Urgences: virage ambulatoire ou vases communicants ?

Par Thomas Gallenne

Les urgences de la région métropolitaine de Montréal ont fait toutes les manchettes en cette rentrée post nouvel an. Pour savoir où en était la situation, Accès a fait escale dans la salle d’attente de l’urgence du CSSS de Saint-Jérôme.

Vers 15 heures lundi après-midi, une vingtaine de personnes attendaient qu’on s’occupe d’elles. Un homme dans la cinquantaine installé dans une chaise roulante, a confié être arrivé sur le coup de midi pour un problème au pied. L’infirmière au triage l’a pris en charge assez rapidement pour le renvoyer ensuite auprès des autres patients.  «On ne m’a rien dit de plus. Depuis, j’attends». Mais dans la discussion, il nous glisse qu’il a vu des gens se rendre à la Polyclinique située de l’autre côté de la rue. L’histoire du transfert de patients vers la polyclinique nous intrigue.

« Ce n’est pas rare qu’on fasse ça, quand de l’autre côté ils sont moins occupés » de dire Marie, bénévole à l’accueil de l’urgence. Après le virage ambulatoire, parlerait-t-on de vases communicants ?

Apparemment, ce lundi parait bien calme comparé au lundi précédent. «Il y a quatre jours, c’était la folie! La salle était pleine. Et il y a eu une vingtaine d’ambulances qui sont arrivées les unes après les autres». 

La femme conclut en déplorant les directives de l’établissement, qui précisent que chaque personne qui se présente à l’urgence est traitée de la même manière. Selon elle, les enfants devraient être vus en priorité. 

Non loin de là, une dame et sa fille âgée dans la trentaine, le bras coincé dans une attelle, sont sur place depuis le matin. «Nous avions besoin de voir un spécialiste, mais il arrive en après-midi. Nous ne savions pas, nous aurions dû appeler avant». Pendant que nous discutons, un haut-parleur extérieur interpelle ceux qui sont sortis prendre l’air et fumer une cigarette ou simplement se délier les jambes.

Avant de quitter les lieux, un jeune homme attire notre attention. Accoudé à une chaise roulante, un masque d’hygiène sur la bouche, il semble mal en point. « Je ne suis là que depuis deux heures et j’ai juste vu une infirmière ». Quand on lui demande pourquoi il est là, il nous répond que personne ne sait exactement ce dont il souffre. « Sans doute une grosse grippe combinée à d’autre chose. J’attends ».

Hécatombe à Saint-Eustache

Nathalie Nolin, directrice des communications au Centre de santé et services sociaux (CSSS) de Saint-Jérôme, a indiqué en entrevue téléphonique que l’Hôpital régional n’a pas connu de pics reliés à la grippe ou à la gastro-entérite semblables à ceux répertoriés dans les autres établissements de santé de la région ou encore à Laval. À Saint-Eustache par exemple, le taux d’achalandage de l’urgence en date du 10 janvier dernier était de 309 %. 

Durant ce temps, Saint-Jérôme affichait un taux de 130 %, soit une augmentation d’environ 15% pour cette période de l’année. Dans les circonstances, l’établissement a  miraculeusement réussi à éviter la catastrophe. D’habitude, les débordements de Saint-Eustache refoulent 

systématiquement en direction de Saint-Jérôme. Selon Nathalie Nolin, la situation s’explique grâce au bon roulement qu’il y a eu dans la gestion des lits. Celle-ci consent toutefois que la situation a pu être plus difficile durant la période des fêtes, étant donné que les cliniques externes étaient fermées, ce qui a causé une pression supplémentaire sur l’ensemble du réseau. 

Selon les statistiques compilées jour après jours par l’Agence de la santé et des services sociaux des Laurentides, l’urgence de Saint-Jérôme se classait en quatrième position derrière Saint-Eustache (309%), Lachute (163%) et Sainte-Agathe (157%). 

Contrairement à la vague d’angoisse qui a déferlé sur le Québec en ce début d’année et au regard des derniers chiffres, le CSSS de Saint-Jérôme survit mieux à la crise que les autres établissements des Laurentides. La situation demeure toutefois critique. Il semble qu’ici ou ailleurs en province, il faudra patienter encore longtemps avant que quelqu’un mette fin aux attentes dans les urgences. En fait, il faudrait être malade pour y croire.

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