Trois candidats, un siège
Par Thomas Gallenne
Élections partielles à Saint-Sauveur
Le 18 janvier dernier était le dernier jour pour produire une déclaration de candidature, selon la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités. Finalement, trois candidats s’affronteront pour enlever le poste numéro 1 laissé vacant suite au décès de Rolland Filiatrault le 16 octobre dernier. Entrevue exclusive avec les trois candidats afin de connaître leur motivation et les valeurs qui les ont poussés à se lancer en politique.
Keith Kubeck:
pour une communauté durable
M. Kubeck, qu’est-ce qui peut bien motiver un père de famille de 42 ans à se lancer en politique?
J’ai enfin trouvé un parti qui me ressemble. Et je dis toujours: la politique c’est une vocation, c’est l’appel, et je veux représenter mes concitoyens.
Comment verriez-vous la participation citoyenne?
C’est le premier mandat de notre parti politique, c’est la «transparence gouvernementale» via les communications. Il ne suffit pas de dire aux citoyens que pour s’informer, ils peuvent venir au conseil; il faut aussi aller chercher les gens, demander leur avis de façon continue. On a des moyens modernes avec internet. On voudrait faire des consultations avec les associations, des réunions annuelles avec des citoyens, pour les consulter sur les grandes décisions et orientations qui concernent la communauté, dans le but d’atteindre une meilleure qualité de vie, pour que tout le monde s’épanouisse, aussi bien les jeunes, les aînés que les gens qui travaillent à Saint-Sauveur.
Comment envisagez-vous la gestion des ressources humaines à la Ville?
J’ai travaillé dans une municipalité pendant cinq ans et j’ai vu comment ça doit fonctionner. Le directeur général, les directeurs de services sont des professionnels avec plusieurs années d’expérience et de «sagesse». Et il faut leur offrir la latitude de faire leur travail.
En tant que conseiller, quelle serait votre position dans le dossier d’une piscine à Saint-Sauveur?
Ma position serait celle du parti. On est ouvert au projet de construire une piscine, mais pas à n’importe quel prix. Il s’agira de consulter les
citoyens de façon «honnête» et directe, sans prendre de décision à leur place.
Quelle est votre vision par rapport aux déplacements piétons et cyclables dans Saint-Sauveur?
Le parti compte un urbaniste qui réfléchit à un plan de déplacements intégré pour l’ensemble de la ville, et qui fera partie de notre plateforme électorale. Personnellement, quand je vais au village, je me stationne en arrière de l’église et je marche.
Trouvez-vous que Saint-Sauveur a encore des allures de village?
En tout cas, on s’en éloigne. Je note qu’il y a de plus en plus de changements de zonages. C’est un retour au zonage à la carte. Il y a un problème au Québec, qui est bien décrit dans le Livre Blanc de l’Union des municipalités du Québec: l’étalement urbain. Les villes développent de nouvelles zones pour augmenter leurs recettes fiscales. On est dépendant d’un système qui est basé sur la taxe foncière, car on n’a pas diversifié les sources de revenus. J’ai des idées, des exemples que j’amènerai au sein de notre équipe avec laquelle on fera des séances de brainstorming.
Quelle est votre position vis-à-vis le développement?
Notre parti veut une communauté durable qui vise une amélioration globale de la qualité de vie. On veut tendre vers un développement sain de notre village. Si on applique cette notion, ça aura un impact autant auprès des citoyens, que des touristes et des commerçants.
Finalement, pourquoi les citoyens voteraient pour vous?
Parce que j’incarne le renouveau. On n’a pas peur du changement, de sortir des idées et de parler à nos concitoyens, de les écouter et de leur répondre de façon claire et respectueuse. Je pense être le meilleur candidat car je ne suis pas seul, il y a le parti derrière moi, il y a une équipe de 5 personnes qui me conseilleront.
Luc Leblanc: le citoyen avant tout
M. Leblanc, pourquoi vous lancer en politique maintenant?
Je me suis toujours intéressé à la politique. J’assiste régulièrement aux séances du conseil municipal de Saint-Sauveur. Dans mes objectifs personnels, ce poste aurait été une étape en fin de carrière. J’ai été approché par des citoyens qui ont de l’influence dans la communauté, des bénévoles, des représentants d’associations avec qui j’ai travaillé dans le passé. J’ai vérifié aussi mes appuis auprès de l’équipe Lagacé. Mais je me présente comme indépendant.
Comment voyez-vous la participation des citoyens?
J’ai toujours été disponible, à l’écoute des citoyens et je continuerai de l’être. Même en dehors des assemblées de conseil, les gens pourront me rejoindre. Je porterai leurs dossiers, leurs préoccupations au conseil, ou j’essaierai de répondre à leurs questions. On dit de moi que je suis à l’écoute, patient et tolérant avec les gens. Et les citoyens ont toujours été au cœur de mes préoccupations.
Parlons de la gestion des ressources humaines. Jusqu’où un élu peut aller dans ce domaine?
C’est pas d’hier que certains élus s’impliquent dans la gestion d’une ville. Normalement un élu devrait faire de la politique et un gestionnaire devrait faire de l’administratif. Il faut être capable en tant que fonctionnaire de «dealer» avec tout ça. Mais la ligne est très mince. Les élus sont des humains avant tout, et plus une ville est petite, plus les élus sont prêts.
Le dossier de la piscine était déjà dans l’air à votre époque, non?
Déjà en 1988, on parlait de piscine, d’aréna. Moi j’ai toujours crû plus en une piscine qu’en un aréna. Pour les jeunes, cela permet d’apprendre à nager, ce qui est essentiel dans une région de lacs, pour réduire les risques de noyade. Pour les aînés, les activités dans l’eau sont beaucoup plus aisées qu’en gymnase. Je pense qu’il faudra travailler ce dossier avec la population de Saint-Sauveur et environnante.
Vous vous situez comment par rapport aux déplacements des piétons et des cyclistes dans Saint-Sauveur?
Du temps où j’étais aux loisirs, j’ai travaillé avec Pierre Ayotte sur le dossier de l’interconnexion cyclable et je pense que le vélo est une très belle activité pour notre population. Sinon, je reconnais que c’est pas évident de circuler à pied dans le centre-ville. J’ai pas de solution, mais va falloir s’assoir avec ceux qui ont des idées, qui connaissent le domaine et partager avec eux.
Saint-Sauveur: ville ou village?
Par rapport au développement de Saint-Sauveur, je pense qu’il serait temps de faire le bilan, le constat de nos actions et voir ensuite où est-ce qu’on s’en va. Dans le débat à savoir si on est encore un village ou pas, il faut considérer qu’il y a deux types de résidents: des permanents et des villégiateurs. Je pense que si on offre des activités aux permanents, ils se sentent encore dans leur village, ils vont en prendre possession.
Plusieurs personnes critiquent les travaux effectués sur le chemin Jean-Adam. Certains, un peu plus cyniques disent que dans la congestion, on a le temps «d’apprécier» la laideur des lampadaires. Vous en pensez quoi?
(Rires) Je pense qu’on pourrait faire quelque chose pour améliorer la situation, faire les choses différemment, rendre ce chemin moins froid au niveau aménagement et plus fluide en terme de circulation.
En con
clusion, pourquoi on voterait pour vous?
Dans les huit prochains mois, je veux vraiment mettre l’emphase sur la participation et la reconnaissance des citoyens, et travailler à améliorer le climat pour faire avancer les dossiers. Quand on travaille sur des problèmes, on n’avance pas. Je veux vraiment que ça avance dans la ville, être positif.
Yvon Pelletier: faire avancer la ville et les dossiers
Après 27 ans passés à travailler pour la Ville, pourquoi vous lancer en politique maintenant?
Ça faisait plusieurs années qu’on m’avait approché et que j’y pensais, mais c’est le climat à l’hôtel de ville de ces deux dernières années qui m’a décidé. L’atmosphère est malsaine entre l’administration et ses employés et avec les citoyens aux assemblées du conseil. Les gens ont peur de poser des questions, et s’ils en posent, ils n’ont pas de réponse, ils se font brasser et c’est tout ça qui m’a fâché. Je veux changer la culture d’entreprise pour faire avancer la ville et les dossiers
Comment voyez-vous les relations avec le personnel?
Si tu veux faire quelque chose de bien dans une ville, il faut absolument que tu aies le personnel de ton bord, c’est une priorité, sinon ça «jame» au niveau des départements, tout traîne, les dossiers ne sortent pas.
Vous venez de commencer comme directeur des Travaux publics à Sainte-Agathe. Comment allez-vous concilier vos deux postes advenant votre élection comme conseiller?
J’aurai aucun problème à faire les deux. Le directeur général de Sainte-Agathe est au courant de mes ambitions.
Et comme maire, si vous vous présentez et que vous êtes élu en novembre?
Non, comme maire, c’est impossible de faire les deux mandats en même temps, et le DG de Sainte-Agathe est déjà au courant: ma priorité sera Saint-Sauveur, ça c’est clair, et si je suis élu maire en novembre prochain, je démissionnerai de mon poste de directeur à Sainte-Agathe. Mais ça peut arriver que la Ville ait besoin de moi pour quelques jours par semaine. On verra en temps et lieu.
Revenons à la participation citoyenne. Comment comptez-vous amener une participation constructive, sachant qu’il y aura toujours de l’opposition?
J’ai 37 ans d’expérience dans le milieu municipal. Souvent les gens posent des questions au conseil, pas pour prendre en défaut, mais pour comprendre. Il faut expliquer pourquoi tu fais telle chose. Avec mon expérience, je vais être capable d’expliquer pourquoi je veux faire tel projet et comment, et laisser la chance aux gens de s’exprimer, de dire pourquoi ils trouvent que ça n’a pas d’allure. Mais je vais tout faire pour les convaincre de mon idée car je suis un gars qui défend ses idées jusqu’au bout, et j’ai aucun problème à discuter avec l’opposition.
Sur le dossier de la piscine, ce serait quoi votre position et vos conditions?
J’ai rien contre une piscine, mais pourquoi on s’attache à vouloir juste une piscine à Saint-Sauveur? Ça fait 27 ans qu’on dit qu’il faut faire quelque chose pour les jeunes. C’est pas normal qu’on n’ait pas un centre sportif dans la MRC. On est à peu près la seule MRC qui n’en a pas au Québec. Ça en prend un, payé par l’ensemble de la MRC. Ça coûterait à peu près rien à chaque citoyen. Et arrêtons de tout vouloir à Saint-Sauveur. Entendons-nous les maires et faisons de quoi pour nos jeunes.
Et au sujet d’un plan de déplacement cycliste et piéton dans Saint-Sauveur, est-ce réaliste et réalisable?
Il pourrait être réaliste mais pour l’instant je ne suis pas d’accord à ce qu’on enlève du stationnement sur la rue Principale pour faire des pistes cyclables, comme on l’a vu entre l’église et le Rona Dagenais, où la ville a fait du lignage et a installé des bacs à fleurs. L’été, y a moyen de faire des pistes cyclables et de parler avec les commerçants. Si on part du pont de Piedmont jusqu’à l’église, c’est tout du stationnement en avant des commerces. Avant d’enlever tout ça, il faut parler aux commerçants. Il ne faut pas leur nuire, ils ont déjà de la misère.
Sur le dossier du réaménagement du chemin Jean-Adam, vous avez été impliqué directement non?
Au début oui, mais après, la Ville n’allait plus aux réunions avec le MTQ. On a perdu le fil. Moi le boulevard, je suis contre, c’est pas de même que ça aurait dû se faire. Après toutes ces années, les feux sont pas encore synchronisés. C’est «jamé», la synchronisation c’est zéro. On n’est pas capable de sortir des rues transversales, tout est fait pour vider le boulevard et finalement ça avance rien car t’arrive sur l’autoroute le dimanche soir, t’es pogné la pareil.