PPU Chantecler : jusqu’à 1 300 nouvelles portes à Sainte-Adèle
On prévoit jusqu’à 1 300 nouvelles portes à Sainte-Adèle dans les prochaines années. C’est ce qui ressort de la présentation du concept d’organisation spatiale pour le plan particulier d’urbanisme (PPU) du secteur Chantecler. Celui-ci a été présenté par la Ville de Sainte-Adèle lors d’une soirée d’information tenue le 18 juin et suscite de vives réactions.
La mairesse Michèle Lalonde y voit un équilibre entre développement immobilier et protection de l’environnement. Pour Nadine Brière, ex-mairesse et candidate à la mairie, c’est plutôt le retour d’un vieux projet rejeté il y a plus de dix ans, sans véritable considération pour la population et l’histoire locale.
Le projet vise à encadrer l’avenir d’un vaste terrain privé de 247 hectares, propriété de Jacques Goupil, en y autorisant une forte densification, notamment résidentielle. La Ville affirme que 30 % du territoire sera conservé à des fins récréatives et naturelles, notamment les sentiers de vélo de montagne.
Mme Lalonde insiste : « On ne peut pas arrêter le développement. On peut essayer de le contrôler un peu, de façon à ce qu’il ne se fasse pas de façon anarchique. L’objectif du PPU, c’était d’abord et avant tout justement pour encadrer le développement et éviter qu’on détruise tout autour. » Elle défend une densité moyenne de 15 logements à l’hectare comme raisonnable, comparativement à d’autres développements plus compacts dans la région.
Une démarche et une méthode contestées
Mais cette vision est loin de faire l’unanimité. Présente à la soirée de présentation, Nadine Brière s’est dit « en état de choc » devant ce qu’elle décrit comme un « copier-coller » du projet de densification demandé par M. Goupil en 2012 et largement rejeté par la population. Celle-ci s’inquiète beaucoup de la qualité de vie des citoyens, mais aussi de l’environnement. « On conserve quand même un 30 % du territoire, ce qui est non négligeable. Toutefois, on amène une forte densité qui va affaiblir à long terme toute la qualité de l’environnement du secteur, la qualité de vie des gens qui habitent déjà dans ce secteur. »
Elle remet aussi en question à la fois la méthode et la substance du processus. « J’ai posé la question à la mairesse, avant même la présentation du PPU, qui avait fait cette demande pour inclure le Chantecler dans le périmètre urbain et qui avait demandé un PPU. Et ce que j’ai appris de la part du conseil de ville actuel, c’était que c’est eux et non pas le propriétaire qui avaient fait ces demandes-là », explique-t-elle.
Mme Brière soutient que les consultations menées par la Ville ont été insuffisantes, et surtout qu’aucune étude d’impact complète n’a été présentée avant la mise en place du projet. Les études se font à l’heure actuelle. Selon elle, des questions fondamentales, comme la capacité des infrastructures d’eau, d’égout ou de transport, n’ont toujours pas trouvé de réponse. « On a posé des questions simples, comme le nombre total de portes prévues, ou le coût du PPU. Même là, les employés sur place ne pouvaient pas nous répondre. »
L’ancienne mairesse rappelle aussi que le lac Rond, en contrebas du site, est particulièrement vulnérable à l’érosion et à la pollution, des enjeux déjà bien documentés par des organismes environnementaux. Elle dénonce une vision d’ensemble qui ne tient pas compte de la capacité réelle du territoire à accueillir autant de nouvelles habitations. « Ce qu’on propose, c’est d’ajouter entre 1200 et 1300 portes, alors qu’on vit déjà une hypercroissance à Sainte-Adèle. Les routes, les écoles, l’hôpital, rien ne suit. » Mme Brière plaide donc pour une pause dans le développement immobilier, afin de revoir en profondeur le plan d’urbanisme adopté en 2021, qu’elle juge désormais dépassé.
Une bonne opportunité de développement ?
Du côté de la mairesse Lalonde, on insiste plutôt sur l’opportunité que représente ce terrain privé pour diversifier l’offre d’habitation, intégrer de nouveaux sentiers publics et maintenir le contrôle sur un développement qui, sinon, pourrait échapper à la Ville.
Martin Jolicoeur, également candidat à la mairie pour les prochaines élections, est lui aussi en désaccord avec le projet présenté par le conseil municipal. « Je suis en défaveur de vouloir construire jusqu’à 1300 maisons sur le grand site du Chantecler. Surtout que le conseil actuel a décidé de changer le zonage sans même que le propriétaire actuel le demande. Je laisserais le site recréotouristique avec permission d’ériger un maximum de 500 yourtes et petits chalets chaleureux, un mix des deux s’allongeant du p-3 à la montagne 4. C’est tout à l’avantage du propriétaire actuel de garder tous les sentiers car le secteur est renommé pour être une base de plein air et de construire autour afin de maintenir la vocation actuelle. Le projet proposé par le conseil actuel va faire en sorte que les pistes de marches, ski, raquette vont être détruites par la construction des rues et des maisons. »
« Je trouve ça triste que les gens pensent qu’on veut tout détruire. C’est le contraire, on veut réduire l’empreinte écologique, conserver le plus possible le couvert forestier. C’est sûr que le plan d’urbanisme qui a été adopté en mai 2021 est déjà dépassé avec l’achalandage des gens qui viennent vivre à Sainte-Adèle, donc il doit être revu, puis je pense qu’il faut y mettre plus de rigueur, et se concentrer davantage pour protéger notre lac, parce que c’est une ressource unique. C’est la fierté de Sainte-Adèle », conclut Michèle Lalonde.