobre, dans ces Laurentides qu’il apprécie tant! Conversation avec un grand du jazz québécois!
Oliver Jones, on vous voit souriant, les yeux rieurs, l’air heureux! D’où vous vient ce bonheur?
Je me compte tellement chanceux dans la vie! J’ai une carrière de 75 ans! C’est assez rare. Et en général, je me sens toujours bien, surtout quand je suis devant public, je suis vraiment heureux!
Quand vous regardez cette belle carrière que vous avez vécue, comment vous vous êtes démarqué jusqu’à devenir le grand musicien que vous êtes… Vous en pensez quoi?
Je pense que sans Oscar Peterson, je n’aurais peut-être jamais fait de carrière dans la musique. Il a été mon mentor. Nos deux familles demeuraient à quelques pas l’une de l’autre, et il a été un bon exemple pour moi, surtout à l’âge de 8 à 10 ans. J’observais sa discipline. Un jour, j’ai demandé à sa sœur, qui était ma professeure de musique classique, « qu’est-ce que ça prend pour devenir un grand pianiste comme ton frère? » J’étais tellement impressionné. Tous mes amis rêvaient d’avoir une carrière en musique grâce à Oscar Peterson. Il a préparé la route pour moi.
Et puis, j’ai toujours dit que c’est grâce à des grands musiciens comme Dave Brubeck et Dizzi Gillespie que la musique jazz est sortie des clubs pour monter sur les grandes scènes comme la Place des Arts ou le Carnegie Hall. Très jeune, je n’aurais pas pensé que le jazz serait joué dans les grandes salles comme il l’est aujourd’hui. Quand j’avais environ 13 ans, avec Richard Pary au saxophone et Bruce Parent à la batterie, on a parti un groupe. On jouait dans les danses, dans les hôpitaux et c’est là que j’ai eu la piqûre, mais c’est vers l’âge de 16 ans que j’ai vraiment su que je voulais jouer du jazz.
Quelle est votre plus grande fierté?
J’en ai beaucoup! Quand j’ai été décoré de l’Ordre du Québec, puis du Canada – pour souligner ses accomplissements remarquables dans le domaine des arts -, c’était des grands moments pour moi! Puis, j’ai remporté trois Juno, onze Félix… Ça veut dire qu’on a travaillé très fort pour ça. Le prix Martin Luther King Jr. – qui souligne sa contribution aux communautés noires du Canada et de sa ville natale, Montréal – et le prix de la Gouverneure générale Michaëlle Jean – catégorie Arts du spectacle, pour l’ensemble de son œuvre -, m’ont beaucoup touché. (Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est passé Maître parmi les jazzmen de Montréal, et que plusieurs de ses enregistrements sont parmi les meilleurs de l’histoire du jazz).
Avez-vous encore des projets Oliver Jones?
Oh! Je ne sais pas si je vais continuer après 2016! Je pense que c’est le temps de laisser la place à la relève. Je suis fatigué un peu. L’année passée, j’ai travaillé seulement six mois, mais j’ai donné plus de 70 concerts. Cette année, j’ai eu une opération à cœur ouvert avec triple pontage. Je suis rendu à 81 ans. Je pense que je ne peux plus faire ça encore bien longtemps. Je veux prendre soin de ma santé, et j’aimerais garder du temps pour moi, et passer du temps avec la famille qu’il me reste.
Je fais encore beaucoup de bénévolat, surtout pour mon ancienne église – Union United, coin Atwater et Delisle – où j’ai fait mon premier concert à l’âge de 5 ans. On a un concert qui s’en vient le 19 novembre, en hommage à Oscar Peterson qui fêterait ses 90 ans.
Mais le plus important pour moi depuis les dix dernières années, ça a été de parler et de faire connaître nos musiciens du Québec et du Canada. C’est très important. On produit des musiciens exceptionnels. Dans les dernières quinze années, je me suis promené de Victoria (Colombie-Britannique) à Sydney (Nouvelle-Écosse) pour rencontrer les jeunes musiciens et leur permettre de se faire connaître. Le pays est grand et ils n’ont pas tous les moyens de se déplacer.
Diana Krall a fait la première partie de tous mes concerts à un moment donné, et ça lui a permis de se faire connaître. Trois ans plus tard, elle est devenue une grande vedette. Je fais la même chose avec le jeune et prodigieux Daniel Clarke Bouchard.
Oui! On va faire une partie hommage à Oscar Peterson avec les grands musiciens qui m’accompagnent : Jim Doxas, batterie, et Éric Lagacé, contrebasse, en plus d’une jeune violoniste très talentueuse, Josée Aidans, qui a enregistré le dernier CD avec nous. Et on va se garder du temps pour les demandes spéciales! J’ai très hâte de venir au Patriote! Ça fait longtemps!
Préparez vos demandes spéciales ! Oliver Jones sera au Patriote de Sainte-Agathe le 17 octobre, à 20 h www.theatrepatriote.com 819 326-3655