Un fils du pays

Par Thomas Gallenne

Justin Trudeau à Saint-Sauveur

Lors d’un passage organisé à Saint-Sauveur par Jean-Marc Lacoste, président de l’association libérale fédérale de Laurentides-Labelle, l’équipe d’Accès en a profité pour rencontrer le candidat en lice au poste de chef du Parti Libéral du Canada, Justin Trudeau. Entrevue avec celui qui a l’ambition de devenir premier ministre du Canada.

Accès – Ça prend quoi aujourd’hui pour un jeune de 40 ans, de se lancer non seulement dans la course à la chefferie du PLC, mais d’envisager le poste de Premier ministre du Canada?

Justin Trudeau – C’est drôle cette question là car je trouve que je suis typique de cette génération. Je suis entouré d’amis avec des familles, des avocats, des journalistes, des médecins. Chacun fait face au même défi, à savoir comment être un bon père de famille, et contribuer à un monde meilleur pour nos enfants. Cet équilibre est de notre génération. Je me suis présenté en politique car je pense que j’ai quelque chose à offrir à ma communauté, à mon pays, que d’autres n’offraient peut-être pas.

Même malgré cette époque de cynisme qui entoure la politique?

Même dans ce contexte. On est une génération impliquée, extrêmement informée. Et je suis différent des autres car j’ai eu le modèle de mon père et de mon grand-père. J’ai vu à quel point les gens disaient à mon père combien ils avaient été touchés par ses décisions. J’ai vu mon grand-père au service de ce pays. J’ai compris que la politique peut être quelque chose de positif. Le fait qu’il y ait du cynisme, pour moi ce n’est pas symptomatique du problème, mais la cause du problème. Vu qu’on ne s’engage pas, on n’exige pas mieux de nos politiciens. Et je me souviens la réponse de ma femme Sophie: avec tout ce que le pays nous a donné, peut-être que ce serait égoïste de ne pas me mettre au service de ce pays.

Quel serait le leg le plus significatif que vous auraient fait vos parents?

La compréhension qu’une personne ne se définit pas par ce qu’elle reçoit de la vie, mais par ce qu’elle donne à la communauté. Par leur exemple, mon père et mon grand-père ont offert leurs services au pays. Comme moi en tant qu’enseignant, j’ai eu un impact à ma façon, je voulais servir et devenir enseignant. Oui, j’avais beaucoup reçu; déjà d’être Canadien, on est privilégié. On a une responsabilité de s’impliquer. Je l’ai compris dès mon plus jeune âge.

Mais plus précisément, que vous ont légué votre père et votre mère?

Mon père, des valeurs de rigueur intellectuelle, de justice, d’avoir la confiance et la force de poursuivre ce qui est bon, ce qui est juste. Ma mère, ça été l’amour, la compassion, l’acceptation des moments de faiblesse. Si on veut être courageux, il faut d’abord connaître la peur.

Quel est votre rapport à la région des Laurentides?

Je suis né à Ottawa, puis j’ai vécu à Montréal, où je demeure depuis. Je suis Montréalais. On vivait au 24 Sussex, et il y avait la résidence d’été au Lac Mousseau ou Harrington Lake dans le parc de la Gatineau. Mais une fin de semaine par mois, on quittait ce monde, pour aller dans la seule résidence familiale, chez nous, en bordure d’un petit lac, à Saint-Adolphe-d’Howard, proche du lac Gémont. C’était un chalet en bois Pan-Abode que mon père avait fait construire. Il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau courante avec une trappe en plein milieu du plancher. On l’appelait la cabine avec le trou dans le plancher. C’est la seule place où j’ai un attachement affectif. C’est là que j’ai appris à ne pas me perdre dans les bois. C’est là que j’associe profondément mes souvenirs avec mon père. Sinon, ma femme a ses parents à Sainte-Adèle, et on vient souvent pour les visiter avec les enfants.

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