Retraités de Nortel
Par Thomas Gallenne
Des pensions coupées de moitié
Travailler toute sa vie pour une compagnie et voir sa retraite amputée de moitié. C’est un rêve qui s’effondre. C’est ce que vit un couple de retraités de la compagnie Nortel, fleuron des télécoms, mise en faillite il y a deux ans. Interpellé, le député de Rivière-du-Nord fait le point.
«C’est choquant et inquiétant», lance d’entrée de jeu le député de ce comté, Pierre Dionne Labelle. Dans sa région, c’est une cinquantaine de retraités de Nortel qui voient leur pension réduite de 45%. Preuve à l’appui, Francine Rousseau et Pierre
Martin, présentent leur dernier relevé de pension. Et les coupures font d’autant plus mal que le couple comptait sur sa retraite pour couler des jours paisibles. «On doit tout compter maintenant», explique Mme Rousseau. Et les répercussions de la faillite touchent aussi les avantages sociaux des ex-employés de Nortel. «Nos assurances sont sabrées et ça me coûte cher en médicaments», raconte M. Martin, souffrant de problèmes de santé. Sa conjointe est inquiète pour l’avenir. «On a pris nos retraites en 2004 et 2005 après 30 et 35 ans de service chez Nortel, résume Francine Rousseau, la mine basse. On avait planifié notre retraite en fonction de la rentrée d’argent jusqu’à la fin de nos jours. Mais là, on pense vendre notre maison. C’est nos rêves qui s’effondrent. Quand on travaille aussi longtemps pour une entreprise, on ne mérite pas de vivre autant de stress durant notre retraite.»
Des données préoccupantes
Le député Dionne Labelle partage leur inquiétude. «Est-ce que les retraites seront disponibles dans 10 ou 15 ans?», s’interroge-t-il. Selon les analystes, sur les 917 régimes à prestation déterminées enregistrés au Québec fin 2009, 87% étaient déficitaires. «Si du jour au lendemain ces compagnies fermaient, les retraités auraient en moyenne 77% de ce qu’il était prévu», ajoute le député NPD. Il rappelle du même coup, que suite à la faillite de Nortel en 2009, il manque 1,5 milliard$ dans le fonds de pension des retraités. Pourtant les liquidités ne manquent pas puisque la vente de brevets à Apple et Research in motion a permis d’aller chercher quelque 7,7 milliards en actifs. Un juge ontarien doit d’ailleurs se pencher sur la répartition de ces sommes auprès des créanciers de la société canadienne de télécommunications. Mais le député ne se fait pas d’illusions: «Il n’existe aucune loi au Canada qui protège les pensions en cas de faillite d’une entreprise». Il promet cependant que dès la prochaine session d’automne, le NPD va réintroduire un projet de loi protégeant les retraités canadiens. «Et dans quatre ans, lorsque le NPD sera au pouvoir, nous adopterons des mesures pour protéger les retraités et faire en sorte que des situations comme celles vécues par Mme Rousseau et M. Martin ne se reproduisent plus», conclut Pierre Dionne Labelle.